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RESUME DE LA TROISIÈME PARTIE DE LA NOUVELLE HELOISE

Publié le 29/04/2011

Extrait du document

   Saint-Preux doit renoncer a Julie.    La découverte par Mme d'Etange des amours de sa fille et de Saint-Preux précipite ses conséquences. Désespérée du destin de sa fille qu'elle sait condamnée à épouser celui que son père a choisi, la mère tombe gravement malade. Julie, torturée par le remords, est saisie d'une sorte d'hébétude. « Renoncez à Julie, écrit Mme d'Orbe à Saint-Preux ; jamais elle ne sera votre femme. Rendez-lui une liberté nécessaire à la vie de sa mère et à la sienne «. Malgré son désespoir, Saint-Preux comprend quel est son devoir. Il promet solennellement à Mme d'Etange d'agir comme elle le désirera, de se taire, de disparaître. Claire d'Orbe est chargée de remettre la lettre.    Tenez, cruelle, voilà ma réponse. En la lisant, fondez en larmes si vous connaissez mon cœur, et si le vôtre est sensible encore ; mais surtout ne m'accablez plus de cette estime impitoyable que vous me vendez si cher, et dont vous faites le tourment de ma vie.    Votre main barbare a donc osé les rompre ces doux nœuds formés sous vos yeux presque dès l'enfance, et que votre amitié semblait partager avec tant de plaisir ! Je suis donc aussi malheureux que vous le voulez et que je puis l'être ! Ah ! connaissez-vous tout le mal que vous faites ? Sentez-vous bien que vous m'arrachez l'âme, que ce que vous m'ôtez est sans dédommagement, et qu'il vaut mieux cent fois mourir que ne plus vivre l'un pour l'autre ? Que me parlez-vous du bonheur de Julie ? en peut-il être sans le consentement du cœur? Que me parlez-vous du danger de sa mère ? ah ! qu'est-ce que la vie d'une mère, la mienne, la vôtre, la sienne même, qu'est-ce que l'existence du monde entier auprès du sentiment délicieux qui nous unissait ? Insensée et farouche vertu ! j'obéis à ta voix sans mérite ; je t'abhorre en faisant tout pour toi. Que sont tes vaines consolations contre les vives douleurs de l'âme ? Va, triste idole des malheureux, tu ne fais qu'augmenter leur misère en leur ôtant les ressources que la fortune leur laisse. J'obéirai pourtant ; oui, cruelle, j'obéirai : je deviendrai, s'il se peut, insensible et féroce comme vous. J'oublierai tout ce qui me fut cher au monde. Je ne veux plus entendre ni prononcer le nom de Julie ni le vôtre. Je ne veux plus m'en rappeler l'insupportable souvenir. Un dépit, une rage inflexible m'aigrit contre tant de revers. Une dure opiniâtreté me tiendra lieu de courage : il m'en a trop coûté d'être sensible ; il vaut mieux renoncer à l'humanité.

« Maladie grave de Julie.

Saint-Preux a son chevet. Peut-être même tout est-il fini pour Julie.

Elle est gravement atteinte : « Je me sens défaillir...

le ciel aurait-il pitiéde mes peines ?...

Je ne puis me soutenir...

je suis forcée à me mettre au lit et me console dans l'espoir de n'enpoint relever.

Adieu, mes uniques amours.

Adieu, pour la dernière fois, cher et tendre ami de Julie.

Ah ! si je ne doisplus vivre pour toi, n'ai-je pas cessé de vivre ? » Elle a contracté la petite vérole.

La maladie est grave.

On la sauve pourtant.

Mais un souvenir la poursuit.

Dans ledélire de sa fièvre, elle a cru voir Saint-Preux agenouillé près de son lit et embrassant sa main.

Claire lui avouequ'elle n'a pas rêvé.

Saint-Preux a su que Julie était malade.

« Courant jour et nuit », en trois jours, il est venu deParis à Vevey.

Quoi qu'il advienne, il veut voir Julie. La veille (écrit Claire à Julie) je t'avais quittée assez tard, et M.

d'Orbe, qui voulut me relever auprès de toi cettenuit-là, était prêt à sortir, quand tout à coup nous vîmes entrer brusquement et se précipiter à nos pieds ce pauvremalheureux dans un état à faire pitié.

Il avait pris la poste à la réception de ta dernière lettre.

Courant jour et nuit,il fit la route en attendant la nuit pour entrer en ville.

Je te l'avoue à ma honte, je fus moins prompte que M.

d'Orbeà lui sauter au cou : sans savoir encore la raison de son voyage, j'en prévoyais la conséquence.

Tant de souvenirsamers, ton danger, le sien, le désordre où je le voyais, tout empoisonnait une si douce surprise et j'étais trop saisiepour lui faire beaucoup de caresses.

Je l'embrassai pourtant avec un serrement du cœur qu'il partageait, et qui se fitsentir réciproquement par de muettes étreintes, plus éloquentes que les cris et les pleurs.

