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Paul Fort, Les Ballades françaises, 1912. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, en particulier, montrer par quels procédés stylistiques le poète convalescent exprime sa redécouverte du monde.

Publié le 11/10/2011

Extrait du document

[... ] Et l'avril me vit un beau jour mener deux pas hors la maison; en mai je pouvais faire un tour jusqu'au tilleul de l'horizon. Je dus redéfinir le monde, me questionner sur la fonction de chaque être en la création, de chaque chose, et me répondre. Laquelle coule ? Une rivière. Lequel s'y penche ? Le pêcheur. Laquelle embaume ? L'île en fleurs. Lequel gronde et vient ? Le tonnerre. Oh ! le triste questionnaire 1 Oh! ne plus savoir tout par coeur! Laquelle coule? Une rivière. Lequel y passe ? Le passeur. Lequel sonne au loin? L'angélus. Sonne longtemps ? Oui, l'angélus. Laquelle sonne à présent ? L'heure. Un, deux, trois, quatre, cinq ... six .. . sept ? L'heure ... Lequel, au profil des guérets, sur l'horizon clair se dessine? Le laboureur. Lequel s'incline ? Le laboureur a respiré. Lequel fait feu ? - Ah! Le chasseur. Lequel se meurt dans l'herbe tendre ? Un lièvre. Et qui bat fort? Mon coeur. Il m'a fallu tout réapprendre.

Paul Fort, Les Ballades françaises, 1912. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, en particulier, montrer par quels procédés stylistiques le poète convalescent exprime sa redécouverte du monde.

« Nous étudierons tout d'abord l'angoisse du poète convales­ cent, puis nous analyserons les moyens par lesquels il va retrouver le monde extérieur; enfin, nous verrons quel visage va prendre ce monde.

L'angoisse d'un convalescent L'écrivain a été malade, et peu à peu, il revient à la vie.

Dès le début, il nous fait ressentir cette progression vers le mieux : d'avril, on passe à mai (progrès dans la saison et dans la guéri­ son); de deux pas, on va jusqu'à faire un tour (la force physi­ que revient; l'horizon va changer (maison, tilleul, horizon).

Guérir était nécessaire pour lui, c'était même un devoir; on relèvera l'importance du choix des verbes et du passé je dus, il m'a fallu.

On a l'impression que tout est œuvre de volonté chez lui.

Le regret de la santé passée, du bien-être insouciant, est également présent dans les exclamations Oh 1 le triste ques­ tionnaire 1 Oh 1 Ne plus savoir tout par cœur 1 douleur exprimée par la négation ne ...

plus: opposition au passé .

Le ton ici n'est pas sans faire penser au Ronsard des dernières poésies, sen­ tant la vieillesse le diminuer.

Mais ici la conclusion ne sera pas pessimiste.

A l'écoute de son corps, il sent le rythme vital qui réapparaît : importance de la dernière question : Et qui bat fort? Mon cœur.

C'est à la fois clair comme un diagnostic, mais avec le double sens du mot cœur: l'organe et l'amour de la vie.

Cette sortie de la maladie est véritablement conçue comme une autre naissance, tout un apprentissage est à refaire : ce n'est pas pour rien que le mot final de la ballade est r6appren­ dre.

Notre auteur, encore fragile, est donc convaincu de la nécessité, du désir de retrouver le monde : par quels moyens va-t-il y parvenir 7 A la redécouverte du monde Parce qu'il n'est pas un simple malade, mais un poète, c'est par toutes les ressources de son art qu'il va parvenir à la redé­ couverte du monde et nous y entraîner.

Prose ou poésie 7 Fausse question, nous l'avons vu, pour P.

Fort.

En effet, chaque paragraphe ici pourrait être une stro­ phe et est d'ailleurs bâti comme tel: le premier est composé de quatre octosyllabes, vers qui va dominer dans le texte : Et J'avril me vit un beau jour, mener deux pas hors de la maison, jusqu'au tilleul de l'horizon.

Pratiquement chaque interroga­ tion ou exclamation est une octosyllabe.

Notons également la. »

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