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QUELLE EXPRESSION, FORMANT UN PLÉONASME, EST EMPLOYÉE DANS LES PREMIÈRES ET DANS LES DERNIÈRES LIGNES DU ROMAN ?

Publié le 10/01/2020

Extrait du document

Au début, le duc est accablé devant une histoire à bout de souffle (« ces phénomènes usés »), qui aboutit à un entassement de peuples de différentes époques, de différents pays (des Ossètes, des Alains, etc.), dans le plus grand désordre (« çà et là, en vrac »), sans qu'aucun sens ne subsiste de l'histoire humaine, qui n'existe plus qu'à l'état de bribes disparates. Le duc d'Auge semble bien, pour paraphraser Musset, être né trop tard dans un monde trop vieux. De fait, dans ce monde où il se sent prisonnier (« On n'en sortira donc jamais ? » dit-il à la page 14), il va connaître une progressive marginalisation sociale et une certaine déchéance morale.

Pendant la première période (1264), il donne le change par sa force burlesque irrésistible (il tue plus de 250 parisiens, il vient à bout des détachements de céhéresses qui ont pris position autour de son château, puisqu'il n'en restera plus tard que « des tombes en ruine que rongeait la mousse », p. 66), mais il n'a plus le noble héroïsme du combattant qu'il fut lors de la septième croisade, ce dont témoigne l'hostilité du peuple à son égard

Les Fleurs bleues de Raymond Queneau

« début et la fin du livre.

Dans les deux passages, le duc d'Auge observe « la situation historique » depuis un donjon.

On peut mesurer alors l'évolution du personnage et faire le bilan de ses aventures hautes en couleur, qui l'ont fait traverser 700 ans d'histoire (1264- 1964).

Au début, le duc est accablé devant une histoire à bout de souffle (« ces phénomènes usés»), qui aboutit à un entassement de peuples de différentes époques, de différents pays (des Ossètes, des Alains, etc.), dans le plus grand désordre (« çà et là, en vrac »), sans qu'aucun sens ne subsiste de l'histoire humaine, qui n'existe plus qu'à l'état de bribes disparates.

Le duc d'Auge semble bien, pour paraphraser Musset, être né trop tard dans un monde trop vieux.

De fait, dans ce monde où il se sent prisonnier(« On n'en sortira donc jamais ? » dit-il à la page 14), i 1 va connaître une progressive marginalisation sociale et une certaine déchéance morale.

Pendant la première période (1264), il donne le change par sa force burlesque irrésistible (il tue plus de 250 parisiens, il vient à bout des détachements de céhéresses qui ont pris position autour de son château, puisqu'il n'en restera plus tard que« des tombes en ruine que rongeait la mousse», p.

66), mais il n'a plus le noble héroïsme du combattant qu'il fut lors de la septième croisade, ce dont témoigne l'hostilité du peuple à son égard : le duc est gratifié de « bouses saignantes » et de « crottins truffés » (p.

26).

Dans les périodes suivantes, toutes ses tentatives seront vouées à l'échec.

En 1439, il se mêle à une conjuration politique contre Charles VII, mais elle échoue (p.

86).

Ses nouvelles armes, dont il est si fier, ne démentent pas sa faiblesse: une de ses fameuses « couleuvrines » (sortes de canons) éclate, l'autre est piétinée par un mammouth qui dédaigne de l'affronter.

En 1614, il verse dans l'alchimie, mais c'est encore un échec: li ne trouve ni la pierre philosophale, ni l'élixir de longue vie avec Timoleo, et dilapide la fortune qu'une éphémère réconciliation avec le pouvoir royal lui avait permis d'obtenir.

En 1789, il brille par son absence sur la scène de l'histoire en refusant de participer aux États Généraux auxquels le Roi le convie.

En 1964 enfin, il n'est plus qu'un nomade ne sachant où s'installer, jusqu'à l'embarquement dans la péniche.

Au long de ses aventures, il oscille entre une participation brouillonne (les céhéresses) ou inefficace (la. »

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