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Quels sont les avantages et les dangers des romans historiques ?

Publié le 22/02/2012

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Le roman est un genre littéraire aux contours mouvants, caractérisé pour l'essentiel par une narration fictionnelle plus ou moins longue, ce qui le distingue de la nouvelle (celle-ci étant traditionnellement un genre littéraire de faible durée). Le roman peut également être défini comme un ouvrage en prose, laissant une forte place à l'imaginaire. Milan Kundera le caractérise comme « forme exploratoire de la vie » en tant qu'il se rapporte aux incarnations diverses de la vie humaine au cours de l'histoire, dont il essaye de traduire, au moins formellement, la singularité. Le roman historique est un genre à l'intérieur du roman qui consiste à dépeindre aussi exactement que possible la réalité, les moeurs et jusqu'au langage d'une époque éloignée dans le temps par rapport à l'auteur et à ses contemporains.

« Allant plus loin, nous pouvons dire que le roman historique représente un grand avantage, qui est celui d'être ungenre didactique.

En effet, le roman historique ne se contente pas de mettre en place une narration imaginaire, il lasitue dans un contexte historique précis qui fait l'objet d'une importante documentation par l'auteur.

A ce titre, nouspouvons penser au grand roman historique de Flaubert, Salammbô , auquel il a consacré de très importantes recherches et des voyages en Afrique du Nord afin de recréer dans son œuvre la couleur d'une antiquité décadente.D'autres romanciers, comme Robert Merle dans sa saga Fortune de France ont poussé la recherche d'exactitude jusqu'à recréer dans leurs romans le langage parlé au temps de la narration, en l'occurrence le français du XVIesiècle avec ses expressions imagées et sa saveur particulière.

Nous dirons donc que l'un des principaux avantagesdu roman historique consiste à répondre à l'ambition didactique du genre romanesque dans son ensemble, puisqu'ilentremêle la fiction littéraire avec la réalité historique, procurant de ce fait un savoir d'autant plus agréable àacquérir pour le lecteur qu'il est inscrit dans un récit enlevé. II.

Le roman historique : une forme paradoxale ? a.

Le roman : forme exploratoire de la vie humaine Cependant, nous ne pouvons en rester à une telle thèse puisqu'elle nous cache la dimension profondémentparadoxale du roman historique.

En effet, la force du roman est sans doute de donner à comprendre la réalitécontemporaine à sa production.

Kundera écrit dans l'Art du Roman : « les romans sont plus intelligents que les romanciers ».

En effet, cela signifie que dans l'écriture romanesque, il arrive à l'auteur de découvrir sous sa plume des idées qu'ils ne se savaient pas susceptible d'avoir, alors que les particularités stylistiques sont souvent desmatérialisations des structures inconscientes de l'auteur.

Par conséquent, nous dirons que le roman apprend quelquechose au créateur qui tient de son intériorité profonde, de son subconscient, puisque l'expression artistique estl'exemple même d'une expression dont la richesse et la polysémie tient à la mondanisation des donnéesinconscientes du créateur.

Allant plus loin, nous pouvons dire que le roman a cette faculté particulière qui consisteà explorer la réalité, à montrer ce qui fait la spécificité d'une période afin de la rendre plus intelligible à ceux qui sonten train de la vivre.

Le roman a donc une relation profonde avec le présent, qu'il décrit pour mieux le comprendre,comme le fait par exemple un Céline dans Voyage au bout de la nuit . b.

Le roman historique : un paradoxe linguistique et philosophique Par conséquent, nous pouvons dire que le plus grand danger du roman historique est d'aller contre la natureexploratoire du genre romanesque lui-même.

En effet, puisqu'il a précisément pour caractéristique d'exprimer uneréalité révolue, aussi exactement que possible, il ne nous donne rien à comprendre sur notre réalité contemporaine,celle du lecteur qui lit l'œuvre romanesque.

Il peut même à ce titre passer pour un pur divertissement, d'autant plusque la dimension didactique que nous lui reconnaissions plus haut est elle-même problématique : que l'on pense à unDumas qui travestit l'Histoire pour les besoins de la fiction plutôt qu'il ne moule son récit sur le modèle de la véritéhistorique.

Allant plus loin, nous pouvons dire que le roman est un genre qui laisse naître une identité linguistiqueparticulière, un grand roman laissant entendre ce que Céline appelait la « petite musique » de l'auteur, à savoir unstyle particulier, unique et caractéristique.

Dans la mesure où le roman historique s'efforce de créer une illusionréférentielle au moyen d'une imitation du langage parlé au moment de la réalité de référence (comme c'est le casdans Fortune de France ou dans le roman situé au XVIIIe siècle, Fils unique, ou Stéphane Audéguy affecte d'écrirecomme un contemporain de Diderot) l'auteur ne fait pas advenir dans ce type d'ouvrage un style qui lui estparticulier.

Pour des raisons linguistiques et philosophiques, le roman peut nous apparaître comme un genrecontradictoire avec les plus hautes ambitions de l'art romanesque. Conclusion A première vue, il a pu nous sembler que le roman historique comportait plus d'avantages que d'inconvénients, dansla mesure où il a participé par ses qualités didactiques et sa recherche de vraisemblance à la légitimation d'un genrelongtemps discrédité.

Mais nous avons finalement montré que le roman historique comportait un grand danger : celuid'abandonner l'exploration du présent et la naissance d'un style singulier pour la recréation méticuleuse d'une réalitérévolue.. »

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