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Quelle époque de la Littérature française admirez-vous le plus ?

Publié le 09/02/2012

Extrait du document

En un sujet si vaste, je ne saurais exposer tout au long les raisons qui me

portent à évincer le xvie et le xviiie siecle; une brève explication y suffira.

Le siècle de la Renaissance m'apparaît comme un superbe chaos. Tout y est

Jeune, comme au prmtemps, tout bouillonne de sève; mais la pensee hésite,

les langues balbutient encore. Le siècle de Voltaire m'est antipathique. Je

n'y trouve pas un seul écrivain, sauf le savant Buffon - et encore ?- à qui

je puisse accorder une admiration sans réserve. J'ai, en effet, la fâcheuse

habitude de chercher l'homme derrière l'auteur et en cette triste époque je

n'ai guère découvert que de faux-bonhommes....

« les Pascal et les Bossuet, les Sévigné et les La Fontaine, les Molière et les La Bruyère.

Néanmoins ce n'est pas défigurer le xvu• siècle que de ramener sa physionomie à ces traits géneraux.

Du théâtre de Corneille et de Racine, des Pensées de Pascal et des Orai­ sons.

funèbres de Bossuet se dégage une même impression de noblesse majes­ tueuse.

Ces œuvres si diverses portent l'estampille de la grande époque.

Rien de mesquin, de puéril, de bas, dans les conceptions ni dans le style.

Spontanément nous comparons Polyeucte et Athalie, Nicomède et Mithridate parce que nous y découvrons de grandioses tableaux d'histoire.

Le mot S!lblime - le sublime, c'est la cime du ~rand - revient sur nos lèvres ou coule naturellement de notre plume' a pres ·avoir relu la méditation sur les deux infinis ou la péroraison de l'Oraison funèbre de Condé.

Un La Fon­ taine, une Sévigné, un La Bruyère, se mettent sans effort à l'unisson, quand l'occasion se présente.

Le prologue de la Mort et le Mourant, celui des Ani­ maux.

Malades de la Peste, le Chêne et le Roseau, le Paysan du Danube en entier, rapprochent le Bonhomme de ces génies si différents du sien.

Telles · lettres sur le procès de Fouquet, ou la mort de Turenne nous montrent la spirituelle Marquise capable des plus ·hautes· pensées et du style le plus élevé.

L'auteur des Caractères, quand il peint un Bossuet, un Condé, un Louis XIV, trouve dans son âme la même inspiratiort et sur sa palette les mêmes couleurs qu'un Hyacinthe Rigaud ou un Lebrun.

On ne conçoit guère alors la Beauté sans la Grandeur; on l'admet moins encore sans la Vérité.

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Rien n'est beau que le urai, le urai seul est aimable.

L'austère Pascal veut que l'agréable se mêle au réel, mais cet agréable même doit être « pris du vrai ».

Corneille, pour satisfaire une époque héroïque et romanesque, verse souvent dans l'invraisemblable; mais il a bien soin d'emprunter à l'histoire les faits qu'il porte sur la scène, afin de les authentiquer.

Racine, au contraire, s'en va chercher dans la légende les sujets de ses pièces; mais son constant souci de vérité humaine rapproche de nous ces héros imaginés et les rend plus vrais encore que ceux de Cor­ neille.

La Fontaine, dont la fantaisie se joue P.armi les données les plus invraisemblables, ne laisse pas d'être un modele de naturel et de vérité.

C'est lui qui, après la représentation des Fâcheux de Molière, écrit : Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d'un pas.

·Il suit ce precepte avec autant de bonheur que son illustre ami : l'auteur du Misanthrope, de l'Avare et des Femmes Savantes.

Cet amour du naturel, du vrai est le besoin irrésistible d'une raison sou­ veraine ql1i n'admet aucune outrance, aucune déformation de la pensée ou du sentiment, qui condamne burlesques et précieux, qui retient dans les limites par elle fixées l'imagination et la sensibilité, forces aveugles, dan­ gereuses si on les laisse vaguer à l'aventure.

Bonnes servantes, elles ne doivent pas s'émancir.er et s'ériger en maîtresses.

La Raison, nous la trou­ vons partout, et dès l aurore du siècle.

Elle a nom Malherbe; et elle régente la langue des vers, voire l'inspiration poétique ~ ce dont on peut la blâmer.

Elle a nom Balzac; et elle prépare ce «mâle outil» de la prose, dont Pascal, Bossuet, La Bruyère, Fénelon forgeront leurs chefs-d'œuvre.

Elle a nom Descartes, Malebranche; et elle nous enseigne à rechercher la Vérité.

Elle a nom Sévigné, La Fayette, Maintenon; et elle s'associe, en leur pérsonne, à la plus haute délicatesse de sentiment.

Elle s'appelle Molière, et parle par la bouche de ses « Sages » : La parfaite raison fuit toute extrémité Et ueut que l'on soi:t sage avec sobriété .•• C'est elle qui crée l'ordre, l'équilibre, l'harmonie et cette santé, opposée â toutes les mor.bidesses romantiques, qui inspirera un jour à Gœthe la défi­ nition célèbre :. »

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