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Roman et épopée

Publié le 29/03/2011

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   On oppose souvent le roman, au sens moderne du terme, c'est-à-dire tel qu'il apparaît en Occident en gros avec Cervantès, à l'épopée, en disant que celle-ci raconte les aventures d'un groupe, celui-là celles d'un individu; mais, depuis Balzac au moins, il est clair que le roman dans ses formes les plus hautes prétend dépasser cette opposition, et raconter par l'intermédiaire d'aventures individuelles le mouvement de toute une société.    A la lumière des œuvres romanesques que vous connaissez, vous commenterez et discuterez cette opinion de Michel Butor.     

Pour être traité à peu près convenablement ce sujet suppose :    — des lectures romanesques importantes : sinon Don Quichotte, au moins, par exemple, la Princesse de Clèves, Manon Lescaut, la Nouvelle Héloïse et un Stendhal, un Balzac, un Zola, avec, pour le XXe siècle, le roman cyclique (type : les Thibault, les Hommes de bonne volonté ou la Saga des Forsyte...). Il n'est pas nécessaire d'avoir tout lu. Mais il est difficile de traiter pareil sujet avec un seul exemple.

« renoncer tout de suite à ce type de « plan ». L'autre tentation consiste à partir « de ce qu'on connaît » pour débattre sans perspectives ni théorie du problème«individu et société » dans le roman.

Ceci mène à constater, par exemple, qu'il arrive des choses à Lucien deRubempré, individu, et que le même Lucien appartient à une société... Comment commencer ? Ce n'est pas pour rien que Butor parle de Balzac.

On peut chercher pourquoi : — il y a chez Balzac des individus qui deviennent des héros puis des types : on dit un Rastignac, comme on dit unTartuffe; — la Comédie humaine cherche à « faire concurrence à l'état-civil » et peut être lue comme une histoire de lapremière moitié du XIXe siècle. Balzac se démarque par rapport au roman de l'individu : Adolphe (antérieur) dans lequel la société n'est quefaiblement présente. Mais il est différent aussi des romans « sociaux » postérieurs : les Raisins de la Colère de Steinbeck (ou les romansde Malraux), dans lesquels l'individu disparaît. Ce n'est pas pour rien non plus que Butor part de l'épopée : elle a en commun avec le roman la consommationmassive, le pouvoir de créer des mythes, les grandes situations repères (Achille face à Agamemnon ; Rastignac faceà Vautrin; Lucien face à d'Arthez). Mais il faut ajouter que le roman n'a pas toujours eu ce statut supérieur : pendant longtemps il a été un genremineur (roman sentimental, roman noir, etc.).

Il serait utile de savoir que le roman a commencé d'avoir de hautesambitions (historiques et philosophiques) avec Walter Scott. Dès lors le point de départ peut être : la « majorité » du roman, qui joue, depuis le XIXe siècle, dans notrecivilisation le rôle que l'épopée a joué auparavant.

D'où la mort de l'épopée, qui a cessé d'être nécessaire.Comment composer? 1) Roman et individu Le roman moderne a souvent pour titre un nom, un prénom (René, le Père Goriot, César Birotteau, Madame Bovary,et déjà la Princesse de Clèves).

Il décrit un parcours et traite des trois grandes étapes d'une vie : — l'enfance et la formation : relations avec la famille; école; formation intellectuelle; — l'amour : éveil de la sensualité, amour, mariage; — l'ambition et l'insertion sociale : capacités et espérances; réalités. Voir pour étoffer ce plan : le Rouge et le Noir, Illusions perdues, l'Éducation sentimentale, N.B.

Le plus souvent le héros est masculin, et c'est à ce titre qu'il a droit à un parcours complet.

Mais le personnagecentral peut être une femme : la Princesse de Clèves, le Lys dans la Vallée, Madame Bovary.

Dans ce cas leparcours est moins complet : manque l'expérience de la profession et des activités.

Les femmes peuvent perdreleurs illusions amoureuses, mais elles n'en ont pas à perdre d'intellectuelles ou de politiques, ce qui renvoie déjà àleur situation dans la société (exemple de transition 1 -> 2). 2) Roman et société — Le mouvement d'une société : ascension économique, promotion de la bourgeoisie, pénétration du progrès dansles provinces...

Exemples à chercher chez Stendhal et Balzac. — Les différenciations d'une société : les: écarts entre les classes; les écarts Paris/Province; la constitution d'«espèces sociales ».

Inséparable du précédent, ce mouvement en est souvent la face négative. — Les difficultés d'une société : le problème de la jeunesse et du sous-emploi des capacités ; le problème de lafemme (apparition de la « femme de trente ans»; déjà dans la Princesse de Clèves, le malheur de l'héroïne vient dece que le monde traditionnel est envahi par des pratiques et valeurs nouvelles (magnificence, galanterie, ambition)et de ce qu'elle est demeurée esclave dans une société révolutionnée ; les victimes du « progrès » économique etsocial : les pauvres, le peuple, les marginaux (le mendiant dans Madame Bovary, et la fille d'Emma, qui devientouvrière de manufacture). N.B.

Par le thème des souffrances de l'intellectuel, de la femme, du jeune homme, etc., ce tableau social rejoint. »

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