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RÉCITS DE VIE

Publié le 19/01/2020

Extrait du document

> QUESTION [4 points]

Caractérisez les relations entre auteur, narrateur et personnage principal de ces récits de vie. Votre réponse n’excédera pas une vingtaine de lignes.

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [16 points]

I - Commentaire

Vous ferez le commentaire du texte de Sartre.

II - Dissertation

Le récit de vie doit-il nécessairement éveiller la sympathie pour le personnage qu’il met en scène ? Vous organiserez votre réponse en vous appuyant sur les textes du corpus et sur vos connaissances et lectures personnelles.

III - Écrit d'invention

Relatez, en le développant, l’un des épisodes raconté par Tallement des Réaux dans son premier paragraphe en imaginant que vous êtes La Fontaine, parlant ironiquement de lui-même.

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Plan de la dissertation
I - Certes, le récit de vie peut éveiller la sympathie pour le personnage Il - Mais il peut aussi mettre en scène des personnages peu sympathiques 
 III - Écrit d'invention
Établissons la « feuille de route ».
- Forme : récit autobiographique.
- Situation d'énonciation : qui parle ? Jean de La Fontaine (« je ») ; à qui ? 
aucun destinataire en particulier ; de quoi ? soit du premier épisode raconté
 par Tellement des Réaux (La Fontaine oublie la commission dont l’a chargé son père pour aller à la comédie), soit du second (La Fontaine perd un paquet 
sans s'en rendre compte) ; quand ? entre 1641 et 1651 environ (La Fontaine avait alors entre vingt ans et trente ans).
_ Registre : les registres comique et satirique doivent se relayer.
- Développement du premier épisode : situation initiale, le père de La
Fontaine confie à son fils une mission importante; péripétie, La Fontaine rencontre des amis et se rend à la Comédie ; situation finale, La Fontaine J
reçoit les réprimandes de son père.

> Corpus

1. G, TALLEMENT DES RÊAUX, Historiettes, édition posthume de 1834 (l’auteur est né en 1619 et mort en 1690).

2. A.R. LESAGE, Histoire de GilBios de Santillane (1715-1735).

3. J.-P. Sartre, Les Mots, 1964.

Texte 3 : Jean-Paul Sartre, Les Mots, 1964

Un jour — j’avais sept ans - mon grand-père n’y tint plus : il me prit par la main, annonçant qu’il m’emmenait en promenade. Mais, à peine avions-nous tourné le coin de la rue, il me poussa chez le coiffeur en me disant : « Nous allons faire une surprise à ta mère. » J’adorais les surprises. Il y en avait tout le temps chez nous. Cachottteries amusées ou vertueuses, cadeaux inattendus, révélations théâtrales suivies d’embrassements : c’était le ton de notre vie. Quand on m’avait ôté l’appendice, ma mère n’en avait pas soufflé mot à Karl pour lui éviter des angoisses qu’il n’eût, de toute manière, pas ressenties. Mon oncle Auguste avait donné l’argent ; revenus clandestinement d’Arcachon, nous nous étions cachés dans une clinique à Courbevoie. Le surlendemain de l’opération, Auguste était venu voir mon grand-père : « Je vais, lui avait-il dit, t’annoncer une bonne nouvelle. » Karl fut trompé par l’affable solennité de cette voix : « Tu te remaries ! » « Non, répondit mon oncle en souriant, mais tout s’est très bien passé. » « Quoi, tout ? », etc. Bref les coups de théâtre faisaient mon petit ordinaire et je regardais avec bienveillance mes boucles rouler le long de la serviette blanche qui me serrait le cou et tomber sur le plancher, inexplicablement ternies ; je revins glorieux et tondu.

Il y eut des cris mais pas d’embrassements et ma mère s’enferma dans sa chambre pour pleurer : on avait troqué sa fillette contre un garçonnet. Il y avait pis : tant qu’elles voltigeaient autour de mes oreilles, mes belles anglaises1 lui avaient permis de refuser l’évidence de ma laideur. Déjà, pourtant, mon œil droit entrait dans le crépuscule2. Il fallut qu’elle s’avouât la vérité. Mon grand-père semblait lui-même tout interdit ; on lui avait confié sa petite merveille, il avait rendu un crapaud : c’était saper à la base ses futurs émerveillements.

