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POÉSIE EN PROSE

Publié le 28/03/2015

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On est libre bien entendu de ne pas partager l'avis de Suzanne Bernard et de reconnaître au contraire dans Le Spleen de Paris le digne pendant des Fleurs du Mal. Le pas­sage de Baudelaire à la prose est-il véritablement l'effet de la lassitude, de la vieillesse, la conséquence d'un manque d'inspiration? Est-il légitime de comparer poèmes en vers et poèmes en prose pour conclure à la supériorité des pre­miers? Est-il juste enfin de juger la prose baudelairienne à l'aune de sa poésie antérieure? On risque alors de mécon­naître la force et la beauté propres des textes qui composent Le Spleen de Paris et qui parviennent dans le registre de la dérision, de l'ironie, de l'intelligence paradoxale à une incontestable réussite.

 

Quelle que soit la valeur qu'on lui reconnaît, Le Spleen de Paris manifeste en tout cas la diversité et le caractère contradictoire du poème en prose qui hésite toujours entre le poème et le récit, le lyrisme et le banal. Genre « ouvert « entre tous avec tout ce que cela comporte de possibilités mais aussi de risques. Comme l'écrit Suzanne Bernard :

« 250 / Situation du poète .

§1 légitime d'opérer ici un rapprochement avec Le Spleen de Paris, ce recueil de poèmes en prose auquel Baudelaire tra­ vailla après la publication des Fleurs du Mal (1857) et qui ne vit le jour qu'en 1869, c'est-à-dire deux ans après la mort du poète.

Le livre, tel que nous le lisons aujourd'hui, s'ouvre sur une lettre dédicace adressée à Arsène Houssaye.

Cette lettre figurait en tête des poèmes en prose que Baudelaire publia en août 1862 dans la revue La Presse dont Houssaye était justement le directeur littéraire.

Ce texte, malgré sa brièveté, est essentiel en ceci qu'il permet de se faire une idée de la conception du poème en prose propre à Baudelaire : «Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musi­ cale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? » Tel est le rêve qui se trouve au principe du Spleen de Paris.

Baudelaire confesse dans cette même lettre que l'ambition d'une poésie en prose est née pour lui de la lecture de Gas­ pard de la Nuit (1842).

Ce livre -œuvre d'Aloysius Ber­ trand (1807-1841) -est tenu d'ordinaire pour le premier recueil de poèmes en prose de la littérature française : il est l'évocation d'un Moyen Age réinventé par le rêve roman­ tique.

Or ce que Bertrand a fait pour le passé, Baudelaire entend le faire pour le présent : «J'ai une petite confession à vous faire.

C'est en feuille­ tant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand [ ...

) que l'idée m'est venue de tenter quelque chose d'analogue, et d'appli­ quer à la description de la vie moderne, ou plutôt d'une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu'il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.» Et pourtant, conclut Baudelaire de manière particulièrement ambiguë, Le Spleen de Paris n'est pas Gaspard de la Nuit: «Sitôt que j'eus commencé le travail, je m'aperçus que. »

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