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SÉVIGNÉ marquise de, née Marie de Rabutin-Chantal : analyse et critique de l'oeuvre

Publié le 14/10/2018

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SÉVIGNÉ marquise de, née Marie de Rabutin-Chantal (1626-1696). Cas limite de la littérature, les Lettres de Mme de Sévigné posent le problème du domaine réel de la création, celui de la conscience de récriture, celui des frontières de l’œuvre conçue comme totalité et inachèvement. Si Mme de Sévigné est sans doute un des personnages les plus populaires de la culture française, si ses Lettres demeurent, en particulier pour les historiens, un vaste réservoir de citations, ces mêmes lettres constituent une des œuvres les moins « lues », c’est-à-dire lues comme un texte imposant une durée et constituant une intégralité. C’est que, pendant trois siècles ou presque, les Lettres ont été souvent comprises comme un chef-d’œuvre d’esprit de société, et non comme l’expression d’une vision singulière du monde. Peut-être est-ce à Proust que nous devons la lecture nouvelle que notre temps a entreprise des Lettres de Mme de Sévigné. Il a, le premier, opposé à la Sévigné « de tout le monde » la Sévigné du « dedans », en découvrant dans les Lettres une œuvre qui, comme celle de Chateaubriand ou comme celle de Proust lui-même, réalise une recherche du temps perdu et dit inlassablement sa victoire sur l’absence et sur la mort.

 

La littérature ou la vie, la littérature et la vie?

 

A cette question fondamentale pour tout écrivain, à laquelle Proust choisit de répondre « la vie d’abord et la littérature ensuite », Mme de Sévigné apporte un traitement singulier. A partir d’un événement simple, sa séparation d’avec sa fille, elle ne vivra plus que pour écrire ce vécu, si bien qu’il lui deviendra impossible de savoir

« si sa vie n'est pas littérature- ou plutôt écriture- ou si cette écriture, cette littérature ne lui tient pas lieu de vie.

Tout dans son existence semblait, en tout cas, la pousser vers cette écriture, lieu à la fois de détachement et de coïncidences à soi-même, instrument d'isolement et de dialogue.

La littérature la cerne de tous côtés : elle est la petite-fille de Jeanne de Chantal, auteur d'admira­ bles lettres spirituelles; elle sait que l'esprit est un apa­ nage des Rabutin - on dit de son temps « rabutiner », comme on dira un jour «marivauder».

Son cousin Bussy-Rabutin se veut écrivain, historien, mémorialiste, moraliste.

Son cousin Coulanges est poète et chanson­ nier.

Mme de La Fayette, La Rochefoucauld, le cardinal de Retz sont au nombre de ses meilleurs amis : comment aurait-elle échappé à la littérature? Marie de Rabutin-Chantal est née à Paris.

Par son père, elle appartient à une très ancienne et très noble famille de Bourgogne.

Sa famille maternelle, les Coulan­ ges, s'est enrichie dans les finances.

Elle est orpheline de bonne heure : son père meurt en 1627, au siège de La Rochelle; sa mère, en 1632 : elle a six ans.

Pourtant, de son enfance, elle n'a que des souvenirs heureux.

Elle échappe à l'emprise de sa sainte grand-mère Jeanne de Chantal, fondatrice de la Visitation, qui aurait souhaité faire d'elle une religieuse, et reçoit une éducation bril­ lante chez les Coulanges, dans le milieu de la place Royale, apprenant le chant, la danse, l'équitation, les belles-lettres (la tradition veut qu'elle ait reçu les leçons de Chapelain et de Ménage), le latin, l'espagnol et l'ita­ lien.

Elle épouse en 1644 Henri de Sévigné, de bonne noblesse bretonne, séduisant mais querelleur, dépensier et volage.

En 1646 elle donne naissance à Françoise Marguerite (qui, en 1669, deviendra comtesse de Gri­ gnan) et, en 1648, à Charles, le «frater» ou le « com­ père » des Lettres.

Pendant la Fronde, Henri de Sévigné - qui est parent du coadjuteur, futur cardinal de Retz - est du parti du duc de Longueville.

Grâce à la dot de sa femme (100 000 écus), Henri de Sévigné peut acheter la charge de gouverneur de Fougères, mais, en 1651, il se bat en duel pour l'honneur de sa maîtresse, « la belle Lolo », Mme de Gondran, et il est tué.

