Romain Rolland avant 1914 (histoire littéraire)
Publié le 07/04/2012
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L'errance de Christophe est toujours incarnée, concrètement rendue, offrant même une veine picaresque savoureuse, que le rapprochement avec un modèle du genre, comme le Lazarillo de Tormès, éclaire: présence du fleuve, Tormès, qui baigne la ville natale du héros comme le Rhin la maison de Christophe, exaltation d'une puissance vitale du héros «par-delà le bien et le mal«, vigoureuse satire sociale, signifiants analogues comme l'auberge, ou ce trait étrange que Rolland attribue à Christophe enfant : un teint de petit tzigane, qui fait penser au joli petit Maure...

«
militant des Cahiers de la quinzaine, aux côtés de Péguy,
compagnon fraternel.
La guerre de 1914 le surprend en Suisse, alors qu'il vient de terminer le jubilant Colas Breugnon et qu'il vit une intense
passion amoureuse avec l'actrice américaine Thalie.
Moment
de vérité pour Rolland : il ne transige pas, et seul contre tous,
ou presque, il dénonce la guerre et les atrocités des deux
camps; surtout, il remonte aux causes et accuse, avec les idéologies d'Etat, les puissances d'argent, le capitalisme.
Ce
sont les cinglants articles d'Au-dessus de la mêlée et des
Précurseurs, réunis dans L'Esprit libre.
Sa condamnation de la
guerre, qui prolongeait et actualisait sa révolte contre l'idéologie bourgeoise, se développe en soutien à la révolution
bolchevique
et au mouvement spartakiste; il salue l'œuvre de
Lénine, le martyre de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht
assassinés; en même temps, il fait connaître en France la non-violence de Gandhi, dressée contre l'impérialisme britannique.
Il est l'un des premiers à dénoncer Mussolini et
son
«règne de la trique et du ricin», l'assassinat de Matteotti en 1924 et l'emprisonnement de Gramsci.
Son opposition au nazisme est immédiate et irréductible.
Après de longues années passées en Suisse, il s'installera en 1938 à Vézelay ;
sous l'occupation allemande, surveillé par Vichy qui interdit certaines de ses œuvres, il poursuivra ses méditations du Voyage intérieur, achèvera le superbe édifice du Beethoven,
Les Grandes Epoques créatrices, et donnera, juste avant de
mourir, le bon à tirer du magistral Péguy.
Sa présence constante dans toutes les luttes de l'époque, où il apparaît à lui seul comme une véritable centrale
d'informations, de coordination, de diffusion et
d'avertissement, dressée contre les manipulations massives
et oppressantes de l'opinion, de Llôpïh, comme il nomme,
dans
Liluli, la nouvelle idole, et contre tous les mécanismes
-sociaux, politiques, culturels- de répression, conduit à
définir la position rollandienne comme étant essentiellement celle d'un écrivain militant; cette position explique la
continuité et l'actualité de l'influence de Rolland, influence
non pas spectaculaire et ponctuelle mais discrète et diffuse,
agissant sur l'émotivité profonde du lecteur.
Celui qu'on a
taxé
d'« idéalisme» n'a cessé de« regarder en face la sombre
et splendide puissance de la réalité»; celui qu'on a voulu figer
dans un pacifisme de «belle âme»' a reconnu et loué, avec.
»
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