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PÉRET Benjamin : sa vie et son oeuvre

Publié le 28/11/2018

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PÉRET Benjamin (1899-1959). On commence à rendre à Benjamin Péret la place qui lui est due au sein du mouvement surréaliste, dont il fut un des animateurs les plus constants et, par sa vie comme par son œuvre, une des figures les plus représentatives.

 

En effet, depuis 1920 — année au cours de laquelle, venu de Rezé, près de Nantes, il rencontre Breton et les collaborateurs de Littérature — jusqu'à sa mort, il ne cessa de participer aux activités du groupe tant sur le plan politique que sur celui de la réflexion théorique ou de la création esthétique, se signalant à la fois par sa combativité, son intransigeance, mais aussi par son sens de la fantaisie, sa jovialité, la profondeur de ses amitiés et de ses engagements.

 

Polémiste redoutable, souvent truculent et maniant sans retenue les sarcasmes et les injures tout en les renouvelant par ses trouvailles burlesques, Péret eut pour cibles favorites, comme les autres surréalistes, l’Église, l’armée, la patrie, le capitalisme, la conception bourgeoise de la littérature et de l’art (Je ne mange pas de ce pain là, 1936; Mort aux vaches et au champ d'honneur, 1953; les Rouilles encagées, 1954).

 

Plus incisives et mieux argumentées, ses attaques contre le stalinisme et contre les partisans du réalisme socialiste sont inspirées par ses convictions trotskistes (il participera à la guerre d’Espagne aux côtés des militants du P.O.U.M., Parti Ouvrier d’Unification Marxiste), puis par ses sympathies pour le mouvement libertaire. En 1945, le Déshonneur des poètes manifeste son hostilité à ceux qui, sous prétexte de participer à la lutte contre les nazis, ont transformé la poésie en technique de propagande et qui, en exaltant une « liberté [...] décorée d’attributs religieux ou nationalistes », ont en fait dressé un obstacle à la « libération totale de l’homme ».

 

Pour Péret, comme pour Breton et ses amis, cette libération ne peut en effet sc concevoir uniquement sous ses aspects politiques et sociaux. Elle passe nécessairement par une réhabilitation du désir et de ses formes d’expression les plus spontanées, les plus aptes à formuler cette connaissance intuitive du réel et des forces occultes qui le sous-tendent, ce sens du merveilleux qui caractérise les productions enfantines et, plus encore, les mythes primitifs qui continuent à animer la pensée et les comportements des peuples non contaminés par l’idéologie dualiste et rationaliste de la société occidentale. Telle est du moins, brièvement résumée, la thèse que développe La parole est à Péret, texte écrit en 1943 et qui servira d’introduction à son Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d'Amérique (posth., 1960).

« Anthologie de l'amour sublime (1956), précédée du Noyau de la comète, vibrante apologie de cet amour humain qui permet aux individus «d'utiliser les sucs nourriciers de la terre pour s'élever toujours plus haut, vers le seul astre qui les métamorphose>>.

Quan t aux poèmes du recueil intitulé Je sublime (1936), ils sont co nsac ré s à une glorification échevelée, cha toy ante et baroque de la femme aimée et du monde qu'elle illumine par sa présence.

Mais, aussi importa nts soient-ils, ces aspects de la personnalité et de l'œuvre de Benj am in Péret ne permettent pas de rendre compte de ce qui constitue son originalité par rapport au groupe surréaliste et même à l'ensemble des poètes modernes.

En fait, tant dans ses contes (le Gigot, sa vie et son œuvre, édition collective des principaux contes parus en revue ou en recueils, 1957) que dans ses poèmes satiri­ ques, érotiques ou lyriques ( « Air mexicain », «Des cris é to uff és >>, «Toute une vie », cf.

le Grand Jeu, 1928, rééd.

1969), Péret reste inimitable grâce à l'e xtr ao rdi ­ naire liberté dont il fait preuve à l'égard de tous les codes poétiques et narratifs traditionnels ou nouveaux.

Ce «perpétuel à vau-l'eau>> dont a parlé Breton se traduit par un jaillissement intarissable d'images saugrenues rebondissant les unes sur les autres ou cocassement enchaînées par une logique absurde.

A le lire, on com­ prend qu'Éluard, qui affirmait que «tout est comparable à t ou t », ait pu lui vouer une admiration particulière et en 1929 lui consacrer une étude significativement intitulée « 1' Arbitraire, la contradiction, la vio le nce , la Poé sie >> (Variétés).

Certes, on a pu dire que féret renouait avec la tradition des fatrasies du Moyen Age ou comparer sa fantaisie irr es pe ctueu se à ce ll e de Prévert -et il est vrai qu'au niveau des procédés les analogies sont parfois f rappa ntes .

Cependant, son humour est beauco up plu s corrosif et destructeur qu'aucun autre, sans doute parce qu'il reflète à la fois une révolte beauco up plus radicale contre les forces qui oppriment l'homme, un refus total des concessions et une confiance illimitée dans les pou­ voirs de l'imagination.

Et c'est à juste titre qu'en 1924 A ra gon le dépeignait comme « celui qui est capable de tout, celui qui est le plus simplement dans le plan héroï­ que, l'homme qui ne s'est jamais prémuni contre l'exis­ tence, celui que l'o n rencontre au Soleil levant, celui qui défie le bon sens à chaque respiration ».

[Voir aussi SURRÉALISME].

BIBLIOGRAPHIE Les éditions José Corti publient les Œuvres complètes de Benjamin Péret.

Le n° 8 de la revue Ellébore (1984) reproduit des lettres inédites de Péret.

A consulter.

-J.- L .

Bédouin, Benjamin Péret, Paris, Seghers,. »

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