Mme de Sévigné, à vingt-six ans, est veuve, avec deux enfants à élever.

Une partie de sa fortune a été préservée grâce à son oncle, l'abbé de Coulanges, dit le« Bien Bon», qui lui servira désormais d'homme d'affaires.

Pendant les premiers temps de son veuvage, après une retraite aux Rochers, en Bretagne, Mme de Sévigné est très entourée : des poètes comme Marigny, Montreuil, Saint-Pavin la célè­ brent; de hauts personnages comme Turenne et Fouquet la courtisent.

Elle compte parmi ses amis la Grande Mademoiselle, Mme de La Fayette, Mme Scarron, future Mme de Maintenon; en 1657, M 11e de Scudéry trace d'elle dans Clélie un portrait fort séduisant sous le nom de princesse Clarinte.

En 1661, après l'arrestation de Fou­ quet, chez qui la jeune femme a connu La Fontaine et Corneille (deux de ses auteurs favoris), on découvre dans les papiers du surintendant des lettres de Mme de Sévigné, que Louis XIV lit et trouve très «plaisantes».

En 1663, M 11e de Sévigné danse à la Cour dans le Ballet des Arts et, l'année suivante, dans le Ballet des Amours : Mme de Sévigné paraît très préoccupée de marier au mieux sa fille adulée.

En 1665, Bussy-Rabutin, dans l'Histoire amoureuse des Gaules, fait un portrait très dur de sa cousine, qui lui a refusé 1' argent nécessaire pour lever des troupes.

Une longue querelle s'installe entre eux, joute oratoire brillante qui, après les relations à Pom­ ponne sur le procès de Fouquet, apparaît un peu comme les gammes de l'art de Mme de Sévigné, lequel ne se déploiera dans toutes ses nuances que lorsque, après le mariage de Françoise Marguerite, « la plus jolie fille de France», celle-ci doit quitter Paris pour suivre son époux, le comte de Grignan, nommé lieutenant général du roi en Provence.

Elle laisse sa mère désemparée, le 4 février 1671.

C'est le début de la fameuse correspon­ dance entre la mère et la fille, dont nous ne connaissons que les lettres de la mère.

Désormais, la vie de Mme de Sévigné ne connaîtra pour grandes dates que celles des séparations et des retrouvailles avec Mme de Grignan.

« Il faut se consoler et s'amuser en vous écrivant».

Une petite-fille, Marie-Blanche, est née en 1670; un petit-fils, Louis Provence, naît en 1671.

En 1673-1674, Mme de Sévigné rejoint sa fille en Provence, et, en 1674-1675, Mme de Grignan est à Paris avec sa mère.

En 1676, Mme de Sévigné est en Bretagne, auprès de son fils.

Atteinte d'un rhumatisme, elle va le soigner à Vichy, et Mme de Grignan retrouve sa mère à Paris.

Les deux femmes sont ensemble jusqu'en 1679, à peu près sans interruption : c'est dire que les plaintes de Mme de Sévigné sur sa séparation éternelle d'avec sa fille relèvent de l'amplifi­ cation littéraire.

Entre 1681 et 1684, la mère et la fille se retrouvent à Paris.

Charles de Sévigné épouse en Breta­ gne Marguerite de Mauron, dont il n'aura pas d'enfants.

Mme de Sévigné passe un an aux Rochers pour ses affai­ res.

On se réunit à nouveau à Paris en 1685, et, en 1688 seulement, Mme de Grignan retourne en Provence.

Le «Bien Bon» est mort en 1687.

De Bretagne, Mme de Sévigné se rend à Grignan pour rejoindre sa fille et elle y séjourne jusqu'en 1691, date de son retour à Paris avec les Grignan.

En 1694, Mme de Sévigné reste seule, mais c'est la dernière séparation, puisque la mère rejoint sa fille après quelques mois.

On marie Louis Provence au début de l'année 1695 et Pauline (la benjamine, née en 1675) épouse la même année le marquis de Simiane.

Mme de Sévigné meurt au château de Grignan au printemps de l'année suivante, emportée par la petite vérole.

Le roman des Lettres Les Lettres de Mme de Sévigné constituent sans doute un ouvrage involontaire.

A l'origine, on sait le dégoût de l'aristocrate de se trouver mêlée à la littérature autrement que par l. »

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