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Structure du recueil : Les ''Châtiments'' de Victor Hugo

Publié le 14/03/2015

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Trois poèmes soutiennent l'ensemble de cet édifice poétique : Nox, L'expiation et Lux, situés à trois endroits stratégiques du recueil, au début, à la fin du livre V, c'est-à-dire en fait au milieu, et en conclusion. Ces trois textes balisent un parcours imaginaire, qui commence dans le tragique absolu et le désordre total du coup d'État; il se poursuit par le tableau de l'expiation de Napoléon préfigurant le châtiment promis au dictateur, et il s'achève par un immense rayon de lumière qui symbolise la marche irrésis­tible de la République et de la liberté.

On retrouve avec ces trois textes un autre schéma fondamental de la Bible, récurrent dans la Genèse: chute / expiation / rédemp­tion. Ces trois termes donnent la clef de la perspective imagi­naire qui anime le recueil : le coup d'État du 2 décembre, est comme une répétition du péché originel que fut celui du 18 bru­maire ; Les Châtiments, qui d'une certaine manière cherchent à se faire l'interprète de la parole de Dieu, déclenchent le pro­cessus d'expiation, avant la rédemption et le jugement dernier, autrement dit le retour de la justice et de la liberté.

 

Il est sûr en tout cas que L'expiation, poème placé à peu près au centre du recueil, délimite une sorte de basculement sinon de frontière. Entre Nox et L'expiation, Hugo nous entraîne dans un effroyable voyage au bout de la nuit, qui est aussi une remon­tée aux sources dangereuses du bonapartisme. Le coup d'État du 18 brumaire, qui met fin à la dynamique révolutionnaire, n'a finalement apporté qu'une suite de malheurs à la France. En superposant le coup d'État du 2 décembre sur celui du 18 bru­maire, Hugo veut exhiber une logique destructrice qui ne pourra conduire qu'à la ruine et à la décadence du pays.

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« un même énoncé des idées contradictoires, elle juxtapose des oppositions.

En \'occurrence, Hugo s'empare de \'argumentation de son adversaire Napoléon Ill, qu'il fait mine de faire sienne, afin de montrer sa monstruosité par une confrontation cruelle avec la réalité des faits que décrivent les poèmes.

Ce qu'il met aussi en relief, c'est le discours de la bonne conscience du tyran et de ses complices, qui s'emploient à donner une apparence de propreté morale et de légalité politique à leurs crimes et à leur despotisme.

Le vocabulaire de ces titres met en évidence un programme réactionnaire, qui fait appel à l'ordre, la famille, la religion, l'auto­ rité, la stabilité.

En politique, on appelle réaction, ou programme réactionnaire, un mouvement d'opinion qui s'oppose au progrès social issu des principes de la Révolution française, et qui vise à rétablir des institutions antérieures.

En \'occurrence, Hugo, reproche à Napoléon Ill de rompre avec les idées républicaines, fondées sur la liberté, le progrès et la démocratie, et de vouloir renouer non seulement avec les institutions inégalitaires de l'Ancien Régime, mais aussi avec la dictature instaurée par son oncle Napoléon 1er.

Le dernier titre de la liste n'est pas exactement sur le même plan que les autres : Les sauveurs se sauveront.

Il peut être pris à double entente : il peut signifier ironiquement que les nou­ veaux maîtres du pouvoir sauveront leur âme, le jour du juge­ ment dernier, ou bien qu'ils« se sauveront», qu'ils s'enfuiront, comme des voleurs, le jour où la République sera restaurée.

Un schéma biblique Pourquoi sept parties? La réponse est donnée par le poème qui ouvre la dernière section : « Sonnez, sonnez toujours, clai­ rons de la pensée » (VII, 1 ).

La répartition en sept livres rappelle l'épisode du prophète Josué et des trompettes de Jéricho (Josué, 6).

Josué, à la tête des Hébreux tourne sept fois autour de la ville.

Un prodige alors s'accomplit: «À la septième fois, les murailles tombèrent» (VII, 1 ).

Les Hébreux peuvent ensuite s'emparer de la ville et la détruire.

On voit bien l'intention du poète.

Chacune des sept parties de son recueil doit agir comme un coup de trom­ pette menaçant, avant le châtiment final.

Avec obstination, Hugo lance, par rafales, des attaques qui, espère-t-il, finiront bien par avoir de l'effet.

Ce schéma ostensiblement mis en évidence implique une intention de vengeance et de destruction.

27. »

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