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PLACE D' « ANDROMAQUE » ET DE RACINE DANS L'ÉVOLUTION DU THÉÂTRE.

Publié le 12/04/2011

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andromaque

   RACINE PAR SON ŒUVRE MARQUE UNE ÉTAPE IMPORTANTE DE L'ÉVOLUTION DU THÉÂTRE FRANÇAIS. IL ROMPT AVEC CE QUI LE PRÉCÈDE, IL DÉVELOPPE DES MANIÈRES DE POSER ET DE TRAITER LES PROBLÈMES QUI, DÈS « ANDROMAQUE «, SONT POUSSÉES A LA PERFECTION; ENFIN, AU LIEU DE CONDUIRE A UNE IMPASSE, COMME ON LE CROIT TROP SOUVENT, IL OUVRE LA VOIE AUX FORMES D'ART QUI SE DÉVELOPPERONT AU XIXe SIÈCLE.  QUE VOIT-ON SUR SCÈNE AVANT RACINE? Ce qu'aime un public qui s'est attaché aux romans prodigieux de Scudéry, à des pièces étonnantes, sortes de mélodrames où sont accumulés les hasards les plus singuliers. PLUS L'INTRIGUE EST TOURMENTÉE, REMPLIE DE MÉPRISES, DE QUIPROQUOS, DE TRAVESTIS ROMANESQUES PLUS L'AUTEUR CROIT AVOIR MÉRITÉ DE LOUANGES, L'amour n'intervient qu'à titre d'épisode galant, qui sert de « repos « entre les scènes capitales.    Mieux que l'abbé de Pure, que l'abbé Boyer, que Thomas Corneille, aimable opportuniste enrichi par « Timocrate«, les deux dramaturges qui ont réalisé les désirs des spectateurs, sont Corneille et Quinault.   

andromaque

« où se tient d'ordinaire Hermione (acte V) où Oreste la vient voir (v.

478, 1143, 1493), où Andromaque la cherche (v.860), et craint de la retrouver (v.

1129); celle aussi où Phœnix conduit son maître pour qu'il la puisse rencontrer (v.891), où il la rencontre enfin (v.

1276).

Ces indications sont contradictoires. L'unité de temps est celle qui a gêné le plus les prédécesseurs du poète.

RACINE S'EN JOUE dès «La Thébaïde», quia même atteint la solution idéale, puisque la durée de l'action supposée est identique à celle de la représentation.Ici, rien ne s'oppose à ce que la tragédie, qui mûrit depuis un an, commence vers dix heures du matin et s'achèveau coucher du soleil.

LA RAPIDITÉ EXPLIQUE LA VIOLENCE DES SENTIMENTS ET CROIT AVEC CELLE-CI.

Pyrrhus, quiveut épouser Hermione le lendemain (v.

623), s'unit le jour même à Andromaque.

Hermione, au comble de la colère,craint de se reprendre si le temps lui en est donné : «S'il ne meurt aujourd'hui, je puis l'aimer demain.

» (v.

1200). La passion est impatiente d'agir.

« Je meurs si j'attends », clame Pyrrhus (v.

972), « Mais si vous me vengez,vengez-moi dans une heure », ordonne Hermione (v.

1170).

Oreste, en vain, cherche à atermoyer : « Cette nuit jevous sers, cette nuit je l'attaque » (v.

1213).

Le mouvement se précipite à l'acte IV, acte décisif.

L'affolementgagne Andromaque : « Fuyons sa violence » (v.

1129).

« Il vient Madame, il vient », halète Cléone (v.

I I 43).

«Courez au temple », impose Hermione à Oreste (v.

I 172), « Ah ! cours après Oreste » (v.

1273), ordonne-t-elle àsa suivante et aussi : « Va, cours I » (v.

1386), jette-t-elle à Pyrrhus dans sa fureur. Nous avons exposé tout au long la construction d'Andromaque, son unité, sa symétrie, ses enchaînements.

Chaquescène comporte introduction, péripéties, point culminant, dénouement brusque, à l'imitation de la pièce entière.

