Pourquoi Sully Prudhomme vous est-il sympathique ?
Publié le 12/02/2012
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La mode actuelle relègue au second, voire au troisième plan celui qui fut, pour plusieurs générations, le « bon poète «. On lui reproche d'être « froid «, « didactique «, « prosaïque «. Quitte à passer pour un attardé, je lui garde toute mon admirative sympathie. Non point que je m'extasie devant chacun de ses poèmes, mais parce que je me suis fait de son oeuvre une mince anthologie, à mon avis «exquise«. J'en ai banni sans remords le Bonheur et la Justice, les longs ouvrages, surtout en vers, me faisant peur, comme à La Fontaine. J'y ai déposé, comme des bijoux précieux dans un coffret, ces sonnets si pleins, ces courtes pièces où Sully Prudhomme s'avère le «poète de l'âme«....

«
qu'A la fin de sa vie, souffert du doute.
A dix-huit ans, retude des sciences
ne satisfait que partiellement son esprit avide- de Verne.
Ces evidences
ne le renseignent ni sur nos origines, ni sur nos destinees, sur le Bien et
le Mal.
A Lyon, il lit assidament Pascal; comme lui, il a « sa nuit » ; it
songe a se faire dominicain.
Mais, revenu a Paris, il lit Strauss, il lit Renan,
it retrouve les camarades incroyants...
Il ne croit plus an dogme :
J'ai beau joindre les mains, et, le front sur la Bible,
Redire le Credo que ma bouche epela,
Je ne sens rien du tout devant moi.
C'est horrible!
11 ne pratique plus, mais il conserve le gout de la vie interieure et le res-
pect de la foi perdue; il a comme la nostalgie de son passé pieux.
Il recon-
nait que ...Rien n'est plus suave au cceur que l'Evangile.
Il souffre Le doute est douloureux a trainer comme un deuil.
Il envie le sort du Trappiste, du Chartreux, qui jouissent de « la paix de
rime » et de « resume de Dieu 3 ; il envie « le criminel qu'absout la main
du pretre 3.
Il emit, en 1877, trente ans avant sa mort, tandis qu'il se
construit peniblement une philosophie scientiste et evolutionniste : « La
voix tour a tour terrible et caressante de rEglise nous laisse a tout jamais
dans Fame une vibration difficile a eteindre.
On a beau detruire et oublier
meme le dogme, il nous en reste le vague et puissant charme d'une
hymne...
Ce tourment de la Write insaisissable, du Doute lancinant, ne
sera jamais exprime de facon plus dramatique et plus sincere que dans le
sonnet fameux :
La blanche Write dort au fond d'un grand puits...
Ses appels, ses recherches n'aboutissent point, parce qu'il ne cherche pas
ou it faut, parce qu'il ne s'adresse pas au Seul qui eat pu lui rendre la
paix, parce qu'il se refuse au geste liberateur, parce qu'il se cabre devant
le mot realiste des Pensees : « Abetissez-vous.
2,Et sa position derniere
s'exprime en un tercet qui peine ses amis croyants :
Pretre, tu mouilleras mon front qui to resiste,
Trop faible pour douter, je m'en irai moins triste
Dans le !leant peut-titre,avec l'espoir chretien.
A recole de Leconte de Lisle il n'a pas appris, helas ! que l'art des beaux
vers! Ce n'est pas la Bonne Mort telle que nous la concevons; neanmoins nous
voulons croire que tant d'humilite - il se croyait indigne de la grace,
parce que « serviteur inutile 3 - tant de sincerite douloureuse, tant de
pieuse resignation dans les souffrances des dernieres annees, lui auront
valu de decouvrir enfin ce qui se derobait ici-bas a ses yeux : l'Eternelle
Verite.
« Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouve...
Meme sincerite dans
sespoesies philosophiques, dans son enthou-
siasme scientifique et artistique, dans sa ferveur patriotique, dans sa gene-
reuse philanthropie.
C'est un penseur authentique.
Depuis l'adolescence, il est penche sur
les grands problemes qui sollicitent tout homme raisonnable, sur le monde
interieur, a peu pres etranger aux ParAassiens purs.
Il ne se contente pas,
comme d'autres, d'envelopper quelques lieux communs on les idees du
jour en de somptueux symboles.
Il a reflechi, medite, analyse; il nous aide
a voir clair en nous-memes.
(Les yeux, la Trace Humaine, le Possible, Des-
cartes, l'Habitude, la Memoire, !Imagination, Joies sans causes, le Temps
perdu, etc...) Il est sincerement epris de la Science, qui lui procure evidence et cer-
titude : Je forme un triangle, 6 merveille!
