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QUIGNARD (Pascal)

Publié le 17/03/2019

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QUIGNARD (Pascal), écrivain français (Verneuil-sur-Avre 1948). Traducteur de Lycophron, exégète de Maurice Scève {la Parole de la Délie, 1974) et de Michel Deguy (1975), auteur d'un essai sur Sacher-Masoch [l'Étre du balbutiement, 1969), il fait de son œuvre romanesque une méditation sur la lecture qui finit par envoûter le lecteur-écrivain : il prend les masques successifs de personnages qu'une simple trace fait jaillir de la poussière du temps (« frémissement infime qui signale la vie, fût-ce d'un mot ») ou passer les portes de corne du songe {le Lecteur, 1976; Carus, 1980; les Tablettes de buis d'Apronemia Avitia, 1984 ; le Vœu de silence, 1985 ; le Salon du Wurtenberg, 1986).

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Pascal Quignard, historien reconnu et passionné de l’époque baroque, publie en 1991 Tous les matins du monde, qui fut la mêmeadapté au cinéma, par Alain Corneau.

Avec tous les matins du monde, Quignard réalise un roman mélangeant habilement les genres,celui de la biographie et de la fiction, autour d’un musicien de l’époque baroque, c’est-à-dire du XVIIe siècle, méconnu de l’histoire, StColombe.

Et c’est ainsi que nous allons réfléchir en quoi ces deux œuvres sont des biographies fictives, dans quels buts et dans quelssens, mais également par quels moyens.

Nous commencerons donc par l’étude de ces œuvres à valeur biographique, pour ensuitenous pencher sur la trame fictive qui suivent ces œuvres éponymes, pour enfin conclure sur ces biographies fictives, synonymes decohérence. Tout d’abord et pour commence, Quignard a fait le choix difficile d’écrire un roman sur un personnage dont l’histoire ne nous livrepresque rien, et dont il s’avère que même ses dates extrêmes sont approximatives.

Ce personnage, nommé Jean de St Colombe, nousest livré à travers une étude biographique réalisée par l’auteur, et basée uniquement sur le peu de témoignages livrés par d’autrespersonnages, comme le gambiste Marins Marais (Gérard Depardieu dans le film de Corneau).

Nous pouvons donc affirmer, par ladifficulté qu’a relevée Quignard pour retracer la vie de St Colombe, une volonté certaine de rendre hommage à un maître de musiqueréputé, au travers d’une œuvre à données biographiques.

Quignard nous révèle ainsi son goût prononcé ainsi que les secrets de laviole de Gambe, instrument remplacé ensuite par le violon et qui demeure un des symboles de la musique baroque.

Ce récit est parailleurs biographique puisqu’il nous cite de nombreuses références artistiques et historiques, comme le nom d’œuvres musicales créespar Jean de St Colombe, comme « Le Tombeau des Regrets », ou les peintures de Baugin, comme « Le dessert de gaufrettes », maisaussi en mentionnant les jansénistes de Port-Royal.

Celles-ci agissent comme preuves une fois de plus d’une véritable recherche etd’un réel hommage à l’histoire marginale et artistique baroque.

Mais Quignard pousse encore davantage son hommage, en adoptant unstyle d’écriture fragmentaire, alors en exergue au XVIIe siècle.

Tous les matins du monde est donc une œuvre partiellementbiographique, contenant le peu de données précises connues sur les personnages qu’elle met en scène, tout en rendant un véritablehommage à des oubliés de l’Histoire, mais également à l’art baroque. Cependant, et même en citant les seuls détails biographiques disponibles sur St Colombe, ces deux œuvres montrent également lanécessité d’une trame fictive et d’un scénario, afin de construire une histoire originale, complète et distinguée. Cette trame fictive rédigée par Quignard est celle de St Colombe, personnage au caractère énigmatique et taciturne qui n’arrive pas àfaire le deuil de sa femme, et Marin Marais, son élève à qui il enseigne la viole.

Ce fil conducteur, avec le conflit naissant entre sesdeux personnages, servira de support à Quignard pour étudier la création musicale, principal point de divergence entre le maitre et sonélève.

