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PRENDRE PART AUX LUTTES POLITIQUES DU MOMENT

Publié le 29/03/2015

Extrait du document

« Nous écrivons pour nos contemporains, nous ne vou­lons pas regarder notre monde avec des yeux futurs, ce serait le plus sûr moyen de le tuer, mais avec nos yeux de chair, avec nos vrais yeux périssables. Nous ne souhai­tons pas gagner notre procès en appel et nous n'avons que faire d'une réhabilitation posthume : c'est ici même et de notre vivant que les procès se gagnent ou se per­dent.«

C'est seulement en jouant pleinement le jeu de son époque que l'écrivain se donne une chance d'entrevoir ou de saisir les valeurs d'éternité qui ne se présentent à nous que dans le présent de notre engagement.

 

Il> Théorisé dans la « Présentation des Temps modernes« et plus longuement dans Situation II, l'engagement est devenu le mot d'ordre de la littérature d'après-guerre. L'écrivain devait prendre son époque à bras-le-corps dans ses textes et mettre son oeuvre au service des grandes causes de son temps. Se désintéresser des grands enjeux politiques et sociaux de son époque revenait pour un romancier à faire preuve de lâcheté, d'inconscience et à se retrouver complice des forces les plus néfastes de l'histoire. Comme Malraux, comme Camus, comme les surréalistes — quoique en des termes différents —, Sartre affirmait que pour un écrivain, une œuvre était un acte, et que cet acte devait servir à la transformation positive de la société.

« 70 / Fonctions de la littérature .

~ quelques mois auparavant sous le titre «The Case For a Responsible Literature ».

L'article sera repris en 1948 en tête du second volume des Situations de Sartre: Qu 'est-ce que la littérature? (Gallimard, Folio-Essais).

Sartre s'y livre à un vigoureux plaidoyer en faveur de la lit­ térature engagée.

Du coup, il dénonce ceux des grands écri­ vains du passé qui se sont soustraits à leur responsabilité historique et ont préféré fermer les yeux sur les injustices de leur temps.

Gustave Flaubert et Edmond de Goncourt sont ainsi mis en accusation.

Contemporains du soulèvement populaire de la Commune de Paris en 1871 et de son écra­ sement sanglant par les forces dépêchées par le pouvoir conservateur, ces deux romanciers sont restés silencieux quand ils n'ont pas manifesté leur soulagement.

Leur silence, en soi, affirme Sartre, les rend coupables : « L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements.

Chaque silence aussi.

Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher.

Ce n'était pas leur affaire, dira-t-on.

Mais le procès de Calas, était-ce l'affaire de Voltaire? La condamnation de Dreyfus, était-ce l'affaire de Zola? L'administration du Congo, était-ce l'affaire de Gide?» .....

La «Présentation des Temps modernes» de Sartre est un véritable manifeste.

Les contemporains ne s'y sont d'ail­ leurs pas trompés.

Sartre développe avec fougue sa concep­ tion de la littérature au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

La démonstration ne va pas sans raccourcis et amalgames, mais chaque paragraphe fait mouche.

Pour Sartre, il s'agit d'en finir avec la« tentation de l'irres­ ponsabilité» à laquelle ont toujours cédé les écrivains de la bourgeoisie.

Théoriciens de l' Art pour l 'Art ou réalistes, ceux-ci se rêvaient en dehors de l'histoire et de leur temps, purs adeptes de la Beauté ou simples serviteurs de la Vérité.

En réalité, affirme Sartre, l 'écrivain est toujours «dans le coup».

Il appartient, quoi qu'il fasse ou prétende, à son. »

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