Baudelaire : la poésie et la prose
Publié le 12/09/2015
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J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand [...] que l’idée m’est venue de tenter quelque chose d’analogue, et d’appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.
Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?

«
Le Spleen de Paris, ce recueil de poèmes en prose
auquel Baudelaire travailla après la publication des
Fleurs du Mal (1857) et qui ne vit le jour qu'en 1869,
c'est-à-dire deux ans après la mort du poète.
Le livre, tel que nous
le lisons aujourd'hui, s'ouvre sur
une lettre dédicace adressée à Arsène Houssaye.
Cette
lettre figurait en tête des poèmes en prose que Baude
laire publia en août
1862 dans la revue La Presse dont
Houssaye était justement
le directeur littéraire.
Ce
texte, malgré sa brièveté, est essentiel en ceci qu'il per
met de
se faire une idée de la conception du poème en
prose propre à Baudelaire :
«Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours
d'ambition, rêvé
le miracle d'une prose poétique,
musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et
assez heurtée
pour s'adapter aux mouvements lyriques
de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubre
sauts de la conscience
? »
Tel est le rêve qui se trouve au principe du Spleen de
Paris.
Baudelaire confesse dans cette même lettre que
l'ambition d'une poésie en prose est née pour lui de la
lecture de
Gaspard de la Nuit (1842).
Ce livre- œuvre
d'AloysiUs Bertrand (1807-1841) -est tenu d'ordi
naire pour
le premier recueil de poèmes en prose de la
littérature française:
il est l'évocation d'un Moyen Âge
réinventé par
le rêve romantique.
Or ce que Bertrand
a fait pour
le passé, Baudelaire entend le faire pour le
présent:
«J'ai une petite confession à vous faire.
C'est en feuil
letant, pour la vingtième fois au moins,
le fameux Gas
pard de la Nuit d'Aloysius Bertrand [ ...
] que l'idée
m'est venue de tenter quelque chose d'analogue, et
d'appliquer
à la description de la vie moderne, ou plu
tôt d'une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu'il
avait appliqué
à la peinture de la vie ancienne, si étran
gement pittoresque.».
»
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