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SEDAINE Michel Jean: critique et analyse de l'oeuvre

Publié le 13/10/2018

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SEDAINE Michel Jean (1719-1797). L’homme était bon, irréprochable même; Diderot lui eût donné sa fille s’il n’eût été trop vieux. Ses personnages sont, écrit George Sand, « les derniers bons Français du dix-huitième siècle, s’élançant, avec tant de calme qu’on ne s’en aperçoit pas d’abord, vers le siècle nouveau » (Préface de Victorine). Voilà qui ne donne guère envie au lecteur contemporain de lire Sedaine ou au metteur en scène de monter ses pièces. Ce ne sont certes pas les bons sentiments qui font la bonne littérature, mais, disons-le d’emblée, l’exemple de Sedaine montre qu’à tout le moins ils ne l’empêchent pas. L’ensemble de son œuvre témoigne de la transformation profonde et durable de l’esthétique dramatique autour des années 1760 : élaboration du drame bourgeois et de l’opéra-comique, mise

« en cause des frontières entre les genres traditionnels, naissance de la mise en scène au sens moderne du terme.

L'ouvrier du théâtre Fils d'un entrepreneur des bâtiments du roi, Michel Jean Sedaine, après le décès de son père, est obligé d'ap­ prendre le métier de tailleur de pierre et complète son instruction pendant ses loisirs.

En 1752, il publie quel­ ques poèmes (Poésies fugitives), mais rien dans ces peti­ tes pièces ne laisse encore prévoir une carrière littéraire, et c'est par amitié pour Jean Monnet qu'il accepte en 1756 d'écrire pour l'opéra-comique, qui venait de perdre avec Vadé son auteur à succès; il donne le Diable à quatre ou la Double Métamorphose, opéra-comique accompagné d'une musique de Philidor, dont le sujet anglais offrait une situation dramatique neuve au théâtre de la Foire.

Le succès de cette pièce encourage Sedaine.

Il écrit successivement Blaise le Savetier (1759), l 'Huî­ tre et les Plaideurs (1759), le Jardinier et son seigneur (1761), dont les sujets sont inspirés de La Fontaine, sur des musiques de Philidor.

En 1761, On ne s'avise jamais de tout (musique de Monsigny) est donné à Versailles devant le roi :c'est la consécration du théâtre de la Foire, qui va préparer sa fusion avec la Comédie-Italienne.

Sedaine écrit, pour Monsigny, le Roi et le Fermier (1762) et, en 1764, Rose et Colas.

En 1765, sa comédie le Philo­ sophe sans le savoir, réplique aux Philosophes de Palis­ sot, est acceptée par les Comédiens-français et, en 1766, c'est l'apogée de son succès; on joue en même temps trois de ses œuvres : Aline, Reine de Golconde (sur une musique de Monsigny) à l'Opéra; le Philosophe sans le savoir au Théâtre-Français; le Roi et le Fermier aux Italiens.

Sa production jusqu'à la Révolution est fort variée.

On en retiendra d'abord la Gageure imprévue (1768), une charmante petite comédie à mi-chemin entre Mari­ vaux et Musset, librement inspirée d'une nouvelle de Scarron.

On y voit une jeune marquise qui tente de trom­ per ce mal qui atteint les êtres sensibles, prisonniers des conventions sociales et mondaines :l'ennui.

Par la suite, Sedaine écrivit encore quelques opéras-comiques, comme le Déserteur (avec Monsigny, 1769), Richard Cœur de Lion (1784) et Guillaume Tell (1791, avec Gré­ try) et une tragédie en prose, Maillard ou Paris sauvé (1786), qui fut longtemps interdite.

Il fut élu à l' Acadé­ mie en 1786; son succès ne se démentit point jusqu'à la Révolution (pour laquelle il eut, au début, de la sympa­ thie).

Mais il connut alors, et jusqu'à sa mort, un demi-oubli.

Le Philosophe sans le savoir : un « drame bourgeois? n Le héros de la pièce, Vanderk père, est un gentil­ homme qui, après diverses aventures et des revers de fortune, s'est enrichi dans le commerce, comme les riches négociants qui ont fait la fortune de Nantes ou de Bordeaux.

Le jour où, toute sa famille réunie autour de lui, il célèbre les noces de sa fille Sophie, son fils, qui est officier, s'apprête à se battre en duel avec un jeune homme qui a insulté à l'honneur des commerçants.

La comédie est construite sur l'interférence de la noce et du duel à l'intérieur d'un espace bourgeois.

La « philoso­ phie » éthique de M.

Vanderk père, la noblesse morale de Vanderk fils et de son adversaire assurent, avec le triomphe de la vertu, une issue heureuse à la pièce et un dénouement conforme aux règles de la comédie.

L'écriture de la pièce répond tout à fait aux exigences des théoriciens de la transformation du théâtre classique (tels que Diderot ou, plus tard, Beaumarchais et Mercier [voir DRAME]) : la « situation » et les « conditions » déterminent les caractères et 1' action.

Tous les personna­ ges sont des types sociaux dessinés avec une grande précision, tant par leur discours sur la scène que par les nombreuses didascalies qui aident à tracer leur image scénique.

Sedaine indique soigneusement les éléments de décor et les objets qui situent socialement les person­ nages; metteur en scène autant qu'auteur, il entend contrôler aussi les signes visuels.

La pièce offre un bon exemple de ce mélange des genres que souhaitaient les Philosophes (et c'est pourquoi elle fut appelée. »

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