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Quel doit être le rôle du poète ?

Publié le 17/01/2022

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Hugo, dans « La fonction du poète«, parlait ainsi déjà du poète:

«Il voit, quand les peuples végètent

Lui seul a le front éclairé.

Lui seul distingue en leurs flancs sombres

Le germe qui n'est pas éclos.«,

et conseillait:

«Peuples! Écoutez le poète!

Écoutez le rêveur sacré!«

« part entière. [2.

La nécessité pour un poète de s'engager, les raisons et les formes d'engagement] En effet, tout homme est responsable de ce qui se passe en son temps et ne saurait exister pleinement s'il n'est unêtre social.

Se désintéresser du monde qui nous entoure, c'est oublier «l'humanité», c'est perdre son humanité, sa «conscience humaine» et c'est en même temps, paradoxalement, une façon de s'engager, d'affirmer sonindifférence.

Comme l'écrit Sartre dans Qu'est-ce que la littérature?, « la littérature vous jette dans la bataille [...] ; si vous avez commencé, de gré ou de force, vous êtes engagé ».

Ainsi, ce que demande Eluard au poète, c'est unengagement «efficace», actif, qui «croasse», «dénonce», «accuse» et «demande justice».

Pourquoi cetengagement est-il indispensable surtout à notre époque? [2.1.

Une nécessité humaine, surtout au xxie siècle] Si l'homme ne peut plus se forger un art de vivre personnel individuel, et ce d'autant plus que la vie collective a prisà notre siècle une emprise plus forte sur chacun de nous, à plus forte raison, le poète ne saurait rester muet etisolé. [2.2.

Pourquoi le poète doit il s'engager?] Plus cultivé, plus clairvoyant, plus « voyant » parfois, le poète a le devoir d'éclairer ses contemporains sur ce dontils ne sauraient prendre conscience seuls.

Hugo, dans « La fonction du poète», parlait ainsi déjà du poète: «Il voit, quand les peuples végètent Lui seul a le front éclairé. Lui seul distingue en leurs flancs sombres Le germe qui n'est pas éclos.», et conseillait: «Peuples! Écoutez le poète! Écoutez le rêveur sacré!» Le poète sent, il pense mieux — il en a du reste le temps.

Il doit donc mettre à profit cette sensibilité, cette intuition, cette «science» qui sont refusées à d'autres et ne lui sont pas données gratuitement. Réceptif certes, mais aussi artisan du langage, artiste, il est aussi plus capable de donner une forme originale etfrappante aux idées: en les mettant en «forme», il sait mieux « informer », et par là dénoncer plus efficacement.

Ildoit rendre compte devant ses semblables de ces dons qui lui ont été offerts, de sa capacité à faire comprendre etsentir. C'est aussi de sa notoriété qu'il peut tirer profit: on sait le parti que tirent les associations humanitaires, lesdéfenseurs des droits de l'homme, par exemple, de la présence dans leurs rangs de personnalités.

Le nom d'un grandmusicien comme Miguel Estrela, qui milite pour les prisonniers politiques, celui d'une chanteuse comme Joan Baez,celui d'un dessinateur comme Mordillo, qui compose des affiches pour Amnesty International, sont des porte-drapeaux qui assurent à une cause un meilleur succès.

Si donc, des musiciens, des comédiens, des peintres ont cepouvoir, qu'ils considèrent comme un devoir, pourquoi le poète, artiste lui aussi, serait-il exclu, pourquoi serait-ildispensé de mettre son prestige et son art en partie au service de la recherche «de la vérité» et de la dénonciation,lui, le «gardien de la parole»? Cette notion d'engagement, si elle s'est développée au XIXe siècle surtout (un poète comme Vigny ne craint pas delancer: «Je voulais qu'on dît: c'est vrai et non c'est beau » à propos de son oeuvre), n'en existait pas moins déjà dès le XVIe siècle.

Le poète Agrippa d'Aubigné, lorsqu'il veut «peindre la France, une mère affligée»dans ses Tragiques, s'engage dans les guerres de Religion, après y avoir lui-même participé.

Au XIXe siècle, Hugo se bat contre les conditions inhumaines de travail des enfants dans les usines.

Mais c'est surtout dans notre siècle quela nécessité de s'engager semble inévitable, pour plusieurs raisons: tout d'abord aux XXe et XXIe siècles, les formesde systèmes économiques et politiques se sont multipliées, engendrant des déviations encore plus nombreuses, etpesant sur tous de façon permanente puisqu'elles déterminent la vie de chacun dans laquelle elles interviennentsans cesse.

D'autre part, les notions de liberté, de solidarité sont devenues des valeurs prépondérantes de notrepensée au point que l'engagement apparaît comme un devoir.

Plus encore que français, chinois ou africain, le poètepeut se sentir citoyen du monde. En outre, l'importance et la variété des moyens de communication, de diffusion de l'écrit font de la parole un moyend'information privilégié (quelquefois concurrencé cependant par l'image).

Si, autrefois, un écrivain pouvait ignorer cequi se passait en Asie, ou même fort près de lui, il est de nos jours impossible de prétendre ne pas être au courantdes cruautés exercées sur les opposants aux régimes totalitaires.

De même, si un Agrippa d'Aubigné pouvait avoir. »

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