Pierre Jean Jouve
Publié le 30/03/2012
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«Je ne conçois guère un type de Beauté où il n'y ait du Malheur. « Pierre Jean Jouve, qui a toujours privilégié cette phrase de Baudelaire, en a assumé la secrète malédiction. Son oeuvre, qui cherche à éterniser « le galbe de l'amour dans le nom du poème«, explore minutieusement les détours du désir et de la mort, avec l'espoir de transmuer « la matière d'en bas « en « matière d'en haut «. Mais la culpabilité inconsciente et l'instinct de « catastrophe « ne cessent de lézarder l'horizon transparent pour lui substituer l'infernale «prison à mort de l'amour«...

«
626 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
psychanalyste - et très religieuse - Blanche Reverchon qu'il épousera bientôt en secondes noces.
La crise sentimentale se
pare pour le poète de couleurs tragiques et le rejette dans une solitude qui lui est l'occasion de méditer les grands mystiques et de s'intéresser aux découvertes freudiennes.
Puis Jouve décide - cas rare dans l'histoire des lettres - de
renier toute son œuvre antérieure à 1925, parce qu'elle ne
répond aucunement aux deux objectifs qu'il vient de se fixer : « Obtenir une langue de poésie qui se justifiât entièrement comme chant [ ...
] et trouver dans l'acte poétique une perspective religieuse - seule réponse au néant du temps.
» Les Noces - recueil lentement mûri de 1925 à 1931 - inaugure l'œuvre nouvelle.
Le poète s'abandonne aux
mystérieuses volontés du Père, mais l'œuvre marque moins le signe d'allégeance à une foi que l'aveu d'une sensibilité
questionneuse qui entend vivre la tragédie du désir jusqu'à ses conséquences extrêmes.
« Dès que je me sens vraiment coupable d'avoir étalé le plaisir, je pense à la mort avec immédiate envie.
Ma culpabilité, c'est vouloir mourir parce
que ce qui doit être refoulé dans le fond est venu au jour et m'a fait plaisir.
» Ces lignes, écrites en marge du Paradis
perdu ( 1929).
distinguent implicitement la culpabilité morale de la culpabilité inconsciente qui, seule, requiert le poète ; elles éclairent bien l'œuvre de Jouve, et notamment les cinq romans composés entre 1925 et 1935 : Paulina 1880 où, dans le cadre de l'Italie du siècle dernier, s'opère le déchirement de la foi par la volupté ; Le Monde désert qui, dans la Suisse calviniste, montre les chemins troubles de l'amour chargé de la fatalité de mort ; Hécate et Vagadu, diptyque qui décrit l'aventure névrotique de Catherine Crachat avant de livrer l'héroïne à un traitement de psychanalyse ; La Scène capitale où Hélène, qui sera bientôt un personnage mythique de la poésie jouvienne, meurt au terme du rapport incestueux avec le jeune Léonide.
En 1935, la veine romanesque est tarie.
La prose, qui avait fonction d'exorcisme, fait place à la poésie dont la condensation lyrique va dès lors assumer seule la présence joyeuse et désastreuse de l'éros.
Le recueil Sueur de sang
( 1935).
où Dieu est recherché à travers la profondeur du péché, est précédé d'un très dense avant-propos intitulé « Inconscient, spiritualité et catastrophe >> ; Jouve y déclare vouloir donner aux principes freudiens fondamentaux une orientation mystique qui aurait pouvoir de transcender la psychonévrose du monde ambiant.
Matière céleste ( 1937), où.
»
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