Présentation générale des romans de Malraux

« Une recherche de formes littéraires nouvelles Le rejet du passé s'accompagne d'un refus de ce que Rimbaud appelait déjà la « vieillerie poétique ».

A vide de sensations nouvelles, la jeune génération !'est aussi de moyens d'expression aptes à traduire son état d'esprit.

Le roman s'inter­ roge sur sa forme linéaire classique héritée du XIX 0 siècle.

Diverses recherches tendent à rompre la belle ordonnance du récit au profit d'une discontinuité, voire d'un éclatement.

Certains écrivains de la« vieille» génération ont donné le ton.

Avec Les Faux­ monnayeurs ( 1925), Gide interroge la forme romanesque en proposant comme sujet de roman le problème du roman lui-même en train de s'écrire.

Des tentatives audacieuses telles celle de Joyce, avec sa technique du mono­ logue intérieur, introduisent de nouveaux procédés d'écriture qui multiplient les points de vue narratifs.

D'Amérique parviennent des récits comme Sanctuaire de Faulkner ou même Le Faucon de Malte de Dashiell Hammett qui mêlent intrigue policière et atmosphère de tragédie grecque dans un récit désarticulé.

Enfin le ci­ néma apporte des techniques narratives nouvelles liées au procédé du montage, du cadrage, de l'enchaînement des séquences, qui influencent le roman.

Malraux, grand lecteur, connaisseur averti du cinéma, notamment de l'expres­ sionnisme allemand dont il tente de diffuser les films en France, intègre toutes ces recherches, ce qui peut expliquer la maîtrise technique dont il fait preuve d'emblée .

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Il - UN ROMAN DE L'HISTOIRE Un roman d'aventure L'univers romanesque de Malraux est dominé par un goût revendiqué de l'ac­ tion.

« Un homme est la somme de ses actes, de ce qu'il a fait, de ce qu'il peut faire», affirme l'un de ses personnages.

Bien que Malraux ait souligné qu'il n'ad­ hérait pas à cette affirmation, il est incontestable que ses romans sont extérieure­ ment des récits où l'action est omniprésente.

Elle peut prendre la forme d'aven­ tures comme dans La Voie royale, d'actions révolutionnaires comme dans Les Conquérants, La Condition humaine ou Le Temps du mépris, ou d'opérations mili­ taires (L'Espoir, Les Noyers de l'Altenburg).

Influencé par ses deux séjours en Extrême-Orient, Malraux situe ses premiers livres dans un cadre exotique, suivant aussi en cela des modes de son époque (Pierre Loti, Claude Farrère, etc.).

Mais le véritable inspirateur de Malraux est sans doute Joseph Conrad, dont la mort en 1924 a donné lieu en France à un hommage important.

L'influence de cet auteur, évidente dans La Voie royale jusque dans la structure de l'intrigue, se traduit essentiellement par le fait que l'aventure, chez Malraux comme chez Conrad, est un révélateur : elle est la manifestation exté­ rieure d'une interrogation sur le sens de la destinée humaine.

Un roman politique Les romans de Malraux ont presque tous une dimension politique.

Ils s'insèrent dans une actualité quasi immédiate : lutte du Kuomintang contre la concession bri­ tannique de Hong-Kong dans Les Conquérants, écrasement de l'aile communiste de ce même Kuomintang à Shanghai dans La Condition humaine, etc.

Cela intro­ duit d'ailleurs une difficulté pour le lecteur non averti, car Malraux suppose connus à chaque instant les épisodes dont il parle.

Une étude préalable est indis-. »