Ronsard Anthologie

« l’austérité. Te regardant assise auprès de ta cousine Te regardant assise auprès de ta cousine,Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil,Je pensai voir deux fleurs d'un même teint pareil,Croissantes en beauté, l'une à l'autre voisine. La chaste, sainte, belle et unique Angevine,Vite comme un éclair sur moi jeta son oeil.Toi, comme paresseuse et pleine de sommeil,D'un seul petit regard tu ne m'estimas digne. Tu t'entretenais seule au visage abaissé,Pensive toute à toi, n'aimant rien que toi-même,Dédaignant un chacun d'un sourcil ramassé. Comme une qui ne veut qu'on la cherche ou qu'on l'aime.J'eus peur de ton silence et m'en ahai tout blërne,Craignant que mon salut n'eût ton oeil offensé. Pierre de RONSARD Ce poème est un sonnet et respecte par conséquent une forme fixe appréciée des humanistes.

Cependant, on notedeux quatrains fixes avec des rimes embrassées mais les deux tercets ont une disposition de rimes originales CDC-DDC.

Ronsard décrit dans ce poème sa rencontre avec Hélène, les deux quatrains développent le thème de labeauté des deux femmes avec une métaphore les rapprochant de fleurs (aussi présent dans Mignonne, allons voir si la rose) .

Si les quatrains relatent de la beauté, les tercets développent la fermeture d’Hélène avec des notations négatives tant sur le plan moral « peur » (ligne 13) que physique « blême » (ligne 13).

L’auteur livre presque une étude psychologique d’Hélène en insistant sur son attitude narcissique « n’aimant rien que toi-même » (ligne 10). La tonalité de ces deux dernières strophes peut expliquer l’irrégularité de la disposition des rimes de celles-ci. Ces deux poèmes peuvent être considérés comme caractéristiques de la poésie et plus généralement de lalittérature du XVI ème siècle qui, malgré la variété des productions littéraires, met en avant l’enrichissement de la langue française qui devient une grande langue littéraire.

De plus les auteurs de ce siècle sont unis autour d’unthème récurrent : le bonheur et la beauté que l’on retrouve dans les poèmes des humanistes de la Pléiade ainsi quedans ces deux derniers. Le poète, à ce siècle, joue un rôle pédagogique et philosophique en se questionnant sur les valeurs humaines ettente de dévulgariser la langue française.

Il s’appuie, pour ce faire, sur les modèles antiques. Ronsard, dans ces deux textes, respecte en partie les modèles antiques, en utilisant la langue française et non leLatin.

Il développe, de plus, l’idée de beauté, du temps qui passe et nous livre une réflexion sur la conditionhumaine : c’est pourquoi il peut être considéré comme un poète représentatif du XVI ème .. »