Larencontre Hermione-Oreste de l'acte IV est le modèle du genre. Racine avait réalisé dans Alexandre un tour de force : tous les personnages sont présentés ou annoncés avant deparaître. La continuité n'est pas moins grande dans Andromaque, en dépit de la rencontre providentielle de la Troyenne et dePyrrhus, lui-même à la recherche d'Hermione, hasard qui déclenche les rapprochements définitifs et constitue, auxyeux des critiques, un procédé inférieur.

Une seule fois également, il arrive qu'aucun des acteurs présents nedemeure à la scène suivante; encore Andromaque, avant de s'enfuir, annonce-t-elle qui survient. L'EXTENSION SANS HEURT DU THÈME EXPLIQUE LA JOIE CONTINUE QU'ON ÉPROUVE A ENTENDRE « ANDROMAQUE »,ADMIRABLE POLI QUI FAIT DISPARAITRE AUX SENS DE L'HOMME DU COMMUN LA PERFECTION DE L'ŒUVRE, beautéqui risque de devenir invisible par manque de disparate.

Eugène Delacroix en concluait (26 juin 1857) : « On voitnettement dans Corneille quand il est sublime.

Racine l'est souvent et aussi souvent ; mais la trame est si soutenueque les passages vraiment sublimes se lient les uns aux autres par d'insensibles transitions : ils ne brillent pas à lamanière des éclairs qu'on voit éclairer soudain une profonde nuit ».

Et Sainte-Beuve : « Dans les moments mêmes dela plus grande passion, la volonté du poète, sans se laisser apercevoir, dirige, domine, gouverne, modère.

» Si les deux citations précédentes sont empruntées, l'une au plus grand peintre, l'autre au plus grand critiqueromantiques, il n'en est pas moins vrai que la jeune école, lorsque vers I 820 elle se mit en tête de rénover lethéâtre, trouva devant elle les héritiers du classicisme qui défendaient leurs ouvrages en invoquant leur parentéavec Racine.

A LA VÉRITÉ, LA TRAGÉDIE DU XVIIIe SIÈCLE DESCENDAIT BIEN PLUS DE CORNEILLE QUE DE RACINE,puisqu'elle posait généralement comme loi que les caractères se modifiaient ou se formaient au contact desévénements.

Quoi qu'il en soit, Racine devint l'ennemi principal des jeunes-France.

Peu à peu s'est formée l'idée queson art était un art mort, et que rien ne pouvait, ni n'aurait pu s'épanouir sur ce rameau desséché. Ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle qu'on s'est inquiété de ce qu'on nomma « le romantisme » desclassiques : encore le faisait-on surtout par goût du paradoxe.La nouvelle école, si elle désirait la disparition de fantoches grecs et romains, voulait qu'à côté d'une couleur localepittoresque se développât la caractéristique, couleur des temps, et jetait l'anathème à l'arbitraire distinction desgenres, à l'insipide unité de ton, contraire à la vérité de la vie.

Au nom de cette même vérité, le héros classique,rhétoricien, devait céder la place au romantique, lequel s'efforce en dépit de son inquiétude morale de se réaliser,sans tenir compte de la Raison.

Enfin, il fallait rejeter le récit qui laisse l'action décisive derrière la toile de fond etn'admettre que le monologue, qui manifeste avec éclat les démarches de l'âme. Il y a un peu de naïveté dans ce programme, et une méconnaissance totale des réalités antérieures. Racine, qui ne craint point d aborder des sujets contemporains, telle l'aventure de Bajazet, vieille de trente ans àpeine, est certes moins instruit d'histoire que nous pouvons l'être, mais les notions de couleur historique et decouleur locale ne lui sont point étrangères, pas plus qu'elles ne l'étaient à Saint-Evremont écrivant, à proposd'Alexandre : « Le climat change les hommes comme les animaux et les productions influent sur la raison comme surles usages ». Racine sait fort bien que Pyrrhus, en vérité, n'est qu'un roitelet : il ne le grandit en Roi que pour l'optique duthéâtre.

Il a pris soin à diverses reprises de rattacher sa pièce à la chronique légendaire, il évoque la situation enGrèce et les relations des petits Etats après la prise de Troie, et tantôt Pyrrhus (à Oreste), tantôt Andromaque (àCéphise), tantôt Hermione même rappelle les épisodes sanglants de la chute de la ville.

D'un autre point de vue, si. »

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