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POULAILLE (Henry)

Publié le 15/03/2019

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POULAILLE (Henry), écrivain français (Paris 1896-Cachan 1980). Fils d'ouvriers, son combat pour une littérature prolétarienne qui soit l'héritière de l'anarcho-syndicalisme du xixe s. l'amena à critiquer à la fois l'art pour l'art (« le maçon ne fait pas de la maçonnerie pour la maçonnerie » ), mais aussi l'art social (« terriblement étriqué »), le populisme traditionnel et le réalisme prétendument socialiste. Seule importe l'authenticité du jugement et de la description, loin de toute récupération esthétique, politique ou financière. Il précisa ses vues dans le Nouvel Âge littéraire (1930). Auparavant, il avait animé la page littéraire du Peuple. Entre 1931 et 1935, il lança la revue le Nouvel Âge puis, successivement, Prolétariat et À contre-courant. Rédacteur en chef de Jean-Jacques en 1939, il créa après la guerre la revue Maintenant. Son œuvre de romancier consiste en une fresque de la vie ouvrière, dont la technique est exposée au début du premier volume, le Pain quotidien, 1903-1906 (1930). Suivirent les Damnés de la terre, 1906-1910 (1935), Pain de soldat, 1914-1917 (1937) et les Rescapés, 1917-1920 (1938). Déçu par la politique, Poulaille ne se décida que très tard à combler le vide qui subsistait pour la période 1911-1914 : le Feu sacré ne parut qu'en 1980 ; devaient le compléter Vivre sa vie et Fin d'époque. On lui doit aussi des ouvrages d'érudition {la Grande et Belle Bible des
 
noëls anciens, 1942 et la Fleur des chansons au XVIe siècle, 1943), des essais {Pour ou contre Ramuz, 1926) et un curieux Corneille sous le masque de Molière (1957).

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)POU LAILLE Henry ( 1896-1980).

Né à Paris, Henry Poulaille est le fils d'un charpentier et d'une canneuse de chaises.

D'abord travailleur manuel, il entre en 1923 au service de presse des éditions Grasset et publie en l925 ses premiers ouvrages : un recueil de nouvelles, Ames neuves, et un roman de guerre, Ils étaient quatre, dédié à Ramuz, dont il se fait le défenseur dans Pour ou contre C.F.

Ramuz (1926).

Revendiquant l'héritage d'Adam Billaut ou de J.-J.

Rousseau, critiquant aussi bien l'esthétisme bourgeois que le pathos populiste, son es sai Nouvel Age littéraire (1930) défin it les conditions d'existence d'une « 1 ittérature prolétarienne » : celle-ci doit être un témoignage sur la vie du prolétariat par un auteur sorti de ses rangs.

Programme suivi à la lettre dans le cycle romanesque de Louis Magneux, largement autobiographique, relatant vingt années de luttes syndi­ cales, de misère quotidienne, d'espoirs et de déceptions, traversées par le drame de la guerre de 1914: le Pain quotidien (1931),/es Damnés de la terre (1935), Pain de soldat (1937), les Rescapés ( 1938).

Simultanément, Poulaille mène une carrière d'anima­ teur social (son «Musée du soir», qui fonctionnera de 1935 à 1939, est le véritable ancêtre des maisons de la culture) et de journaliste, collaborant, entre 1921 et 1935, à l'Humanité, au Peuple, à Monde d'Henri Bar­ �usse.

Il crée aussi ses propres revues, d'abord Nouvel Age ( 1931), puis Prolétariat ( 1933), A contre-courant ( 1935- 1936), Maintenant ( 1945-1948) qui popularisent ses thèses, s'ouvrent aux signataires du Manifeste de l'école prolétarienne (19 32) , Marc Bernard, Eugène Dabit, Charles Plisnier, Édouard Peisson, Tristan Rémy ...

, diffusent l'œuvre méconnue de Ramuz ou Giono, polémiquent avec le parti communiste, où Bar­ busse -jusqu'à sa mort en 1935 -est son seul appui.

A la base du conflit, peut-être, une interrogation sur la place de l'écrit dans une véritable culture populaire: --···-- - ·----- -- à partir des années 40, Poulaille recherche les formes originelles de celle-ci en publiant la Grande et Belle Bible des Noëls anciens du Xli' au xvi" siècle ( 1942), les Chansons de toile du Xli" siècle ( 1946), en collaboration avec Régine Pernoud, Noëls régionaux et Noëls contem­ porains (1951), en dirigeant, avec Arnold Van Gennep, la Revue des traditions populaires (1949-1950); en même temps, il se passionne pour le disque et le cinéma.

La littérature prolétarienne est une « manif�station histo­ rique de transition », disait déjà Nouvel Age littéraire.

Témoigne de cet équilibre instable l'écriture même de Poulaille, écartelée entre l'argot des faubourgs, les argots de métiers, la langue de bois du combat syndical (cf.

les Damnés de la terre), le discours réflexif du narra­ teur, travesti en «monologue intérieur» dans Pain de soldat.

Morcellement qui lui confère son authenticité et qui rend compte, tout autant que les sujets traités, de la situation du prolétaire (a fortiori de l'écrivain proléta­ rien) dans une société bourgeoise.

[Voir aussi COMMU­ NISME ET LITTÉRATURE].

BIBLIOGRAPHIE M.

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Chambert-Lou, Entretiens n• 33, Rodez, Subervie.

1974; R.

Garguilo, Pou/aille et la lilléralllre prolé tar ienn e, Minard­ Leures modernes, 1988; K.A.

Arvidsson, Pou/aille, Gôteborg, 1988; Thierry Maricourt, Henry Pou/aille, Manya, 1992.

J.-P.

DE BEAUMARCHAIS. »

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