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ROCHE (Denis)

Publié le 06/05/2019

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ROCHE (Denis), écrivain français (Paris 1937). Membre, dès 1962, du groupe Tel Quel, auquel le lient des rapports tumultueux, il apparaît d'abord comme « le » poète du mouvement : il définit le poème comme « une arête rectiligne d'intrusion » qui assaille et déborde le lecteur « de la même façon qu'il a réussi à se faire écrire par l'auteur » [Récits complets, 1963 ; les Idées centésimales de Miss Élanize, 1964 ; Éros énergu-mène, 1968). Il cherche à dégager une écriture-matière des Dépôts de savoir & de technique (1980) que constituent les écritures conventionnelles, rhétoriques issues de l'accumulation historique des événements culturels, et qui finissent par investir la mémoire « physique » des individus (le « dépôt » est alors un « antéfixe »). Il ne s'agit donc plus d'écrire, mais de « mécrire » [le Mécrit, 1972) : la littérature doit se passer de toute jurisprudence, et pas seulement la poésie ; il faut, comme Diogène, briser son écuelle, et aborder l'écriture romanesque « avec le cynisme des chiens » [Louve basse, 1976). Dans une civilisation du « packaging » et du déchet, Denis Roche bricole une écriture à partir d'éléments hétéroclites, montages qui démontent, collages qui « ne collent pas », objets en marge du discours comme la photographie [Notre antéfixe, 1978) : ces « portraits de l'artiste et de sa compagne fixés grâce aux œuvres de M. Remington et de M. Niepce et en divers lieux, grâce à la rapidité des moyens de transports modernes » réalisent l'objectif initial du poète — le lecteur se voit regardé par le poème, qui est le poète lui-même se regardant au milieu d'une activité qui le dépasse de toutes parts. Poète, poésie et lecteur sont ramenés au point zéro, à la « mécul-ture » — issue de la lente putréfaction de la culture [Trois Pourrissements poétiques, 1973) que Roche saisit à travers ses traductions d'Ezra Pound, de Cum-mings et d'Olson —, « au-delà du principe d'écriture ».

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