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Ronsard, Sonnets pour Hélène I, 2

Publié le 17/01/2022

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Ronsard, Sonnets pour Hélène I, 2 Quand à longs traits je boy l'amoureuse étincelle Qui sort de tes beaux yeux, les miens sont esblouïs. D'esprit ny de raison troublé je ne jouïs, Et comme yvre d'amour tout le corps me chancelle. Le coeur me bat au sein, ma chaleur naturelle Se refroidit de peur, mes sens esvanouïs Se perdent tout en l'air, tant tu te resjouïs D'acquerir par ma mort le surnom de cruelle. Tes regards foudroyans me percent de leurs rais' La peau, le corps, le coeur, comme pointes de trais Que je sens dedans l'ame, et quand je me veux plaindre, Ou demander mercy du mal que je reçois, Si bien ta cruauté me reserre la vois, Que je n'ose parler, tant tes yeux me font craindre. Le texte que nous avons à étudier est tire du recueil écrit par Pierre de Ronsard : Sonnets pour Hélène (1578). Dans ce recueil écrit a la fin de sa vie, Ronsard mêle deux thèmes majeurs : d'une part l'épicurisme et la poursuite du bonheur, d'autre part l'immortalité que prodigue la poésie. Les Sonnets pour Hélène incarnent donc à la fois une forme de provocation puisque Ronsard projette une vision réaliste de son propre avenir ; mais il est aussi un appel à vivre le présent pour vaincre la mort dans une veine qu'Epicure n'aurait sans doute pas reniée. Ce poème est un sonnet, c'est à dire l'actualisation d'une forme poétique particulièrement exigeante inaugurée par le poète Pétrarque. Dans le texte qui nous occupe aujourd'hui, Ronsard aborde un thème poétique qui peut être considère comme pour le moins classique puisqu'il s'agit du thème de l'amour, et plus précisément de l'effet produit par la femme aimée sur l'énonciateur du texte. Nous verrons que Ronsard crée un texte particulièrement exigeant du point de vue formel, dont la notion de paradoxe ou de balancement peut être considérée comme centrale. En effet, nous avons affaire a une déclaration d'amour ou la personne du poète est particulièrement omniprésente, avec la surabondance du pronom personnel « je » ; et nous avons affaire a un texte ou la relation amoureuse est considérée a la fois comme l'occasion d'un éblouissement et celui d'une crainte et d'une souffrance. La question au centre de notre travail sera donc de déterminer de quelle manière Ronsard renouvelle la forme du sonnet et le thème topique de l'amour en jouant sur de constants paradoxes. Si dans un premier temps nous pouvons étudier la structure et la forme du texte afin de montrer que nous avons affaire a un sonnet parfaitement régulier, nous verrons ensuite dans quelle mesure la notion de balancement est fondamentale pour en entendre les enjeux : tout d'abord parce qu'il chante la femme aimée en ne cessant de se rapporter a la personne de l'amant ; mais aussi parce que l'éblouissement amoureux est liée la souffrance, ce qui influencera durablement la pensée occidentale de l'amour.
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« fait qu'elles comportent trois phonèmes identiques : naturelle/etincelle, par exemple.

Nous pouvons égalementconstater que l'effort poétique de Ronsard porte sur l'utilisation des mêmes rimes en « elle » et « ïs» dans lesquatrains et respecte la tradition italienne du « concetto », c'est-à-dire de la pointe finale qui apporte une idéecentrale pour la compréhension du sens général du texte.

En effet, le dernier vers du sonnet introduit une idéeforte :« Que je n'ose parler, tant tes yeux me font craindre ». b.

Le thème majeur du sonnet : la passion amoureuse Le thème majeur de ce texte est incontestablement celui de la passion amoureuse, dans la mesure où le sonnetévoque la relation complexe entre l'énonciateur du poème et une femme qui n'est jamais nommée (mais dont le titregénéral du recueil nous laisse néanmoins supposer qu'il s'agit d'Helene) : Le cœur me bat au sein, ma chaleur naturelleSe refroidit de peur, mes sens esvanouïsSe perdent tout en l'air, tant tu te resjouïsD'acquerir par ma mort le surnom de cruelle.

Cette passion amoureuse fait l'objet de la part de l'auteur d'une véritable description, portée sur les effetsphysiologiques et moraux qui sont les siens.

En effet, le poète décrit avec un grand luxe de précision les effets quele sentiment amoureux ont sur lui, évoquant par exemple le rythme de son pouls et la chaleur de son corps.

Mais cesont aussi aux effets psychologiques de l'amour qu'il s'intéresse, montrant notamment de quelle manière la passionamoureuse s'accompagne chez lui d'un fort sentiment de peur, ce qu'affirme notamment la chute du sonnet : « Que je n'ose parler, tant tes yeux me font craindre ». II.

Un sonnet jouant de balancements et de paradoxes a.

L'opposition volontaire des deux premiers quatrains Par ailleurs, ce qui peut néanmoins nous frapper dans ce poème, qui traite au demeurant un thème pour le moinsclassique, c'est ce qu'il a de volontairement paradoxal.

En effet, Ronsard s'efforce d'instituer un balancement, sinonune opposition, entre les deux quatrains de son sonnet que nous pouvons citer ici en intégralité : Quand à longs traits je boy l'amoureuse étincelleQui sort de tes beaux yeux, les miens sont esblouïs.D'esprit ny de raison troublé je ne jouïs,Et comme yvre d'amour tout le corps me chancelle.

Le coeur me bat au sein, ma chaleur naturelleSe refroidit de peur, mes sens esvanouïsSe perdent tout en l'air, tant tu te resjouïsD'acquerir par ma mort le surnom de cruelle.

L'opposition est instituée entre les vers ½ et ¾ du premier quatrain ainsi qu'entre les deux quatrains eux-mêmes.

En. »

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