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Paul Fort - Ballades françaises

Publié le 05/03/2011

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   Premier rendez-vous    Ivresse du printemps ! et le gazon tourne autour de la statue de Voltaire.    - Ah ! vraiment, c'est un beau vert, c'est très joli, le Square Monge : herbe verte, grille et bancs verts, gardien vert, c'est, quand j'y songe, un beau coin de l'univers - Ivresse du printemps ! et le gazon tourne autour de la statue de Voltaire.    Et c'est plein d'oiseaux dans les arbres pâles où le ciel ouvre ses fleurs bleues. - Les pigeons s'aiment d'amour tendre. Les moineaux remuent leur queue. J'attends... Oh, je suis heureux, dans ce délice de l'attendre. Je suis gai, fou, amoureux ! - et c'est plein d'oiseaux dans les arbres pâles, où le ciel ouvre ses fleurs bleues.    Je monte sur les bancs couleur d'espérance, ou bien je fais de l'équilibre... sur les arceaux du parterre, devant la statue de Voltaire. Vive tout ! Vive moi ! Vive la France ! Il n'est rien que je n'espère. J'ai les ailes de l'espérance    - Je monte sur les bancs pour quitter la terre, ou bien je fais de l'équilibre. Elle a dit une heure : il n'est que midi ! Aux amoureux l'heure est brève.    - L'oiseau chante, le soleil rêve. Chaque fois qu'Adam rencontre Eve, il leur faut un paradis. Derrière la grille, au soleil, l'omnibus y pense engourdi.    - Elle a dit : une heure, il n'est que midi. Aux amoureux, l'heure est brève.    Ballades françaises. © Éditions Flammarion.    Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous montrerez par exemple comment le poète associe tout au long de ces quatre « strophes « l'ivresse de la nature à l'allégresse de l'amoureux.     

Fervent adepte du symbolisme, au contact de Verlaine et de Mallarmé, Paul Fort tenta de lancer un théâtre symboliste. Il est surtout apprécié pour son œuvre poétique souvent chantée sous forme de ballades empreintes de rêve et de mélancolie ; il aime évoquer les tableaux simples et familiers ; il suggère les émotions qu'éveille la nature ; il sait rafraîchir les clichés par la fraîcheur de son écriture. Parmi ses œuvres : Ballades françaises.

« Cette allégresse qui transforme le décor du premier rendez-vous a envahi l'amoureux tout entier et : 1) d'abord son univers culturel : La célèbre statue de Voltaire qui représente l'écrivain âgé, avec un sourire presque sardonique, est intégrée, avecune naturel désarmant, dans le décor sentimental ; dans la troisième strophe, le nom du philosophe entraîne mêmeles rimes les plus exaltées : « la statue de Voltaire », « il n'est rien que je n'espère », « quitter la terre ». Les oiseaux du square sont des plus communs (moineaux, pigeons) ; ils n'en suscitent pas moins l'hyperbole joyeuse« C'est plein d'oiseaux » et le spectacle des pigeons amène la réminiscence d'une des plus jolies fables de LaFontaine : « Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre...

».

Allégresse qui culmine avec l'annexion de la genèse...l'allusion à Adam et Eve rappelle que chaque amour naissant baigne dans la grâce de la « première fois », modulationnaïve sur le thème du « premier amour ». 2) Il semble en outre que « l'ivresse du printemps » soit surtout l'ivresse de l'amoureux, tant sa vision des chosesest inattendue, presque délirante (« le gardien vert », « le gazon (qui) tourne autour de la statue...

».

L'amoureuxprojette sa joie sur le monde et tout s'anime et vibre à l'unisson : « le soleil rêve », « l'omnibus pense »...

(àl'amour, n'en doutons pas).

D'ailleurs, il l'avoue lui-même : « je suis gai, fou, amoureux » ; la gradation estintéressante ; l'amour ne serait-il pas un degré supérieur de folie ? Le soliloque de l'amoureux d'ailleurs est des plus décousus...

Interjections, exclamations exaltées à propos de toutet de rien : « Ah ! vraiment, c'est d'un beau vert, c'est très joli le Square Monge ».

Coq-à-l'âne : « Les moineauxremuent leur queue.

J'attends...

Oh, je suis heureux...

» 3) Sa perception du temps est troublée, il arrive une heure en avance ; mais « aux amoureux, l'heure est brève » etune heure d'ennuyeuse attente se transforme en « délice de l'attendre » car il est sûr qu'elle va venir et cettecertitude lui communique une allégresse débordante, une bienveillance universelle, irrésistible dans la mesure où elleest saugrenue : « Vive tout ! Vive moi ! Vive la France ! ».

4) Il touche à peine terre D'ailleurs, le déroulement de la ballade suggère l'envol.

Dans la première strophe, l'amoureux laisse son regard errervers l'herbe, le gazon ; dans la deuxième, sous l'effet de l'exaltation amoureuse, sa vision englobe les arbres, le ciel,les oiseaux ; lesquels amènent l'envie de voler : « J'ai Les ailes...

l'espérance...

je monte sur les bancs pour quitterla terre...

». La métaphore familière « ne plus avoir les pieds sur terre » trouve ici une expression aussi drôle que touchante etpoétique.. »

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