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Sous la forme d'une dissertation organisée vous commenterez cette page de « l'Étranger » de Camus.

Publié le 11/09/2014

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Mais cette soumission scrupuleuse aux conventions sociales est chez lui le signe de quelque chose de plus profond. Cette société dans laquelle il vit l'étouffe et l'écrase. A l'idée de sollicite' de son patron un congé que les circonstances imposent, il se sent timide, mal à l'aise. Le motif qu'il invoque est, à ses yeux, une « excuse «. Il se sent vaguement coupable et il épie avec anxiété les signes de contrariété que provoque chez son patron cette sollicitation qu'il juge indiscrète. Il éprouve même le besoin de s'en justifier dans les termes qu'emploierait un enfant que l'on gronde : «Ce n'est pas de ma faute «. Mais ce qui est plus grave encore, l'influence contraignante de cette société l'a réduit à l'état d'automate. Ce 

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« XXe SIÈCLE : LE ROMAN 233 I.

LE PERSONNAGE PRINCIPAL D'emblée nous faisons connaissance avec le personnage prin­ cipal qui nous communique ses impressions à l'occasion d'un événement particulièrement tragique de son existence : la mort de sa mère.

C'est à travers ces impressions que nous nous faisons une idée de l'homme.

A vrai dire, le premier trait qui frappe chez lui c'est son insensibilité.

La triste nouvelle qui vient de lui parvenir sous la forme sèche, impersonnelle et laconique d'un télégramme ne provoque en lui autant dire aucune émotion.

II semble enregistrer avec une morne passivité et une étrange indifférence le malheur qui le frappe.

On s'attendrait au moins à un choc de douloureuse stupéfaction.

Or il n'en est rien.

Et l'on ne peut même pas imaginer, à sa décharge, un mouvement de pudeur instinctive qui 1 'amènerait à nous taire certains de ses sentiments : la douce familiarité d'un souvenir d'enfance par exemple qui pourrait prendre une valeur poignante dans la mesure où s'y trouverait associée la disparue.

Car dans la transcription fidèle qu'il nous fait de ses impres­ sions, il ne cherche pas à nous dissimuler quoi que ce soit de ce qu'il éprouve.

La meilleure preuve sans doute nous en est donnée par un détail inattendu.

Ce qui le préoccupe en somme, ce n'est pas l'événement pénible annoncé mais un élément tout à fait extérieur et accessoire : la date exacte du décès de sa mère sur laquelle le télégramme ne lui apporte aucune précision.

Il y revient à deux reprises : avant de donner le contenu du message qu'il a reçu et après l'avoir communiqué.

Cela constitue chez lui un peu comme une hantise, et l'ignorance où il est tenu de ce détail sans importance visiblement le préoccupe et l'agace.

Son insensibilité s'accompagne donc de futilité.

Et cette futilité est elle-même révélatrice de son manque de bon sens.

Il ne voit pas l'importance des choses à leur véritable niveau.

Il n'a pas une vision dominée des faits.

Sans doute tout cela ne 1 'empêche pas de prendre sur-le-champ les dispositions qui s'imposent.

Il a tôt fait d'envisager et de décider l'heure de son départ, le mode de transport qu'il empruntera et l'heure aussi de son retour, après la cérémonie.

Mais cet homme à vrai dire ne semble pas s'apprêter à rendre à sa mère un dernier et pieux devoir.

Il s'acquitte simplement avec correction d'un rite que les conventions sociales lui imposent et c'est pour la même raison qu'il emprunte à un ami la cravate noire et le brassard dont il a besoin pour le jour de l'enterrement.

La tenue de deuil - même réduite à sa plus simple expression -fait partie, pour. »

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