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RONSARD (Pierre de)

Publié le 03/05/2019

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ronsard

RONSARD (Pierre de), poète français (château de la Possonnière, Couture-sur-Loir 1524 - Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585). La vie et l'œuvre de Ronsard se situent exactement au milieu du xvie s. Les années d'enfance et d'adolescence se déroulent sous François Ier : Ronsard est page du dauphin François, puis de Charles d'Orléans son frère. C'est l'époque où l'humanisme croit encore en ses chances et où les dissensions religieuses épargnent la paix civile. Quand il publie ses premières œuvres, en 1550, Rabelais vit encore et avec lui l'esprit de l'humanisme évangélique, naguère conquérant, maintenant plus prudent. Et lorsque Ronsard donne au public ses derniers poèmes, les guerres civiles déchirent la France depuis plus de vingt ans ; on ne voit pas d'issue à ce déchaînement de violences, d'autant moins d'ailleurs qu'une grave crise dynastique vient de s'ouvrir avec la mort du dernier frère d'Henri III, roi sans enfant, ce qui fait d'Henri de Navarre, prince protestant, l'héritier légitime du trône. Montaigne, en 1580, a publié les deux premiers livres des Essais. L'heure semble à la sagesse et à la méditation.

 

Ronsard porte avec lui les espoirs de toute une génération, celle qui parvient à l'âge d'homme aux environs de 1545. Il croit à la renaissance éclatante de la poésie, favorisée par les rois, nourrie par l'immense travail des érudits qui mettent à la disposition des poètes les trésors des littératures grecque et latine. « Indompté de labeur », suivant son expression, il s'attelle à cette tâche, lui et cette « Brigade » enthousiaste de Coqueret qui, sous la houlette de Dorât, comprend aussi Du Bellay, Baïf et d'autres futurs grands noms. Cette renaissance, il la veut autant par amour de son pays que par amour de la poésie elle-même. Ces jeunes gens sont souvent des nobles, fils de ceux qui ont servi leur pays sur le champ de bataille ou dans la diplomatie. Faute de pouvoir les imiter — et cela, dans le cas de Ronsard, à cause d'une « sourdesse », surdité providentielle pour les lettres qui le frappe en 1541 et l'éloigne de la cour —, ils prennent la plume afin de porter très haut l'honneur de leur pays. Cette génération est profondément nationaliste. Elle n'admet pas que l'Italie seule (ou presque) se soit illustrée de son temps dans les arts et les lettres. La France aussi a droit à l'héritage de la Grèce et de Rome. Les Odes de Ronsard, en 1550, ont, sur ce thème, les mêmes accents que Du Bellay dans sa Défense et Illustration de la langue française (1549). Pour les mêmes raisons, cette génération refuse que les querelles religieuses affaiblissent la patrie. Ronsard, comme Du Bellay, Belleau ou Baïf, est sincèrement catholique : il possède cependant assez de lucidité pour se rendre compte des défauts de son église et de la nécessité d'une réforme, mais interne. Quand l'espoir de celle-ci s'évanouit en France, quand le conflit religieux devient une guerre civile, Ronsard choisit de défendre par la plume — à partir de 1562 — peut-être même par les armes, la foi de ses aïeux. Mais la violence de ses Discours contre les protestants ne doit pas cacher une amertume profonde devant un pays dévasté par la guerre,

 

une « République des lettres » ravagée par le fanatisme. À la fin de sa vie, Ronsard n'est pas loin des positions intellectuelles et politiques de Montaigne. La sagesse a succédé à l’enthousiasme, la force des choses a eu raison de la force de l'âge.

 

Cette trajectoire, d'autres poètes de son temps la parcourent aussi. Le climat de la poésie de Ronsard est toutefois plus complexe. Dès les années 1550, il est à la fois enthousiaste avec Pindare, qui lui donne le goût de l'exploit et de la gloire, sceptique avec Horace qui lui enseigne les chemins d'une sagesse moyenne. Et les années qui passent ne donnent pas forcément l'avantage à la résignation : les vers qu'il compose quelques semaines avant sa mort en l'honneur de Mercure sont parmi les plus ardents (et les plus beaux) qu'il ait écrits. Il n'y a pas vraiment d'évolution de Ronsard, mais plutôt une alternance perpétuelle d'états d'enthousiasme et d'états d'abattement. C'est ainsi d'ailleurs qu'il se représente avec son temps la psychologie des créateurs et des artistes. Faute de pouvoir le connaître intimement (il n'a laissé aucune correspondance intéressante), nous devons nous contenter de ce « moi exemplaire », semblable à celui des grands mélancoliques nés sous un astre qui les destine en même temps à la joie (celle de l'œuvre) et à la tristesse (qui vient de la conscience des limites de l'homme). Ronsard est donc, dans sa vie comme dans son œuvre, partagé : entre le désir d'être à soi et le souci d'être présent à la vie de son temps ; entre le goût du faste qui le mène vers les princes et leurs fêtes et celui de la simplicité qui le conduit vers ses jardins ; entre l'amour qui fait de lui le chantre de Cassandre, de Marie, d'Hélène et de quelques autres, et l'amour de l'amour qui transforme les femmes en autant de rêves poétiques. Plus que tout sans doute, ce qui compte pour lui, c'est l'œuvre à laquelle il se sacrifie, comme il le dit souvent, jusqu'à être vieilli avant l'âge par le labeur et les veilles.

 

Il commence par un coup d'éclat : les Quatre Premiers Livres des Odes, publiés en 1550, suivis d'un cinquième en

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