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Ronsard (1524 - 1585) et la Pléiade.

Publié le 14/05/2011

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— POINTS DE REPÈRE BIOGRAPHIQUES

— Pierre de Ronsard, né d'un gentilhomme au service de François le', fut page du dauphin, puis attaché successivement à plusieurs personnages de sang royal, et fit partie de plusieurs ambassades. Il se forma dans l'intimité des grands, brilla aux fêtes de la Cour. Beau de traits et le mieux fait des adolescents, il était le meilleur au luth, à la danse, à l'équitation et au ballon. Soudain il devient sourd, à vingt ans ! Alors, renonçant à la diplomatie et aux divertissements, il suivit son ami Baïf auprès de l'humaniste Dorat et fut un des jeunes gens que Dorat, devenu principal du Collège de Coqueret, groupait autour de lui pour leur faire étudier les auteurs grecs et latins. Au bout de cinq années, ces disciples formèrent la Brigade, appelée plus tard Pléïade. C'étaient : Ronsard, Baïf, Remy Belleau, du Bellay, Pontus de Tyard, Jodelle; ils s'honorèrent de l'adhésion de leur père spirituel, Dorat, et choisirent Ronsard pour chef. Celui-ci, dès son premier recueil, fut célèbre. Il passa sa vie dans la faveur des rois Henri II, Charles IX, Henri III, reçut d'eux abbayes et bénéfices, s'acquit une renommée européenne et mourut à soixante ans dans la gloire.

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« rythmes avant Victor Hugo; il a dit et prouvé la valeur de l'alexandrin, tel que trois siècles devaient l'employer aprèslui.]e) Refaire notre langue poétique et la rendre capable de rivaliser avec les anciennes; l'ayant défendue (contre leshumanistes méprisants), travailler à l'illustrer, c'est-à-dire enrichir son vocabulaire par forge de mots nouveaux etpar un système d'emprunts' aux Anciens, à la vieille langue française dont Ronsard a été un infatigable défenseur,aux dialectes provinciaux, au langage des métiers.

[Ronsard a ici innové avec prudence, avec goût, et bien de sestrouvailles ont été consacrées par l'usage.

Mais l'esprit de système n'en est pas moins fâcheux en pareille matière,l'érudition se marie mal au génie naturel d'une langue; enfin, on a eu tort de croire qu'une langue est d'autant plusriche qu'elle a plus de mots.]— Telle fut l'ambition audacieuse de Ronsard et de la Pléïade.

Elle était belle et montrait de la grandeur d'âme, unvéritable héroïsme d'invention poétique.

Elle méritait peut-être d'être heureuse; mais son audace même la jetafatalement sur de durs obstacles.

En sorte qu'échecs et réussites se sont fait à peu près équilibre dans les oeuvresde l'école.

Vérifions-le pour l'oeuvre de Ronsard. IV.

— LA PARTIE MORTE DE L'OEUVRE — Le plus ambitieux projet de Ronsard était une épopée dans laquelle la France aurait salué son Homère.

Ronsardavait choisi pour héros le mythique Francus, fils d'Hector le Troyen, fuyant les ruines de sa patrie et conduit par lesdieux vers nos côtes, fondateur légendaire de la monarchie franque.

Il pensait faire pour lui ce que Virgile avait faitpour Enée et, autour de cette figure venue de l'antiquité épique, évoquer les exploits de la France, les règnesglorieux des prédécesseurs de Charles IX.

Or ce poème, dont il caressa longtemps le rêve, cette Franciade que laFrance lettrée attendit des années et dont les quatre premiers chants lassèrent le poète au point qu'il ne la poussapas au delà, est précisément l'oeuvre où le génie créateur apparaît le plus nettement victime de ses erreursdoctrinales : le poème ne s'affirme national ni par son héros ni par l'inspiration du poète; c'est une réplique tantôt del'Iliade et tantôt de l'Enéide; la mythologie païenne s'y mêle arbitrairement au merveilleux chrétien, la descente deFrancus aux enfers ne nous est pas épargnée, puisque ses modèles l'accomplirent, et naturellement le prince yentend prédire les destinées de la nation qu'il doit fonder, il y voit défiler tous nos rois futurs...

