PIRON Alexis

PIRON Alexis (1689-1773). Son père, apothicaire cultivant les lettres, tenta vainement de faire de lui un avocat; jusqu’à trente ans, le jeune Alexis resta dans sa ville natale, Dijon, composant des poèmes érotiques (Ode à Priape) et des satires contre ses voisins, les habitants de Beaune (Voyage de Piron à Beaune). En 1718, il vint à Paris, où il travailla comme copiste chez le chevalier de Belle-Isle. Il remporta son premier succès avec Arlequin-Deucalion (1722), qu’il avait écrit en deux jours. Ce monologue bouffon, rusant avec le règlement, inspiré par les Comédiens-Français, qui interdisait aux théâtres de la Foire de faire parler plus d’un acteur en scène, décida de sa carrière.

A une vingtaine de spectacles forains et d’opéras-comiques (PAntre de Trophonius, 1722; les Enfants de la joie, 1725; le Caprice, 1724; etc.) succédèrent des ouvrages plus ambitieux : une comédie larmoyante, les Fils ingrats (1728), deux tragédies, Callisthène (1730), qui échoua, Gustave Wasa (1733), inspiré par l'Histoire des révolutions de Suède de Vertot, qui réussit. Ces pièces furent données à la Comédie-Française, qui, en revanche, se fit prier pour jouer la Métromanie (1738). L’auteur s’y moquait en effet d’une mésaventure subie par Voltaire : celui-ci, séduit par les vers d’une certaine Antoinette Malcrais de La Vigne, lui avait adressé dans le Mercure une épître enthousiaste; or cette « muse divine » n’était autre que le médiocre poète Desforges-Maillard... Malgré le piment de la couleur locale, la dernière tragédie de Piron, Fernand Cortès (1744) fut un échec complet. En 1753 son péché de jeunesse, l'Ode à Priape, exhumée par Nivelle de La Chaussée, contraignit le roi à lui interdire de siéger à l’Académie française, où il venait pourtant d’être élu; il reçut néanmoins une pension et se vengea par le mot célèbre : « Ils sont là quarante, qui ont de l’esprit comme quatre ». Ce bon vivant, membre fondateur, avec Crébillon, Collé,