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SIMONIN (Albert)

Publié le 15/05/2019

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SIMONIN (Albert), écrivain et scénariste français (Paris 1905-id. 1980). Jusqu'en 1953, le seul argot présent dans la « Série Noire » était celui de certains romanciers américains, « rendu » en français par les traducteurs. Avec Touchez pas au grisbi ! (1953), préfacé par Mac Orlan, Albert Simonin fit entrer dans la littérature policière l'argot français, la langue des voyous et des truands des villes {le Petit Simonin illustré, 1957). Sur un fond de banditisme et de violence se déploie un verbe truculent, baroque, si vivant que, noyant parfois l'intrigue, il devient presque en lui-même le thème majeur du récit {Le cave se rebiffe, 1954; Du mouron pour les petits oiseaux, 1960; l'Élégant, 1973). Simonin a ouvert une brèche où se sont engouffrés, selon des styles différents, d'autres auteurs qui ont régénéré le « roman noir » national, tels Frédéric Dard ou Jean Vautrin. Il a

 

laissé une autobiographie inachevée {Confessions d'un enfant de la Chapelle, 1977).

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)13 septembre 1967 Série C-46 Fiche No 1980 Simonin (Albert) 1.

Dès la parution de cc Touchez pas au Grisbi "· la critique française a salué en Simonin un des maîtres du roman de série noire, jusqu'alors illustré principalement par les auteurs américains.

Spécifique par le cadre choisi et l'originalité des intrigues, l'œuvre d'Albert Simonin confirme sa qualité par la finesse de' l'analyse psychologique du "milieu ,.

et par sa tentative, une des plus convaincantes, d'accorder à l'argot ses lettres de noblesse littéraire.

2.

Fils d'un fleuriste, né en 1905 à Paris, Albert Simonin quitte l'école communale pour devenir, à 12 ans, calicot puis successivement électricien, fumiste, négociant en perles.

Journaliste à cc L'Intransigeant" (1928), il est chargé de la rubrique sportive.

Chauffeur de taxi, il tire de son expérience un reportage romancé, "Voilà le Taxi "· publié en 1935.

Revenu au journalisme, il tient à "L'Intransigeant" une chronique quotidienne, le " Billet de l'Homme de la Rue"· et donne à " Voilà " et à " Détective" une série de reportages sur la vie secrète de Paris.

Après quelques années censacrées à des activités techniques de mise en pages, il publie en 1953" Touchez pas au Grisbi" (44 000 exemplaires vendus en une vingtaine de jours), qui recevra le Prix des Deux­ Magots, puis "Grisbi or not Grisbi "• " Une Balle dans le Canon "• " Le Cave se rebiffe"· Historien avec " Histoire des Jules à travers les Ages "• lexicologue avec son dictionnaire d'argot " Le Petit Simonin illustré " (déjà "Voilà le Taxi " était suivi d'un lexique de l'argot des chauffeurs), on lui doit en outre un roman de forme clas­ sique, " Du Mouron pour les Petits Oiseaux" (1960) et le scénario de plusieurs films.

3.

Venu au roman par le biais du journalisme, Simonin a gardé de ses années de chroniqueur et de reporter l'art de l'évocation elliptique.

Excellent créateur d'atmo­ sphère, il possède au plus haut degré le sens du " pris sur le vif "· Sa maîtrise de l'argot le seconde admirablement dans la description de scènes hautes en couleur dont l'expressivité s'harmonise ainsi à un respect strict du réalisme.

L'intrigue, à la fois heurtée et menée selon une logique rigoureuse, se déroule sans temps morts, éclairant d'une lumière de plus en plus crue, au rythme de ses rebondissements, la psychologie des principaux personnages.

4.

A la différence de ceux d'Auguste Le Breton, dont les héros appartiennent à " l'Olympe du Crime "• les truands de Simonin ne possèdent pas la sûreté et l'arro­ gance des caïds.

Leurs erreurs passées, une certaine conscience de leur faiblesse confèrent aux plus lucides d'entre eux le goût de la fatalité et un attachement irrésis­ tible à la vanité de leurs entreprises.

Entraînés malgré eux dans l'aventure ou jouant de déveine, ils retrouvent, à la fin du roman, la médiocrité de leur condition initiale.

Le personnage du truand vieillissant, gagnant en amertume ce qu'il a perdu en audace inutile, reste à cet égard une des trouvailles les plus heureuses de Simonin.

5.

De l'œuvre romanesque se dégage une morale de l'échec.

Le " milieu " est une école de dérision.

Comme dit Max le Menteur, le héros de" Touchez pas au Grisbi n: " Un affranchi est toujours le cave de quelqu'un." C'est la grande pitié du truand qu'illustre ironiquement cc Le Cave se rebiffe"· où une équipe de faux-monnayeurs perd le bénéfice de son opération au profit du naïf graveur dont elle emploie le talent.

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