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PLISNIER (Charles)

Publié le 14/03/2019

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PLISNIER (Charles), écrivain belge de langue française (Ghlin 1896 - Bruxelles 1952). Enthousiasmé par la révolution d'Octobre, ce jeune docteur en droit devient membre du parti communiste belge {Réforme et Révolution, 1921).

 

Responsable du Secours rouge international, il parcourt l'Europe jusqu'au moment où staliniens et trotskistes se séparent, lors du Congrès d'Anvers de 1928. Jusqu'en 1934, sa poésie reste l'exutoire privilégié d'une existence de militant active et dispersée. L'influence surréaliste est patente dans Fertilité du désert (1933), mais l'héritage de Verhae-ren et le goût du poème ample, au phrasé quelque peu déclamatoire, prévaudront {Déluge, 1933 ; Babel, 1934 ; Odes pour retrouver les hommes, 1935 ; Sel de la terre, 1936 ; Sacre, 1938 ; Ave Genitrix, 1943) : la parabole poétique révèle le chemin parcouru depuis les enthousiasmes révolutionnaires jusqu'au seuil de l'Église.

 

Faux Passeports, son deuxième recueil de nouvelles, remporta en 1937 le prix Goncourt, décerné pour la première fois à un écrivain étranger : à chaque page vibre la nostalgie d'une totale adhésion humaine à la véritable foi communiste qu'incarnent des figures monolithiques comme Maurer, Carlotta et Iégor, saints et martyrs d'une nouvelle religion de l'homme et de la liberté. Mais ce sera surtout dans la création de personnages aux visages multiples, appréhendés à travers l'épaisseur du social, que Plisnier excellera. Pour les camper, il lui faudra l'ampleur romanesque de Mariages (1936) d'abord, ensuite celle des cycles successifs de Meurtres (5 vol., 1939-1941) et de Mères (3 vol., 1946-1950) : ainsi apparaît, dans la richesse de leur vie intérieure, la complexité de l'âme de révoltés qui refusent les tabous de la société et combattent l'ordre bourgeois — et sa fascination. La saga familiale des Chardin, des Annequin et des Estivan-dier se constitue en gigantesque fresque d'un monde qui se durcit pour ne pas se défaire, mais que la passion ronge jusqu'à ce qu'il s'écroule. Dans la Beauté des laides (1951), confession à voix basse, rédigée sous forme de journal, la transparence de l'écriture donne une force singulière à l'histoire de Sabine Sabier, la femme laide qui veut être aimée. Jusqu'au bout, Plisnier resta fidèle à la conception qu'il s'était forgée de la mission du romancier : atteindre

 

« les choses que les autres ne voient pas et qui sont l'essentiel de l'être » {Roman. Papiers d'un romancier, 1954).

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