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ROMAN ET MYTHE

Publié le 29/03/2015

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le mythe antique a fourni comme un modèle. Si bien que, sans paradoxe aucun, on pourrait affirmer que, dans une large mesure, la littérature moderne est née, à la suite de Joyce, d'un retour jusqu'à ses sources les plus antiques.

Précisons cependant que les mythes mis en oeuvre dans la littérature contemporaine ne sont pas exclusivement em­pruntés à la culture antique. Notre époque a engendré de fortes et symboliques figures, lesquelles ont acquis une dimension légendaire : ainsi Don Juan, Robinson Crusoé ou Faust. Poètes, romanciers, dramaturges de par le monde, se sont emparés de ces personnages et en ont fait les héros de leur propre oeuvre, enrichissant à chaque fois le mythe.

Par exemple, le personnage de Don Juan apparut dans la Chronique de Séville puis dans l'oeuvre de Tirso de Molina et fut repris ensuite de mille façons hors des frontières de l'Espagne, notamment par Molière, Mozart et son librettiste Lorenzo da Ponte, Byron, Baudelaire, Edmond Rostand, Henri Bataille, Montherlant, Pouchkine. Le héros échappe à son créateur. Il vit d'une vie autonome et se constitue en mythe.

 

Plus près de nous, on peut dire que certains écrivains ont créé des oeuvres d'une telle portée, d'une cohérence et d'une valeur symbolique telles qu'elles constituent un mythe moderne. Le roman de Melville, Moby Dick, relate une fable dont la richesse et la force n'ont rien à envier aux récits légendaires des cultures grecque ou latine. De même, les romans de Kafka, qui décrivent un monde animé d'une vie étrange et inquiétante : une mythologie personnelle naît, reflet et préfiguration à la fois des préoccupations du temps, qui prend rapidement place dans l'univers mythique de l'humanité tout entière.

« 174 /Le travail du romancier.

@l langue anglaise de l'entre-deux-guerres: Ezra Pound et T.

S.

Eliot.

Ce dernier, Américain installé en Grande-Bretagne et auteur à l'époque de ce grand poème The Love Song of A.

J.

Pru­ frock, prendra officiellement position en faveur de Joyce dans un article publié dans The Dia/ en novembre 1923 : « Ulysses, Order and Myth.

» Dans ce texte, T.

S.

Eliot, répondant aux objections formu­ lées par un critique nommé Aldington, souligne l'impor­ tance que revêt à ses yeux le roman de Joyce.

Non seu­ lement Ulysse constitue une grande œuvre d'art mais, de plus, il peut devenir un modèle pour tout écrivain.

En effet, grâce à Joyce, et ainsi que l'écrit T.

S.

Eliot,« à la place de la méthode narrative, nous pouvons maintenant utiliser la méthode mythique» .

.....

Dans son article, T.

S.

Eliot commence par manifester son admiration sans réserve pour Joyce : «Je tiens ce livre pour la plus importante expression de lui-même que l'âge présent ait trouvée; c'est un livre auquel nous sommes tous redevables et auquel aucun de nous ne peut échapper.

» Eliot souligne ensuite un point qui a été, selon lui, injuste­ ment ignoré par la critique.

Il s'agit, dans le roman de Joyce, du recours constant à la mythologie grecque -et tout par­ ticulièrement à l'histoire d'Ulysse telle que celle-ci a été rapportée par Homère dans L'Odyssée.

Le roman de Joyce -et le titre de celui-ci le montre assez - se présente comme la réécriture de L'Odyssée.

Suivant fidè­ lement la structure du poème homérique, Joyce transpose l'action dans un décor plus moderne, celui du Dublin qu'il connaît.

Sans le secours des commentaires fournis par Joyce et ultérieurement par la critique, le lecteur cependant risque­ rait d'avoir du mal à reconnaître dans le roman irlandais le pendant moderne du· poème grec.

En effet, alors que ce dernier racontait les dix années de voyages et d'aventures du rusé Ulysse tentant de rentrer. »

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