Le peuple des lois endormi
S'agite avec lenteur, s'eveille
Et se deroule a l'infini.
Avec trots lignes sur le sable,
Je connais, je ne doute plus!
Il s'emerveille aussi du Rendez-vous que l'astronome donne a « l'astre eche-
vele 2., dans mille ans...
II chante les heros du Zenith, martyrs de la Science.
qu'à la fin de sa vie, souffert du doute.
A dix-huit ans, l'étude des sciences ne satisfait que partiellement son esprit avide de Vérité.
Ces évidences ne le renseignent ni sur nos origines, ni· sur nos destinées, sur le Bien et
le Mal.
A Lyqn, il lit assidûment Pascal; comme lui, il a «sa nuit»; il songe à se faire dominicain.
Mais, revenu à Paris, il lit Strauss, il lit Renan, il retrouve les camarades incroyants...
Il ne croit plus au dogme :
J'ai beau joindre les mains, et, le front sur la Bible, Redire le Credo que ma bouche épela,
Je ne sens rien du tout devant moi.
C'est horrible!
Il ne pratique plus, mais il conserve le goût de la vie intérieure et le res pect de la foi perdue; il a comme la nostalgie de son passé pieux.
Il recon naît que ...
Rien n'est plus suave au cœur que l'Evangile.
Il souffre : Le doute est douloureux à traîner comme un deuil.
II envie le sort du Trappiste, du Chartreux, qui jouissent de « la paix de l'âme» et de «l'estime de Dieu»; il envie «le criminel qu'absout la main du prètre ».
Il écrit, en 1877, trente ans avant sa mort, tandis qu'il se construit :péniblement une philosophie scientiste et évolutionniste : « La voix tour a tour terrible et caressante de l'Eglise nous laisse à tout jamais dans l'âme une vibration difficile à éteindre.
On a beau détruire et oublier même le dogme, il nous en reste le vague et puissant charme d'une hymne ...
» Ce tourment de la Vérité insaisissable, du Doute lancin~nt, ne sera jamais exprimé de façon plus dramatique et plus sincère que dans le sonnet fameux :
La blanche Vérité dort au fond d'un grand puits ...
Ses appels, ses recherches n'aboutissent point, parce qu'il ne cherche pas où il faut, parce qu'il ne s'adresse pas au Seul qui eût pu lui rendre la paix, parce qu'il se refuse au geste libérateur, parce qu'il se cabre devant le mot réaliste des Pensées : « Abêtissez-vous.
» Et sa position dernière s'exprime en un tercet qui peine ses amis croyants :
Prêtre, tu mouilleras mon front qui te résiste, Trop faible pour douter, je m'en irai moins triste
Dans le néant peut-être, avec l'espoir chrétien.
A l'école de Leconte de Lisle il n'a pas appris, hélas! que l'art des beaux vers! Ce n'est pas la Bonne Mort telle que nous la concevons; néanmoins nous voulons croire que tant d'humilité - il se croyait indigne de la grâce, parce que « serviteur inutile » - tant de sincérité douloureuse, tant de pieuse résignation dans les souffrances des dernières années, lui auront valu de découvrir enfin ce qui se dérobait ici-bas à ses yeux : l'Eternelle Vérité.
«Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé ...
»
Même
sincérité dans ses poésies philosophiques, dans son enthou siasme scientifique et artistique, dans sa ferveur patriotique, dans sa géné reuse philanthropie.
C'est un penseur authentique.
Depuis l'adolescence, il est penché sur les grands problèmes qui sollicitent tout homme raisonnable, sur le monde intérieur, à peu près étranger aux Patl'\assiens purs.
Il ne se contente pas, comme d'autres, d'envelopper quelques lieux communs ou les idées du jour en de somptueux symboles.
Il a réfléchi, médité, analysé; il nous aide à voir clair en nous-mêmes.
(Les yeux, la Trace Humaine, le Possible, Des cartes, l'Habitude, la Mémoire, l'Imagination, Joies sans causes, le Temps perdu, etc ...
)
Il est sincèrement épris de la Science, qui lui procure évidence et cer titude: Je forme un triangle, ô merveille! Le peuple des lois endormi ·S'agite avec lenteur, s'éveille Et se déroule à l'infini.
Auec trois lignes sur le sable,
Je connais, je ne doute plus!
Il s'émerveille aussi du Rendez-uous que l'astronome donne à «l'astre éche velé », dans mille ans ...
Il chante les héros du Zénith, martyrs de la Science..
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