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Paul Éluard : « Dit de la force de l'amour »

Publié le 22/02/2012

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amour
Entre tous mes tourments entre la mort et moi Entre mon désespoir et la raison de vivre Il y a l'injustice et ce malheur des hommes Que je ne peux admettre il y a ma colère Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir Pour tous les innocents qui haïssent le mal La lumière toujours est tout près de s'éteindre La vie toujours s'apprête à devenir fumier Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe Et la chaleur aura raison des égoïstes Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas J'entends le feu parler en riant de tiédeur J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert Toi qui fus de ma chair la conscience sensible Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre Tu rêvais d'être libre et je te continue. Vous ferez un commentaire composé de ce poème de Paul Eluard écrit quelques mois après la mort de sa femme Nusch. Vous pourrez, par exemple, vous demander comment par différents moyens stylistiques le poète exprime les nouvelles raisons de vivre qu'il trouve dans un engagement qui est fidélité à Nusch, réalisation de leur amour. Si Éluard a toujours été le poète de l'amour, il n'a cependant jamais chanté « l'égoïsme à deux » du couple. Chez lui, l'inspiration amoureuse est toujours liée à l'espérance politique, au sens le plus large du terme : l'amour devient ainsi l'emblème de la communion et de la solidarité humaine. Dès 1936, il écrivait dans L'Évidence poétique : « Le temps est venu où tous les poètes ont le droit et le devoir de soutenir qu'ils sont profondément enfoncés dans la vie des autres hommes, dans la vie commune. » Le « Dit de la force de l'amour », écrit quelques mois après la mort de sa seconde femme, Nusch, illustre bien l'attitude du poète. La conscience du malheur des hommes écarte pour lui la tentation de la solitude et du désespoir. Sa confiance dans l'homme, sa foi dans le triomphe final des forces du bien sur les forces du mal, vont dès lors le soutenir dans un engagement qui est fidélité à Nusch, réalisation de leur amour...

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