Qu'entendez-vous par esprit national ? Sous quelles influences se forme-t-il ? Quels sont les principaux caractères de l'esprit français ?
Publié le 15/02/2012
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Deux puissants courants traversent notre époque; deux doctrines se livrent un violent combat : le nationalisme et le cosmopolitisme. Les uns affirment que sous peine de suicide, un pays doit garder jalousement ce qui constitue sa personnalité : son esprit national. D'autres, avec la même force, prétendent que les caractères dits nationaux ne sont qu'un voile jeté sur l'égoïsme collectif et qu'il est temps de créer parmi les hommes un esprit universel qui rassemble tous les peuples en une seule famille....

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des hommes semblables en leur fond, sujets aux memes errements, capables
des memes vertus.
Parmi ces causes on petit citer rinfluence de la religion.
C'est la plus
profonde; elle saisit l'homme tout entier, dans sa vie privee comme dans
sa vie publique, elle marque son empreinte sur la legislation, la famille, et
toutes les manifestations de l'esprit.
Il est manifeste que le christianisme
a tire les peuples d'Europe de la barbarie et les a civilises dans la mesure
oiI ils se sont soumis a son action, que les grands saints, les grands eveques ont agi sur la mentalite generale.
En sens contraire, l'influence degradante
de l'Islam s'est fait sentir stir des contrees jadis prosperes.
L'Asie Mineure,
l'Afrique septentrionale ont retrograde materiellement et moralement.
Le
bouddhisme a maintenu dans une immobilite a peu pres absolue une civi-
lisation tres ancienne.
L'idolatrie, le fetichisme des peuples d'Afrique a ete
longtemps un obstacle a leur developpement humain, ils sont restes des
peuples- enfants jusqu'au jour ou le christianisme leur a ete enseigne.
Les institutions civiles et politiques contribuent aussi pour une part
considerable a la formation de l'esprit national.
Les tines sont flees libre-
ment du peuple par l'effort regulier de sa vie sociale, comme, par exemple,
celles que s'etaient donnees Athenes et Rome.
D'autres ont ete imposees
violemment au vaincu par le vainqueur : celles de Rome, implantees en
Gau le et en Espagne, celles de l'Islamisme, dans tous les pays qu'il soumit.
Des esprits superieurs ont egalement, soit aux origines d'une civilisation,
soit au cours de son developpement, contribue a son orientation definitive,
lui ont imprime tin cachet toujours discernable.
II est certain qu'Alexandre
le Grand marqua de sa forte personnalite l'esprit grec, que Charlemagne,
bien plus que Clovis fondateur du royaume franc, donna au notre l'em-
preinte chretienne, que Pierre le Grand crea l'esprit de la Russie d'avant-
guerre, que Napoleon a laisse quelque chose de lui-meme a la France et
que son esprit fait , partie integrante de notre patrimoine national.
Les
grands ecrivains, les pokes de genie ont, a leur maniere, contribue a la
formation de l'esprit national.
Si la litterature est, en partie, le reflet et
l'expression de la sociee, de Paine d'un peuple a un moment donne de son
histoire, elle agit non moins sur les esprits, les consciences et les institu-
tions.
L'influence d'un Dante, d'un d'Annunzio stir l'esprit italien a deux
époques decisives; celle des grands maitres du xvir siècle, representants
parfaits de l'esprit francais; celle d'un Voltaire et d'un Rousseau au siècle
suivant est indeniable.
Le plus souvent, it est toutefois bon de le remarquer,
cette influence est moins generale, moins permanente que d'autres.
Elle
s'exerce stir un nombre limite d'intelligences; certaines ne la subissent pas,
faute de culture intellectuelle, d'autres s'y soustraient volontairement.
On ne saurait davantage vier l'influence du milieu physique, sans cepen-
dant tomber dans les exagerations positivistes.
Le climat ne determine ,pas,
ne necessite pas la formation d'un esprit national, pas plus qu'il ne deter-
mine et necessite le caractere de l'individu.
Reconnaissons que stir les races
jeunes, en voie de formation, ii exerce plus d'influence que sur une race
parvenue a la maturite.
La race elle-meme, pure a son origine, subit au
cours des siecles, par suite d'un mélange inevitable avec les races voisines,
des alterations telles qu'une theorie comme celle des nazis allemands est
tine absurdite.
L'aryen pur n'existe pas.
Et it serait aussi impossible de
determiner ce qui subsiste, dans notre esprit francais, de l'esprit germain
(franc), de l'esprit celte et de l'esprit gaulois.
La langue (1), comme la litterature, est l'expression de la mentalite ratio-
nale et peut deteindre sur elle.
Il est arrive que le vainqueur, pensant modi-
fier Fame des vaincus, leur impose son idiome : Rome en Gaule, l'Allemagne
en Pologne, en Alsace-Lorraine, ou, inversement, que le vainqueur, seduit
par tine langue parvenue a sa maturite, la prefere a la sienne propre, encore
en voie de formation, y decouvrant des beautes insoupconnees et des chefs-
d'ceuvre transcendants (ce fut le cas pour Rome, subjuguee par la pens&
grecque).
