POSTEL Guillaume : sa vie et son oeuvre
Publié le 27/11/2018
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POSTEL Guillaume (1510-1581). Figure de proue de la Renaissance française, à l’écoute des principaux courants religieux et humanistes du xvie siècle européen et de l’actualité à l’échelle mondiale, « le docte et fol Postel » est le miroir de tous les mythes de son temps. La diversité de ses compétences empêche de le cantonner dans la philologie orientale ou l’érudition polyglotte, au service des Écritures et de la kabbale, qu’il diffuse et commente. Mathématicien, cosmographe et médecin, alchimiste à l’occasion, l’abondance de ses écrits, imprimés ou manuscrits, le range parmi les écrivains les plus féconds. Mais il apparaît comme l’un des plus malaisés à cerner en dépit des patients travaux qui, depuis près d’un siècle, concourent à lui rendre sa place.
Les tribulations d'une destinée romanesque
Né — comme il aime à le répéter — de parents misérables, à La Dolerie, dans la Manche, sa carrière, ponctuée de vicissitudes, est marquée au sceau du génie et de la précocité. Orphelin à huit ans, à treize maître d’école près de Pontoise, mis à mal sur la route de Paris (il ne s’en relèvera que difficilement, deux ans plus tard), il s’engage en Beauce comme ouvrier
«
Une
littérature de l'action
sous le signe de l'illumination
Fasciné toute sa vie par le programme jésuite, Postel
s'en empare pour concrétiser, quels qu'en soient les
moyens et les agents, un idéal qui ne variera point.
La
conversion, sous sa conduite, de tous les peuples revenus
à la conscience de leur origine commune opérera la
concorde en une religion universelle dont la « restitu
tion >>, accomplie en Postel et la mère Jeanne, constitue
le préambule au seuil du quatrième âge de 1' Esprit.
Tous
les écrits latins, français, italiens et hébreux de Postel
fortifient ce dessein, qui ne cesse de s'enrichir dans les
littératures les plus diverses, païennes et scripturaires,
apocryphes, kabbalistiques et prophétiques.
Une démar
che encyclopédique s'efforce d'intégrer, dans la ligne de
Nicolas de Cu es et de Pic de La Mirandole, 1' apport des
sciences sacrées et des sciences profanes, toutes suppo
sées refléter une tradition ésotérique originelle dont par
tout Postel sollicite les signes.
Sans jamais aboutir à une
somme, il propose ainsi les surcharges successives d'une
vaste métaphore où le mythe poétique illuminé fonde
la rationalité du savoir objectif.
Un dialogue continu
s'instaure entre ces innombrables emprunts créateurs
d'une analogie généralisée, les actions d'éclat et les
expériences mystiques consignées dans les récits auto
biographiques, apologies et rétractations incessantes
qu'il transforme en un véritable genre littéraire.
Les exé
gèses très orientées du Sefer Jezirah, du Sefe r Ha-Bahir
et surtout du Zôhar, ainsi que la méthode « émithologi
que >>, qui rétablit la vérité hébraïque des noms pervertie
par les Grecs, constituent les armes subversives du lan
gage.
Elles justifient, en la mettant au service d'une
action militante, l'intuition première donnée par l'illu
mination.
De l'illumination à l'action :
la médiation symbolique
En quête d'intercesseurs dans tous les camps et
nations pour accomplir le rêve millénariste de la (( resti
tution >>, Postel multiplie les médiations symboliques.
Pour le (( cosmopolite >> prodigue en pseudonymes, les
thèmes hébraïco-gaulois ou étrusques, notamment dans
la triple version du Candélabre de Moi:s e ou dans le De
Etruriae regionis, désignent les lieux variables d'une
ré vé la tion divine dans une Gaule symbolique irréducti
ble à ses frontières réelles : Orient intérieur, elle est aussi
((Jérusalem personnelle >>, manifestée en des lieux, des
figures ou des événements cosmiques privilégiés que
Postel guette avec avidité.
L'Orient, origine de toute
lumière, est à retrouver à la fois par la croisade et comme
image spirituelle, Jérusalem céleste s'incarnant dans un
paradis terrestre.
Les commentaires sur l'Apocalypse et
les nombres platoniciens, les rêveries sur le lieu du para
dis terrestre, les considérations asiatiques des Merveilles
du monde, voire la série d'écrits sur les Turcs tressent
un écheveau de symboles convergents où se lisent, dès
la Panthenosia, les grandes lignes de sa politique pro
phétique favorable au communisme platonicien.
Jusque
dans ses derniers traités, qui plient Merlin et les romans
de la Table ronde à ses obsessions, la réalité spirituelle
du symbole fonde la vérité objective et historique du
récit.
«Euclide chrétien >> rationaliste mais illuminé, apôtre
de la concorde jusqu'à 1' intolérance, catholique réfor
miste jusqu'à l'hétérodoxie, Postel résume la richesse,
tissée de contradictions et de folies, d'une époque
anxieuse, celle des Paracelse, Bruno et Campanella.
Jugé
diversement, l'ami de Dorat et de Tyard, qui connaît
aussi Ronsard et d'Aubigné, contribua du moins à ouvrir
de nouveaux horizons à la littérature et à la poésie du temps,
inspirant une école où brillent un La Boderie
et un Vigenère.
Jamais oublié par la suite, il suscitera
l'admiration de Michelet pour sa dimension prophétique.
BIBLIOGRAPHIE
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F.
Secret,
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-F.
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Le développement littéraire d'un mythe nationaliste
avec l'édition critique d'un traité inédit de Guillaume Postel:
De ce qui est premier pour réformer le monde.
Paris, Vrin, 1972;
J.
Simonnet, «La folie de Guillaume Postel et sa condamna
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Giappicchelli,
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Pittaluga, «Guillaume Postel, i primi gesuiti e
l'Homo novus restitutus >>,.
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