Paul Verlaine, Poèmes saturniens : Promenade sentimentale

Le couchant dardait ses rayons suprêmes Et le vent berçait les nénuphars blêmes; Les grands nénuphars, entre les roseaux. Tristement luisaient sur les calmes eaux. Moi, j'errais tout seul, promenant ma plaie Au long de l'étang, parmi la saulaie Où la brume vague évoquait un grand Fantôme laiteux se désespérant Et pleurant avec la voix des sarcelles Qui se rappelaient en battant des ailes Parmi la saulaie où j'errais tout seul Promenant ma plaie; et l'épais linceul Des ténèbres vint noyer les suprêmes Rayons du couchant dans ces ondes blêmes Et les nénuphars, parmi les roseaux, Les grands nénuphars sur les calmes eaux. Paul Verlaine, Poèmes saturniens.

• Le sujet indique : Vous présenterez de ce poème un commentaire composé. Vous étudierez, par exemple, l'évocation du paysage et l'expression des sentiments en montrant comment l'art du poète les met en valeur (Montpellier 1971 — Rennes et Limoges 1972). Question 1. Étudiez les transformations du paysage à la première, la deuxième et la dernière strophe. Question 2. Relevez et commentez quelques-uns des termes qui indiquent l'état moral du poète. Conseils : Il sera facile de percevoir que le paysage est décrit à trois moments différents. Vous remarquerez aussi les reprises de termes à des places diverses et les transferts d'épithètes. Quant aux termes de solitude et de tristesse, ils sont nombreux. Étudiez-en la répétition.