Son premier mot fut :Que fait-elle ? Ah ! que fait-elle ? Donnez-moi la vie ou la mort.

Je compris alors qu'il était instruit de ta maladie ;et, croyant qu'il n'en ignorait pas non plus l'espèce, j'en parlai sans autre précaution que d'exténuer le danger.

Sitôtqu'il sut que c'était la petite vérole, il fit un cri et se trouva mal.

La fatigue et l'insomnie, jointes à l'inquiétuded'esprit, l'avaient jeté dans un tel abattement qu'on fut longtemps à le faire revenir.

A peine pouvait-il parler ; on lefit coucher. Vaincu par la nature, il dormit douze heures de suite, mais avec tant d'agitation, qu'un pareil sommeil devait plusépuiser que réparer ses forces.

Le lendemain, nouvel embarras ; il voulait te voir absolument.

Je lui opposai ledanger de te causer une révolution ; il offrit d'attendre qu'il n'y eût plus de risque, mais son séjour même en était unterrible.

J'essayai de le lui faire sentir ; il me coupa durement la parole.

Gardez votre barbare éloquence, me dit-ild'un ton d'indignation ; c'est trop l'exercer à ma ruine.

N'espérez pas me chasser encore comme vous fîtes à monexil : je viendrais cent fois du bout du monde pour la voir un seul instant.

Mais je jure par l'auteur de mon être,ajouta-t-il impétueusement, que je ne partirai point d'ici sans l'avoir vue.

Eprouvons une fois si je vous rendraipitoyable, ou si vous me rendrez parjure. Son parti était pris.

M.

d'Orbe fut d'avis de chercher les moyens de le satisfaire pour le pouvoir renvoyer avant queson retour fût découvert : car il n'était connu dans la maison que du seul Hanz, dont j'étais sûre, et nous l'avionsappelé devant nos gens d'un autre nom que le sien.

Je lui promis qu'il te verrait la nuit suivante, à condition qu'il neresterait qu'un instant, qu'il ne te parlerait point, et qu'il repartirait le lendemain avant le jour : j'en exigeai saparole.

Alors, je fus tranquille ; je laissai mon mari avec lui, et je retournai près de toi. Je te trouvai sensiblement mieux, l'éruption était achevée : le médecin me rendit le courage et l'espoir.

Je meconcertai d'avance avec Babi ; et le redoublement, quoique moindre, t'ayant encore embarrassé la tête, je pris cetemps pour écarter tout le monde et faire dire à mon mari d'amener son hôte, jugeant qu'avant la fin de l'accès tuserais moins en état de le reconnaître.

Nous eûmes toutes les peines du monde à renvoyer ton désolé père, quichaque nuit s'obstinait à vouloir rester.

Enfin je lui dis en colère qu'il n'épargnerait la peine de personne, que j'étaiségalement résolue à veiller, et qu'il savait bien, tout père qu'il était, que sa tendresse n'était pas plus vigilante quela mienne.

Il partit à regret ; nous restâmes seules.

M.

d'Orbe arriva sur les onze heures, et me dit qu'il avait laisséton ami dans la rue : je l'allai chercher ; je le pris par la main : il tremblait comme la feuille.

En passant dansl'antichambre les forces lui manquèrent ; il respirait avec peine, et fut contraint de s'asseoir. Alors, démêlant quelques objets à la faible lueur d'une lumière éloignée : Oui, dit-il avec un profond soupir, jereconnais les mêmes lieux.

Une fois en ma vie je les ai traversés...

à la même heure...

avec le même mystère...j'étais tremblant comme aujourd'hui...

le cœur me palpitait de même...

O téméraire ! j'étais mortel, et j'osais goûter..Que vais-je voir maintenant dans ce même asile où tout respirait la volupté dont mon âme était enivrée, dans cemême objet qui faisait et partageait mes transports ? l'image du trépas, un appareil de douleur, la vertu malheureuseet la beauté mourante ! Chère cousine, j'épargne à ton pauvre cœur le détail de cette attendrissante scène.

Il te vit, et se tut ; il l'avaitpromis : mais quel silence ! Il se jeta à genoux ; il baisait tes rideaux en sanglotant ; il élevait les mains et les yeux; il poussait de sourds gémissements ; il avait peine à contenir sa douleur et ses cris.

Sans le voir, tu sortismachinalement une de tes mains ; il s'en saisit avec une espèce de fureur ; les baisers de feu qu'il appliquait surcette main malade t'éveillèrent mieux que le bruit et la voix de tout ce qui t'environnait.

Je vis que tu l'avais reconnu; et, malgré sa résistance et ses plaintes, je l'arrachai de la chambre à l'instant, espérant éluder l'idée d'une sicourte apparition par le prétexte du délire.

Mais voyant ensuite que tu ne m'en disais rien, je crus que tu l'avaisoubliée ; je défendis à Babi de t'en parler, et je sais qu'elle m'a tenu parole.

Vaine prudence que l'amour adéconcertée, et qui n'a fait que laisser fermenter un souvenir qu'il n'est plus temps d'effacer !. »

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