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PRESTIGE ET INFLUENCE DE VOLTAIRE

Publié le 04/04/2011

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   Ce prestige a été immense, non seulement en France, mais encore à l'étranger. La renommée de Voltaire avait dépassé les frontières et il était en relations épistolaires avec des têtes couronnées. Christian VII, roi de Danemark, lui avait écrit, après Frédéric de Prusse, les lettres les plus flatteuses, et Catherine II de Russie, qu'il appelait familièrement : Ma Cateau, lui adressait de riches présents. Voltaire remerciait en écrivant : C'est du Nord aujourd'hui que nous vient la lumière. Quand le philosophe s'installa à Ferney, la gloire du patriarche, du « Roi Voltaire «, devint un culte. On sait par les mémoires de l'époque qu'il était l'objet d'une véritable adulation. On venait de loin pour le voir, et les visites étaient réglées suivant un cérémonial presque royal. Madame Suard, racontant un séjour à Ferney en juin 1775, rapporte que ce ne sont autour de Voltaire qu'exclamations, admirations et génuflexions. Comment Voltaire habitué aux hommages n'en aurait-il pas conçu quelque vanité? L'Empereur d'Autriche, Joseph II, ne s'étant pas arrêté à Ferney pour lui faire une visite, il s'en étonna avec une pointe d'amertume. Quand il revint à Paris en février 1778, ce fut du délire. On couronnait son buste sur la scène, la foule en joie pressait son carrosse d'acclamations, et Franklin venait lui faire bénir son petit-fils.

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« n'est pas son œuvre.

D'autre part, son action s'est souvent confondue avec celle des autres philosophes qui furentmême plus audacieux que ne l'avait jamais été le « Patriarche de Ferney ».

Mais c'est lui qui a, plus que tout autre,orchestré l'esprit de résistance à l'arbitraire ou au fanatisme. Il ne s'est pas contenté de fonder, d'établir et de prouver la dignité des gens de lettres, il a aussi engagé le combatpour faire triompher, en dépit de tous les obstacles, la cause de la liberté et de la justice.

C'est en partie à sonaction qu'on doit des réformes : • dans l'Église (abolition des dîmes, suppression d'un grand nombre de fêtes, création des registres de l'état civil,droit de sépulture égal pour tous les citoyens); • dans la magistrature (suppression de la vénalité, institution du jury, publicité des procédures, abolition de laquestion); • dans les campagnes (égalité des impôts et abolition des douanes intérieures); • dans les villes (organisation d'hôpitaux, bains publics...). Toutes ces réformes, Voltaire les a demandées maintes fois dans son œuvre; et, si ce n'est pas lui qui les a faitpasser dans le domaine des faits, il a eu du moins le mérite de les revendiquer sans relâche. Plus que tout autre écrivain, il a eu le sentiment de la solidarité et sa croisade a eu avant tout pour objet desauvegarder les droits de la personne humaine.

On a souvent dit qu'il n'avait eu pour le peuple que mépris etsarcasmes.

Est-ce bien vrai ? Il n'a certes pas été très tendre pour la multitude superstitieuse et ignorante; maisplus d'une fois, dans son œuvre, il s'est indigné de tous les maux dont on accablait les paysans, et il a demandé lasuppression du servage et des droits féodaux.

Cette action est tout à son honneur, et on ne doit pas oublier qu'ellea été féconde. Mais toute médaille a son revers; et si la penser voltairienne a été cause de grands biens, elle a fait aussi beaucoupde mal.

Ses ennemis n'avaient pas tort de lu) reprocher d'avoir été, lui l'apôtre de la tolérance, à l'origine de toutesles persécutions dont ont été victime, pendant et après la révolution, les ministres de la religion chrétienne.

Voltairea substitué à l'intolérance de la foi l'intolérance de la doctrine, et le sectarisme de ses disciples a été aussi violentque le fanatisme religieux qu'il avait lui-même si souvent dénoncé.

C'est lui le grand responsable de l'anticléricalisme.Comme l'a remarqué Paul Hazard, c'est de lui surtout que se sont réclamés et se réclament encore, après M.Homais, tous ceux qui ont fait de l'anticléricalisme leur programme unique, et qui ont cru qu'en le réalisant, ilspourraient rendre les sociétés parfaites et supprimer d'un trait de plume les plus grands maux de la terre.

La penséede Voltaire n'était peut-être pas aussi simpliste, mais elle portait en germe ces exagérations ». On doit ajouter que son œuvre ne s'est pas bornée à jeter le discrédit sur les aspirations religieuses les plus nobles,elle a aussi contribué à favoriser un certain matérialisme pratique qui a trouvé après lui sa pleine expression danscertaines classes de notre société contemporaine.

Voltaire, ami des arts et défenseur des plus nobles causes, auraitété le premier à le déplorer; mais, même s'il l'avait voulu, il aurait sans doute été incapable d'arrêter ses laudateurssur les voies étroites et odieuses où, malgré lui, ils se détournaient.

La pensée de Voltaire a fait son chemin, mais cechemin était bordé de précipices.. »

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