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Paul Eluard, Pouvoir tout dire. Monographies

Publié le 08/04/2011

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C'est la chaude loi des hommes Du raisin ils font le vin Du charbon ils font le feu Des baisers ils font des hommes C'est la dure loi des hommes Se garder intact malgré Les guerres et la misère Malgré les dangers de mort C'est la douce loi des hommes De changer l'eau en lumière Le rêve en réalité Et les ennemis en frères Une loi vieille et nouvelle Qui va se perfectionnant Du fond du cœur de l'enfant Jusqu'à la raison suprême. Paul Eluard, Pouvoir tout dire. Monographies

SUJET Dans un commentaire composé, vous montrerez comment Eluard, penseur et poète, exprime toute la confiance qu'il accorde à l'homme et à la vie. PLAN PROPOSÉ Introduction ■ Double aspect de l'œuvre d'Eluard : poèmes amoureux, poèmes engagés. Pas d'opposition entre ces deux formes, au contraire une continuité. ■ Thème du poème : les principes dominants de l'humanité. Conduisent l'auteur à croire en elle. ■ Annonce du plan : Le pouvoir créateur de l'homme. L'homme transforme le monde. La confiance du poète dans l'humanité.   

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« « Des baisers ils font des hommes » Eluard souligne ainsi la continuité dans la création. Mais si l'action de l'homme peut être un prolongement de ce qui lui est donné, elle constitue bien souvent unrenversement de l'ordre des choses.

Il ne s'agit plus de faire mais de « changer ».

Le vieux rêve alchimique de latransmutation des métaux trouve un équivalent dans le passage d'un élément « l'eau » à un autre « la lumière » ;mais ici rien de magique, c'est l'action pure des hommes, de tous les hommes qui en est la source. La mutation peut porter également sur « le rêve » qui devient « réalité ».

Après l'influence du surréalisme quiprétend trouver ce « point de l'esprit...

d'où le réel et l'imaginaire...

cessent d'être perçus contradictoirement »comme l'affirme Breton dans le Second Manifeste, il faut croire qu'Eluard ne voit pas dans ces deux termes deuxaspects opposés.

Le rêve cesse d'être rejeté dans le domaine de l'impossible, en ce sens il devient réel. Au contraire la transformation est totale lorsqu'Eluard évoque la métamorphose des « ennemis en frères ».

Lesforces de haine ne résistent pas à celles de l'amour.

En ce sens, il faut remarquer les rimes sémantiquesfrères/lumière où le rapprochement des sons suggère une proximité de sens. Tout ce bouleversement s'effectue sans violence : il est « la douce loi des hommes ». Cette faculté de créer, de transformer permet de garder l'espoir en dépit de tout le mal, de toute la misère. Dans Finir Eluard écrivait : « Voici que les cercueils enfantent ».

Loin d'être une cause de désespoir, la présence dumalheur fournit au poète une raison supplémentaire de croire en l'homme.

En effet celui-ci a le pouvoir de « segarder intact », c'est-à-dire pur, innocent.

Certes l'écrivain ne va pas jusqu'à justifier par là l'existence du mal, maisil reconnaît que l'homme a la possibilité de le surmonter, de rester pur.

Il faut noter l'irrégularité de cette stropheavec le rejet « se garder intact malgré les guerres et la misère » Qui correspond bien à l'intrusion du mal, du désordre dans l'histoire de l'humanité.

De même le mot « mort » reste ensuspens puisqu'il ne fait qu'assoner avec « hommes ».

Ainsi se trouvent réunies les trois raisons de la confiance. Une triple loi donc régit l'humanité.

Mais la reprise à l'adjectif près du même vers : « c'est la (chaude) loi deshommes » prouve qu'il s'agit en réalité d'un même principe : « une loi vieille et nouvelle ». Eluard, par une antithèse, en marque à la foi la continuité et la nouveauté : « vieille » comme le prouve latransformation du raisin en vin, du charbon en feu, mais « nouvelle » aussi puisqu'elle « va en se perfectionnant ».La force progressive utilisée ici est le signe du progrès continu de l'humanité. La structure même du poème traduit ce mouvement : en effet les rimes embrassées (a b b a) sont en structureclose, or Eluard brise, par l'utilisation des assonances « nouvelles » / « suprême », cette organisation qui devientdonc ouverte. Evolution qui se manifeste sur le plan collectif et individuel : « Du fond du cœur de l'enfant Jusqu'à la raisonsuprême.

» Ainsi se trouvent reliés, dans un même développement, la fragilité de l'enfance et la plénitude suggérée par «suprême », le cœur et la raison, la profondeur (du fond) et le sommet (suprême).

Cette loi passe donc de l'instinct àla conscience.

Et si la raison suprême représente la fin des temps il faut alors reconnaître que cet avenir est déjàprésent (va se perfectionner) : « voici demain qui règne aujourd'hui sur la terre » écrit Eluard dans Tout est sauvé.

Il s'agit bien du monde des hommes et non d'une chimère.

A ce sujet, il fautremarquer que le nom « hommes » ne rime qu'avec lui-même.

Lancinante, cette répétition constitue une sorted'hommage. * * * Ainsi Eluard reconnaît-il la constance de cette loi de création et d'amour dans l'humanité.

Mais elle s'accompagned'un accroissement régulier de conscience et en ce sens elle est aussi évolutive.

Ce message d'avenir et d'espoirdevait nécessairement être communiqué aux hommes avec la plus grande limpidité. La poésie ne doit pas être ésotérique, l'écrivain n'est pas un être à part.

Car il vit parmi les hommes : « Nous nous situons dans la foule » écrit Eluard.

Son rôle n'en est pas réduit, sa grandeur diminuée.

S'il n'est plus cemage, ce voyant qui guide les peuples comme le définit Hugo dans la fonction du poète : « Peuples ! Ecoutez lepoète ! Ecoutez le rêveur sacré ! Dans votre nuit sans lui complète, Lui seul a le front éclairé ! ».. »

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