STRUCTURES ET DYNAMIQUES DU ROMANTISME

« Just donne son expression la plus complète à l'opti­ misme révolutionnaire ; les hommes avaient droit au bonheur, de toute éternité, quoi qu'en aient pu dire les théologiens du péché, chiens de garde ou caution, comme on le voyait de mieux en mieux, d'un ordre injuste et dépassé ; les hommes ont désormais la possibilité d'être heureux, de s'accomplir, de se réali­ ser, les obstacles dressés par les nobles, les rois et les prêtres étant à jamais brisés.

Une idée née des besoins et des aptitudes d'une humanité qui s'éveille, peut passer dans le réel grâce à l'action des masses.

Comment, en ces temps, imaginer d'au­ tres obstacles au bonheur et à la liberté ? Seuls, désormais, pourraient se plaindre de misère, de solitude et d'impuissance les exclus, les parias de l'ancien monde, ceux qui n'intégreraient pas la Révo­ lution à leur univers, ceux qui ne s'intégreraient pas à l'univers de la Révolution.

De fait, il existera, long­ temps, un romantisme de ces vaincus, alors que naît un monde neuf, plus fort, plus rationnel, plus entreprenant, plus mobilisateur d'énergies de plus en plus nombreuses et de mieux en mieux armées.

Mais on verra vite ce romantisme aristocratique prendre une autre signification, acquérir une portée critique inattendue ; d'abord, littérature de fos­ soyeurs, la littérature romantique, celle des médail­ lons et des mèches de cheveux, celle des urnes et des portraits du roi-martyr, redeviendra une littérature d'exigence, une littérature de la jeunesse, à mesure que se précipiteront les difficultés du nouveau mon­ de, à mesure que se dégraderont et de pervertiront les moyens et les valeurs par lesquels et pour les­ quels il déracine et embrigade l'humanité.

A J'image du jeune général des victoires sur l'Europe, à l'image des lois nouvelles, ne s'oppose guère, d'abord, que jeunes malades et jeunes captives, combattants de J'armée de Condé, ou dérisoires héros de Quiberon,. »