C'est à 'Charles-Martel que Ronsard a interrompu cette royale lignée, et son poème.— Ronsard n'a pu davantage être notre Pindare : ses grandes odes pindariques, avec leur composition en strophes,antistrophes et épodes, calquée sur la composition grecque, sont des machines sans vie, lourdes et obscures; laplus lisible, l'Ode à Michel de l'Hôpital, est plus éloquente que lyrique.

Ici encore le poète est victime du parti prisd'imitation absolue; il s'impose une copie, il ne laisse pas son génie parler, il cherche Pindare au lieu de se chercher.- Aussi vain est le triomphe de l'érudition intempestive, des artifices d'imitation, du lyrisme conventionnel, dans lesHymnes, les Eglogues, le Bocage royal, où les souvenirs grecs et latins, les allusions à la mythologie, les subtilitésitaliennes tiennent la place de la vie réelle et de la vivante émotion. V.

— LA PARTIE VIVANTE DE L'OEUVRE — Le Ronsard poète de génie, le Ronsard éternel se trouve dispersé dans les Elégies, les Amours, les Discours.

Cesoeuvres sont postérieures aux années d'érudition forcenée; la découverte de la poésie grecque anacréontique(édition d'Henri Estienne, 1554) a mis le poète sur une voie mieux ouverte à son génie personnel que celle dePindare; enfin, un sentiment profondément sincère et personnel a rejeté le poids de réminiscences.A) Dans les Amours, il a chanté des femmes réellement aimées : Cassandre Salviati, fille d'un seigneur florentin établià Blois; Marie.

Dupin, jeune fille de l'Anjou; Hélène de Surgères, fille d'honneur de Catherine de Médicis, qui a faitrésonner en lui une note tendre et profonde de mélancolie.

Car il a connu et dit l'amour tendre et le platonique,comme l'amour gaillard, comme l'amour grave ou plaisant.

Poète de l'amour, Ronsard a su donner voix nouvelle à lajoie de vivre, à la beauté des êtres vivants et des choses, à la fuite du temps et à la cruauté de la mort.Les Elégies sont admirables quand elles sont possédées de la passion et des tourments inspirés par une femme quele poète nomme Genièvre, plus encore peut-être quand elles expriment une autre passion, celle dd la nature.

Unedes plus célèbres est l'élégie Contre les bûcherons de la forêt de Castine.

Ronsard est un de nos grands poètes dela, nature.

Il a surtout aimé la nature de sa petite patrie; sa campagne natale.

Il a vécu ses jours les plus heureuxsoit au château paternel de la Poissonnière (son berceau en Vendômois, au pied d'un coteau, sur le bord d'unevallée verte et tranquille : pays de bocages et de prairies, résumé de tout l'agrément tourangeau), soit en sesabbayes de Saint-Gilles, de Saint-Cosme, et de Croix-Val (en Touraine elles aussi).

Car la vie aux champsl'enchantait, il vivait en familiarité avec les bêtes, les arbres, les fleurs; il éprouvait de la joie à ne plus voir la ville nila Cotir.

Il eût mieux aimé ne manger que du pain et boire au ruisseau, mais dormir sur la verdure, rimer au bord del'onde et entendre boeufs et brebis dans le soir, revenant de paître; il eût mieux aimé cela que...

se vendre ! Vendresa liberté, sa pensée, son âme pour un peu de faveur : tel est, disait-il, le lot des courtisans à la Cour.Les Discours, poèmes d'angoisse et de colère inspirés par les misères d'une France que déchiraient les guerresreligieuses, c'est là peut-être que Ronsard est le plus original et le plus puissant.

Poète citoyen, il se jette en pleinelutte, mais pour le compte de la nation et par amour de la paix.

Il honore les protestants de foi, mais jettel'anathème à leur parti politique.

Il dénonce les fautes aussi de certains catholiques, mais sonne le ralliementnational autour de la religion traditionnelle.

Aux souverains, à Catherine de Médicis, à Charles IX surtout, il parleavec une noble franchise et une amitié sans flatterie, au nom de la France qui souffre et en leur rappelant qu'au-dessus des rois il y a Dieu.

Tant de noble passion et, dans sa passion, tant d'équité lui a inspiré un livre de poésie. »

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