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RÉVÉRONI SaiNT-CyR (Jacques-Antoine)

Publié le 21/03/2019

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RÉVÉRONI SaiNT-CyR (Jacques-Antoine), écrivain français (Lyon 1767-Paris 1829). Longtemps oublié et connu seulement par Pierre Larousse dans le Dictionnaire du XIXe siècle comme ingénieur militaire, il a été redécouvert depuis quelques années comme un romancier important à la charnière des xvme et xixe s. Officier du génie comme Laclos, il fit carrière sous la Révolution et l'Empire. Il composa des traités techniques et prit sa retraite de colonel en 1814. Parallèlement à ces activités officielles, il écrivit des pièces de théâtre à grand spectacle et des livrets d'opéra. La musique d'Elisa ou le Voyageur du Mont-Bernard (1795 ?) est due à Chéru-bini. Il mit en scène dans son théâtre des personnages aussi divers que Vauban, Cagliostro, Ml,e de Lespinasse et Christine de Suède. Son œuvre la plus fascinante est Pauliska ou la Perversité moderne (1798), roman noir qui suit les aventures d'une aristocrate polonaise chassée de chez elle et errant à travers une Europe à feu et à sang. On retrouve le même goût des scènes paroxystiques et des sentiments violents dans Sabina d'Herfeld ou les Dangers de l'imagination (1797-98), l'Ojficier russe à Paris (1814), le Torrent des passions ou les Dangers de la galanterie (1818). Il s'essaya aussi au roman historique dans la Princesse de Navarre (1812) et le Prince Raimond de Bourbon (1823) et publia avant sa mort un dernier roman délirant, Taméha, reine des îles Sand-vick à Londres en 1824 ou les Revers d'un fashionable (1825). La folie, souvent présente dans ses fictions, finit par l'emporter dans la réalité.

« RÉVÉRONI SAINT-CYR Jacques Antoine (1767- 1829).

Révéroni semblait condamné à un oubli irrévoca­ ble lorsqu'en 1955 Marcel Ruff vit dans ses romans une étape dans la vertigineuse « descente aux enfers » qui, selon lui, menait au satanisme baudelairien.

Peu après, Albert-Marie Schmidt appelait l'attention du grand public en demandant : « Révéroni Saint-Cyr est-il un autre Sade? » Michel Foucault, en 1962, et Henri Coulet, en 1967, furent tentés de répondre par l'affirmative.

Le roman Pauliska ou la Perversité moderne (1798) avait fait son retour dans notre mémoire culturelle.

Cent qua­ tre-vingts ans après sa parution, il a été réédité.

Autour de ce texte, une œuvre fascinante reste à découvrir.

Machineries La vie sociale de Révéroni est vouée aux rigueurs de la discipline et du calcul.

Depuis son entrée, jeune encore, dans le génie, on suit ses activités militaires: capitaine au début de la Révolution, attaché au ministère de la Guerre en 1792, ingénieur chargé des fortifica,tions sur l'Atlantique puis dans le Nord, répétiteur à l'Ecole polytechnique, responsable de divers services militaires sous l'Empire, il prend sa retraite de colonel en 1814, sans avoir connu une carrière particulièrement brillante.

Ce versant diurne de son existence est ponctué de mémoires et de traités techniques dont on retiendra des Inventions militaires et fortifiantes (1795).

L'Essai sur le perfectionnement des beaux-arts par les sciences exactes (1803) est déjà plus troublant par son projet de rationali­ sation des arts, qui le conduit à jouer de façon suspecte avec les chiffres et les équations.

C'est que cet officier est habité de rêves et de cauchemars.

Il reste ingénieur dans le maniement des machines d'opéra.

Sous la Révolution, il commence à rédiger des livrets où se manifestent le goGt de l'émotion et le sens du spectacle.

Élisa ou le Voyageur du mont Bernard (1795), opéra mis en musique par Cherubini lui-même, présente un jeune homme romantique promenant son désespoir au milieu des avalanches qui doivent secouer le décor, tandis que Héléna ou les Miquelets (I 795) culmine avec l'explosion d'une mine.

On retrouve ces grandes passions et ces effets dans la vingtaine d'autres pièces qu'il a composées.

Sa qualification profession­ nelle reparaît dans Vauban à Charleroi (1826), qui nous fait assister au siège de la ville.

Mais c'est dans le roman que son imagination se libère et produit les machines les plus fantastiques.

Pau­ liska traverse une Europe à feu et à sang.

travaillée sou­ terrainement de complots et d'expériences occultes.

Les récentes découvertes de Lavoisier, les techniques de l'imprimerie, les recherches sur l'électricité et le magné­ tisme fournissent tour à tour mécanismes et appareillages pour traverser les corps et leur faire dire leurs désirs ou leurs secrets.

Entre les machines sadiennes, qui déchi­ quettent les victimes, et celle de la Colonie pénitentiaire imaginée par Kafka, qui les marque de la Loi, Révéroni dit l'obsession d'individus dépossédés de toute intimité.

Révolutions Ces machines infernales sapent les fondements du réel, à 1 'image de révolutions qui mettent à bas les insti­ tutions les mieux établies.

On sait que l'officier Révéroni était aux Tuileries lors du 10-AoGt, à la Convention lors des émeutes de Vendémiaire.

Officier loyaliste, il semble. »

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