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Robert Desnos La peste

Publié le 29/05/2014

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Corrigé du commentaire du poème de Robert Desnos, « La Peste » Ce texte permet de prolonger l'étude de l'oeuvre de Camus. C'est un texte antérieur à l'écriture du roman étudié, mais il est intéressant car il reprend le même procédé de métaphore littéraire. Desnos a fait son entrée en poésie par le Surréalisme ; il est aussi connu pour son engagement, dans la résistance il aide les personnes en difficulté, notamment les juifs. Dans son recueil Contrées (1944), il utilise des procédés traditionnels qu'il déforme pour mieux dénoncer l'horreur du nazisme. Comment l'écriture poétique peut-elle porter un message de contestation ? Nous verrons tout d'abord que ce poème instaure une atmosphère d'angoisse, puis nous montrerons la puissance du travail poétique lorsqu'il est produit pour dénoncer. Le poète amène une atmosphère angoissante par divers procédés qui témoignent de la peur du locuteur. Les informations données restent imprécises et lacunaires : la métonymie « les pas », ainsi que la périphrase « le promeneur », ne permettent pas de se faire une idée claire du personnage qui arpente les rues. La modalité interrogative aux vers 2-3 trahit l'inquiétude du personnage. En effet, il semble n'entendre qu'un bruit de pas venant vers lui, sans expliquer la présence de ce marcheur mystérieux. L'angoisse augmente même au vers 4 avec la mention du « souffle ». Desnos reprend une image traditionnelle des récits destinés à faire peur ...

« L’écriture poétique de Desnos s’inscrit dans ce texte dans une volonté de résister : les jeux d’échos et d’opposition sont nombreux : le terme « battant » vers 2 et vers 12 utilisé dans deux sens différents : partie de cloche ou partie de la porte.

Dans le premier quatrain, le promeneur « se rapproche » tandis qu’il « s’éloigne », ce qui montre la réalité et l’efficacité de la lutte.

Le locuteur qui ne voit rien dans le premier quatrain, recouvre progressivement la vue : « je vois » vers 5 utilisé deux fois, et « je déchiffre » vers 13, au cœur du deuxième tercet, cette insistance s’oppose à l’opacité du monde présentée dans le vers 10 « jamais l’air de nuit ne fut si opaque ».

Dans le second quatrain, « les astres roulent sur l’arête des toits », tandis que dans la strophe qui suit, ils « roulèrent si loin de la terre » : la répétition du verbe « rouler » montre d’abord l’omniprésence, puis la disparition de la menace ; rappelons que nous sommes en 1944, à la Libération.

Nous voyons ainsi que le premier quatrain s’oppose au premier tercet : cela instaure une structure en boucle qui traduit l’enfermement.

La présence des éléments naturels au centre du poème peut aussi suggérer que la nature est le seul refuge, au cœur d’un univers angoissant.

La strophe 2 amène au texte une tonalité lyrique : la première personne du singulier qui évoque le même personnage que celui annoncé au vers 4 ; le thème de la nature montre que face à l’oppression, il y a un échappatoire : le regard « je vois » que le personnage porte par la fenêtre lui apporte l’espoir d’un ailleurs moins pénible.

Son enfermement l’empêche de voir la rue, mais lui permet d’observer le ciel : sa situation semble celle d’un homme au fond d’une fosse.

Le ciel reste sa seule solution pour fuir.

Le premier quatrain évoque les étoiles, portant des noms de déesses.

Les astres choisis apportent une forte lumière et une forme de sensualité, comme en témoignent les précisions suivantes « ventre blanc », « dégrafe sa tunique ».

Ainsi, la nature semble la seule issue, proposant lumière et sensualité dans un monde dominé par la peur.

Mais si le cosmos semble proche dans cette strophe, il s’éloigne dans la strophe suivante : peut-être pour montrer la fragilité de tout sentiment de sécurité, de tout confort.

Le poète a choisi le sonnet : c’est une forme extrêmement codifiée de 14 vers, avec un schéma de rimes précis et le plus souvent en alexandrins.

Mais Desnos opère de nombreuses modifications : il supprime certaines majuscules en début de vers, il supprime les rimes et rend plus importantes les assonances placées aux rimes qui témoignent d’une opposition et reprennent le thème de la résistance.

De plus les vers ne sont pas réguliers, ils font tantôt 14, 11, 13,15 et 16 syllabes.

Le vers 8 compte même 20 syllabes avec la diérèse du nom « Diane ».

Les distorsions sont nombreuses entre la syntaxe et le vers : des rejets aux vers 2, 4, 11, 13 et des enjambements aux vers 3 et 6, un contre-rejet au vers 7 ; Desnos nous montre ainsi un poème « malade », déstructuré : la forme lyrique est mise à mal par la peste.

L’ensemble de ces signes montre que la guerre vient contrarier la forme lyrique, la rendre impossible dans sa forme classique.

Face à l’horreur du nazisme, le langage semble à réinventer.

On peut aussi considérer que la forme contrainte du sonnet évoque la contrainte de l’occupation et que Desnos montre, par ses libertés d’écriture, que sa résistance à l’oppression lui offre une évasion. Conclusion A écrire selon votre ressenti, rappelez les axes du texte ; insistez sur l’usage de la peste comme mythe littéraire du mal (et pas seulement pour évoquer le nazisme) ; vous pouvez aussi montrer que la métaphore est fréquente, évoquons Paul Claudel qui utilise ce procédé autour de la lèpre dans sa pièce « L’Annonce faite à Marie » en 1912.. »

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