POULAILLE (Henry)
Publié le 15/03/2019
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LAILLE Henry ( 1896-1980).
Né à Paris, Henry
Poulaille est le fils d'un charpentier et d'une canneuse
de chaises.
D'abord travailleur manuel, il entre en 1923
au service de presse des éditions Grasset et publie en
l925 ses premiers ouvrages : un recueil de nouvelles,
Ames neuves, et un roman de guerre, Ils étaient quatre,
dédié à Ramuz, dont il se fait le défenseur dans Pour
ou contre C.F.
Ramuz (1926).
Revendiquant l'héritage
d'Adam Billaut ou de J.-J.
Rousseau, critiquant aussi
bien l'esthétisme bourgeois que le pathos populiste, son
es sai Nouvel Age littéraire (1930) défin it les conditions
d'existence d'une « 1 ittérature prolétarienne » : celle-ci
doit être un témoignage sur la vie du prolétariat par un
auteur sorti de ses rangs.
Programme suivi à la lettre
dans le cycle romanesque de Louis Magneux, largement
autobiographique, relatant vingt années de luttes syndi
cales, de misère quotidienne, d'espoirs et de déceptions,
traversées par le drame de la guerre de 1914: le Pain
quotidien (1931),/es Damnés de la terre (1935), Pain de
soldat (1937), les Rescapés ( 1938).
Simultanément, Poulaille mène une carrière d'anima
teur social (son «Musée du soir», qui fonctionnera de
1935 à 1939, est le véritable ancêtre des maisons de la
culture) et de journaliste, collaborant, entre 1921 et
1935, à l'Humanité, au Peuple, à Monde d'Henri Bar
�usse.
Il crée aussi ses propres revues, d'abord Nouvel
Age ( 1931), puis Prolétariat ( 1933), A contre-courant
( 1935- 1936), Maintenant ( 1945-1948) qui popularisent
ses thèses, s'ouvrent aux signataires du Manifeste de
l'école prolétarienne (19 32) , Marc Bernard, Eugène
Dabit, Charles Plisnier, Édouard Peisson, Tristan
Rémy ...
, diffusent l'œuvre méconnue de Ramuz ou
Giono, polémiquent avec le parti communiste, où Bar
busse -jusqu'à sa mort en 1935 -est son seul appui.
A la base du conflit, peut-être, une interrogation sur la
place de l'écrit dans une véritable culture populaire: --···-- - ·----- --
à
partir des années 40, Poulaille recherche les formes
originelles de celle-ci en publiant la Grande et Belle
Bible des Noëls anciens du Xli' au xvi" siècle ( 1942), les
Chansons de toile du Xli" siècle ( 1946), en collaboration
avec Régine Pernoud, Noëls régionaux et Noëls contem
porains (1951), en dirigeant, avec Arnold Van Gennep,
la Revue des traditions populaires (1949-1950); en
même temps, il se passionne pour le disque et le cinéma.
La littérature prolétarienne est une « manif�station histo
rique de transition », disait déjà Nouvel Age littéraire.
Témoigne de cet équilibre instable l'écriture même de
Poulaille, écartelée entre l'argot des faubourgs, les
argots de métiers, la langue de bois du combat syndical
(cf.
les Damnés de la terre), le discours réflexif du narra
teur, travesti en «monologue intérieur» dans Pain de
soldat.
Morcellement qui lui confère son authenticité et
qui rend compte, tout autant que les sujets traités, de la
situation du prolétaire (a fortiori de l'écrivain proléta
rien) dans une société bourgeoise.
[Voir aussi COMMU
NISME ET LITTÉRATURE].
BIBLIOGRAPHIE M.
Ragon, Histoire de la liuérature prolétarienne en France,
Paris, Albin Michel, 1974; «Henry Poulaille et la littérature
prolétarienne», documents et témoignages recueillis par
H.
Chambert-Lou, Entretiens n• 33, Rodez, Subervie.
1974;
R.
Garguilo, Pou/aille et la lilléralllre prolé tar ienn e, Minard
Leures modernes, 1988; K.A.
Arvidsson, Pou/aille, Gôteborg,
1988; Thierry Maricourt, Henry Pou/aille, Manya, 1992.
J.-P.
DE BEAUMARCHAIS.
»
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