Les occupations materielles, d'apres certains ethnographes econo-
mistes, entreraient egalement en ligne de compte, et determineraient par-
tiellement les tendances intellectuelles, les habitudes familiales et sociales
des populations.
II est certain qu'un peuple de laboureurs n'a point le meme
des hommes semblables en leur fond, sujets aux mêmes errements, capables
des mêmes vertus.
Parmi ces causes on peut citer l'influence de la religion.
C'est la plus profonde; elle saisit l'homme tout entier, dans sa vie privée comme dans sa vie publique, elle marque son empreinte sur la législation, la famille, et toutes les manifestations de l'esprit.
Il est manifeste que le christianisme a tiré les peuples d'Europe de la barbarie et les a civilisés dans la mesure où ils se sont soumis à son action, que les grands saints, les grands évêques ont agi sur la mentalité générale.
En sens contraire, l'influence dégradante de l'Islam s'est fait sentir sur des contrées jadis prospères.
L'Asie Mineure,
l'Afrique septentrionale ont rétrogradé matériellement et moralement.
Le bouddhisme a maintenu dans une immobilité à peu près absolue une civi lisation très ancienne.
L'idolâtrie, le fétichisme des peuples d'Afrique a été longtemps un obstacle à leur développement humain, ils sont restés des
peuples-enfants jusqu'au jour où le christianisme· leur a été enseigné.
Les institutions civiles et politiques contribuent aussi pour une part considérable à la formation de l'esprit national.
Les unes sont nées libre ment du peuple par l'effort régulier de sa vie sociale, comme, par exemple,
celles que s'étaient données Athènes et Rome.
D'autres ont été imposées violemment au vaincu par le vainqueur : celles de Rome, implantées en Gaule et en Espagne, celles de l'Islamisme, dans tous les pays qu'il soumit.
Des esprits supérieurs ont également, soit aux origines d'une civilisation, soit au cours de son développement, contribué à son orientation définitive, lui ont imprimé un cachet toujours discernable.
Il est certain qu'Alexandre le Grand marqua de sa forte personnalité l'esprit grec, que Charlemagne, bien plus que Clovis fondateur du royaume franc, donna au nôtre l'em preinte chrétienne, que Pierre le Grand créa l'esprit de la Russie d'avant guerre, que Napoléon a laissé quelque chose de lui-même à la France et que son esprit fait, partie intégrante de notre patrimoine national.
Les grands écrivains, les poètes de génie ont, à leur manière, contribué à la formation de l'esprit national.
Si la littérature est, en partie, le reflet et l'expression de la sociéé, de l'âme d'un peuple à un moment donné de son histoire, elle agit non moins sur les esprits, les consciences et les institu tions.
L'influence d'un Dante, d'un d'Annunzio sur l'esprit italien à deux époques décisives; celle des grands maîtres du xvu• siècle, représentants parfaits de l'esprit français; celle d'un Voltaire et d'un Rousseau au siècle suivant est indéniable.
Le plus souvent, il est toutefois bon de le remarquer, cette influence est moins générale, moins permanente que d'autres.
Elle s'exerce sur un nombre limité d'intelligences; certaines ne la subissent pas,
faute de culture intellectuelle, d'autres s'y soustraient volontairement.
On ne saurait davantage nier l'influence du milieu physique, sans cepen dant tomber dans les exagérations positivistes.
Le climat ne détermine pas, ne nécessite pas la formation d'un esprit national, pas plus qu'il ne déter mine et nécessite le caractère de l'individu.
Reconnaissons que sur les races jeunes, en voie de formation, il exerce plus d'influence que sur une race parvenue à la maturité.
La race elle-même, pure à son origine, subit au cours des siècles, par suite d'un mélange inévitable avec les races voisines,
des altérations telles qu'une théorie comme celle des nazis allemands est une absurdité.
L'aryen pur n'existe pas.
Et il serait aussi impossible de déterminer ce qui subsiste, dans notre esprit français, de l'esprit germain (franc), de l'esprit celte et de l'esprit gaulois.
' La langue (1), comme la littérature, est l'expression de la mentalité natio nale et peut déteindre sur elle.
Il est arrivé que le vainqueur, pensant modi fier l'âme des vaincus, leur impose son idiome : Rome en Gaule, l'Allemagne en Pologne, en Alsace-Lorraine, ou, inversement, que le vainqueur, séduit par une langue parvenue à sa maturité, la préfère à la sienne propre, encore en voie de formation, y découvrant des beautés insoupçonnées et des chefs d'œuvre transcendants (ce fut le cas pour Rome, subjuguée par la pensée grecque).
Les occupations matérielles, d'après certains ethnographes et écono
mistes, entreraient également en ligne de compte, et détermineraient par tiellement les tendances intellectuelles, les habitudes familiales et sociales
des populations.
Il est certain qu'un peuple de laboureurs n'a point le même.
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