Car l’auteur réalise dans son écrit une véritable réflexion philosophique sur la portée de la création musicale, tout en essayantd’en cerner l’essence (Quignard prend notamment comme exemple le deuil comme prétexte à la création musicale).

La fiction nousapparait alors comme support à l’expression des réflexions ou des points de vue de l’auteur, mais aussi au réalisateur.

Quignard se faitégalement le porte-parole d’une narration volontairement imprécise, laissant libre court à l’imagination souvent foisonnante de seslecteurs.

Il laisse ainsi une grande part d’incertitude et de mystère quant à la jeunesse de St Colombe, mais également à d’autrespériodes de sa vie.

Corneau, réalisateur de tous les matins du monde, exerce également de nombreuses divergences entre le livre etson adaptation.

Effectivement, tous les matins du monde dure environ deux heures, tandis que l’œuvre de Quignard adopte un styleconcis et succin.

En plus de la fiction du livre, Corneau prend le parti de rajouter des dialogues, et de rallonger les séquences.

Ce non-respect de la fidélité du livre se traduit surtout par un souci de réalisme, le livre étant difficilement réalisable autrement.

De plus, il fautsavoir que malgré l’aspect fictif que prennent ces œuvres, elles respectent cependant la réalité des personnages intervenants,uniquement en croisant des personnages qui ne se sont sans doutes jamais connus, comme la rencontre entre le peintre Baugin etMonsieur de St Colombe.

Une des autres particularités à la fois du roman et du film est l’introduction peu commune d’une apparitionfantastique dans des œuvres qui ne le sont pas.

Cette apparition fantastique prend la forme de Mme de St Colombe, dont St Colombetente de faire le deuil, et intervient très peu de fois dans l’histoire.

Elle permet de confirmer au lecteur que cette œuvre demeure unefiction, mais use aussi d’un prétexte qui pousse le personnage à s’adonner toujours plus à la musique.

Ces œuvres agissent enconclusion comme des œuvres volontairement fictives, où le fil du récit est le support de plusieurs idées ou nécessités.

Et ce « filconducteur » demeure présent aussi bien dans le film que dans le livre. Mais ces œuvres nous livrent également une histoire menée dans un véritable souci de cohérence, aussi bien avec son époque qu’avecson intrigue. La cohérence reste la principale difficulté d’un récit qui se veut comme biographie fictive.

Et c’est par ce moyen que Quignard etCorneau attestent leurs véritables talents, ceux de reproduire, de recréer fidèlement une époque qui nous demeure malgré toutinconnue.

Aussi bien dans le fond que dans la forme, ces œuvres complémentaires respectent de multiples détails assurant unecrédibilité à leur création, et réussissent ainsi le difficile pari d’exposer et de montrer une époque lointaine.

De plus, Corneaureconstitue dans son film la musique dont l’œuvre parle, c’est-à-dire la viole de gambe, et permet au spectateur d’écouter dans lesconditions les plus fidèles possibles les créations musicales de Marin Marins, retranscrite par un pionnier de la musique baroque.

C’estdonc le portrait de toute une époque qui nous est fidèlement montré, d’où la fiction et la réalité se mélangent et se complètentaisément, en demeurant toutefois relativement difficiles à distinguer, preuve ultime d’un travail d’artistes minutieux que sont Quignardet Corneau. En conclusion, nous avons, par les différents moyens étudier, de saisir les véritables sens et enjeux de ces biographies fictives, enconcluant notamment à la maitrise que possède Quignard en terme de biographe, mais également en étudiant les aspects fictifs queQuignard et Corneau donnent à leurs créations, tout en prenant en compte leur réel soucis d’une fidèle reconstitution.En véritable ode à la musique et à certains artistes baroques, Tous les matins du monde (les 2 œuvres) s’affichent comme desreconstitutions vraisemblables sur existence d’un personnage méconnue auquel ils rendent hommage et assortis de procédésd’écritures romanesques.

C’est donc à ce titre que l’on peut qualifier ces deux œuvres de biographies fictives, signe d’un boncompromis entre imagination et rationalité, fiction et réalité, Histoire et histoire.. »

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