Éditions Gallimard

1. Anglaises : boucles de cheveux.

2. Sartre a perdu l’usage d’un œil dès l’enfance.

« ~ Centresétrangers 1, juin 2004 SUJET 12 main.

Une autre fois il se saisit d'une petite chienne qui était chez la lieutenante-générale 2 de Château-Thierry, parce que cette chienne était de 20 trop bonne garde, et le mari étant absent, il se cache sous une table de la chambre, qui était couverte d'un tapis à housse.

Cette femme avait retenu à coucher une de ses amies.

Quand il vit que cette amie ronflait, il s'approche du lit, prend la main à la Lieutenante, qui ne dormait pas.

Par bonheur, elle ne cria point, et il lui dit son nom en même temps.

Elle prit 25 cela pour une si grande marque d'amour, que je crois, quoiqu'il ait dit qu'il n'en eut que la petite oreille, qu'elle lui accorda toute chose.

1.

Ordinaire : le porteur du courrier royal.

2.

Lieutenante-générale : la femme du lieutenant-général, c'est-à-dire d'un haut person­ nage investi à titre exceptionnel de l'autorité du roi.

Ill Texte 2: Alain René LESAGE, Histoire de Gif Blas de Santillane, 1715-1735 Je demandai à souper dès que je fus dans l'hôtellerie.

C'était un jour maigre.

On m'accommoda des œufs.

Pendant qu'on me les apprêtait, je liai conversation avec l'hôtesse que je n'avais point encore vue.

Elle me parut assez jolie et je trouvai ses allures si vives, que j'aurais bien jugé, quand 5 son mari ne me l'aurait pas dit, que ce cabaret devait être fort achalandé 1• Lorsque l'omelette qu'on me faisait fut en état de m'être servie, je m'assis tout seul à une table.

Je n'avais pas encore mangé le premier morceau, que l'hôte entra, suivi de l'homme qui l'avait arrêté dans la rue.

Ce cavalier portait une longue rapière et pouvait bien avoir trente ans.

Il s'approcha de 10 moi d'un air empressé : Seigneur écolier, me dit-il, je viens d'apprendre que vous êtres le seigneur Gil Blas de Santillane, l'ornement d'Oviedo et le flambeau de la philosophie.

Est-il bien possible que vous soyez ce savantis­ sime, ce bel esprit dont la réputation est si grande en ce pays-ci ? Vous ne savez pas, continua-t-il en s'adressant à l'hôte et à l'hôtesse, vous ne savez 15 pas ce que vous possédez.

Vous avez un trésor dans votre maison.

Vous voyez dans ce jeune gentilhomme la huitième merveille du monde.

Puis se tournant de mon côté et me jetant les bras au cou : excusez mes transports, ajouta+il, je ne suis point maître de la joie que votre présence me cause.

Je ne pus lui répondre sur-le-champ, parce qu'il me tenait si serré que 20 je n'avais pas la respiration libre, et ce ne fut qu'après que j'eus la tête dégagée de l'embrassade, que je lui dis: Seigneur cavalier, je ne croyais pas mon nom connu à Pefiaflor.

Comment connu ! reprit-il sur le même ton.

Nous tenons registre de tous les grands personnages qui sont à vingt lieues à la ronde.

Vous passez ici pour un prodige et je ne doute pas que l'Espagne 25 ne se trouve un jour aussi vaine2 de vous avoir produit, que la Grèce d'avoir vu naître ses sages.

Ces paroles furent suivies d'une nouvelle accolade, qu'il me fallut encore essuyer, au hasard d'avoir le sort d'Antée 3• Pour peu que j'eusse eu d'expérience, je n'aurais pas été la dupe de ses démonstrations ni 159. »

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