Devoir de Philosophie

Stylistique - Colonel Chabert de Balzac

Publié le 03/04/2015

Extrait du document

balzac
TECHER NELLY MERRY JENNIFER09/03/15 MEEF CAPES LETTRES MODERNES STYLISTIQUE Honoré de Balzac place souvent les portraits au coeur de son entreprise romanesque. En effet, l'écriture balzacienne montre que ce dernier aime à s'attarder sur la singularité de ses personnages afin de souligner tout ce qui fait leur authenticité et leur vraisemblance. Dans le court roman du Colonel Chabert, qu'il publie dans une première version en 1832, le personnage éponyme ne déroge pas à son intention réaliste. On y découvre la vie d'un colonel nommé Chabert, qui aurait été déclaré mort à la bataille d'Eylau. En réalité, ce dernier survit sous les gravats et apprends à son retour que sa femme s'est remariée et est partie avec sa fortune. Il sera aidé par le patron d'une étude, Monsieur Derville, qui lui conseille une transaction afin de retrouver ses biens. Le moment sur lequel se focalise l'extrait étudié montre la rencontre entre le jeune avoué, Monsieur Derville et le Colonel Chabert qu'on croit mort. En effet, l'extrait donne à voir le portrait du personnage éponyme et se situe donc au tout début du roman. Notons que le roman commence alors avec une syllepse qui sera exploitée dans la suite du récit par le biais d'une prolepse : en effet, alors qu'il était proclamé mort, le colonel Chabert apparait ici face au personnage de Derville comme un personnage à la fois surprenant et effrayant ; ce n'est que plus tard que l'on comprendra ce qui l'amène à l'étude et qu'il relatera son histoire. En s'appuyant sur les caractéristiques de ce portrait et les effets qui en émanent après lecture, en quoi peut-on dire que la description réaliste et minutieuse de ce personnage romanesque glisse-t-il vers une dimension picturale ? A la source d'une fascination progressive qu'exercera le personnage dans cet extrait, sera donc mis en évidence l'idée de description réaliste et frappante qui se construit comme un tableau digne d'un Rembrandt. Notons néanmoins que ce glissement du réalisme au pictural n'aide pas à dresser un portait complet du personnage, puisqu'est en pleine dislocation et en perte de son identité humaine. I - Une description réaliste fascinante. Le roman débute par une présentation minutieuse du colonel Chabert. Cette description est placée sous le signe de la particularité, de la « singularité ». C'est en procédant par l'utilisation du point de vue interne que Balzac rend réaliste le portrait du colonel. En effet, le lecteur suit le regard du maître Derville qui rencontre pour la première fois le colonel. Tout comme le « jeune avoué », à savoir Maître Derville, nous rencontrons le « vieux soldat » pour la première fois dans le texte. Ainsi, la stupéfaction qu'il évoque suite à la rencontre avec le personnage éponyme est donc simultanée à la nôtre lorsque nous lisons ce portrait car nous le découvrons à notre tour. A/ Apparition surprenante du colonel. Dès le début de l'extrait les termes « stupéfait » (ligne 1); « singulier client » (ligne 2) ; « spectacle surnaturel » (ligne 5) plongent les lecteurs dans une ambiance fascinante et en proie au mysticisme. En effet, le vocabulaire de l'étonnement laisse sous-entendre une étrangeté comme le souligne l'oxymore « clair-obscur » (ligne 1). Maître Derville « demeure » stupéfait devant le personnage qui apparaît. Il est saisit dans cette description, reste immobile de stupéfaction face à ce que lui inspire ce personnage. Le personnage apparait donc dans une atmosphère étonnante, stupéfiante et est désigné par la périphrase « singulier client ». A la ligne 5, Balzac parle de « spectacle surnaturel » ; ce qui est en lien avec « sujet d'étonnement » à la ligne 4 et 5 : la stupéfaction et le surnaturel émergent du caractère mystérieux du personnage sont en lien étroit. Le portrait physique est donc une excuse pour dresser un spectacle sous nos yeux : dans une nuit claire (rappelons ici l'oxymore) apparait un être dont la description lui confère « quelque chose de mystérieux » (lignes 6/7). Cette apparition soudaine et progressive de l'être se retrouve plusieurs fois répété (champ lexical de l'étrangeté) et interpelle les lecteurs. Le portrait du colonel ainsi établit a un fort impact sur le lecteur qui tente à son tour de visualiser cet homme : « L'ombre cachait si bien le corps à partir de la ligne brune que décrivait ce haillon, qu'un homme d'imagination aurait pu prendre cette vieille tête pour quelque silhouette due au hasard [...] » (nous soulignons) B/ Termes péjoratifs : champ lexicaux et comparaisons Cet extrait est parsemé d'adjectifs qualificatifs péjoratifs en lien avec le portrait du colonel. Il est physiquement décrit comme un ...
balzac

« Le roman débute par une présentation minutieuse du colonel Chabert.

Cette description est placée sous le signe de la particularité, de la « singularité ».

C’est en procédant par l’utilisation du point de vue interne que Balzac rend réaliste le portrait du colonel.

En effet, le lecteur suit le regard du maître Derville qui rencontre pour la première fois le colonel.

Tout comme le « jeune avoué », à savoir Maître Derville, nous rencontrons le « vieux soldat » pour la première fois dans le texte.

Ainsi, la stupéfaction qu’il évoque suite à la rencontre avec le personnage éponyme est donc simultanée à la nôtre lorsque nous lisons ce portrait car nous le découvrons à notre tour.

A/ Apparition surprenante du colonel.

Dès le début de l’extrait les termes « stupéfait » (ligne 1); « singulier client » (ligne 2) ; « spectacle surnaturel » (ligne 5) plongent les lecteurs dans une ambiance fascinante et en proie au mysticisme.

En effet, le vocabulaire de l’étonnement laisse sous-entendre une étrangeté comme le souligne l’oxymore « clair-obscur » (ligne 1).

Maître Derville « demeure » stupéfait devant le personnage qui apparaît.

Il est saisit dans cette description, reste immobile de stupéfaction face à ce que lui inspire ce personnage.

Le personnage apparait donc dans une atmosphère étonnante, stupéfiante et est désigné par la périphrase « singulier client ».

A la ligne 5, Balzac parle de « spectacle surnaturel » ; ce qui est en lien avec « sujet d’étonnement » à la ligne 4 et 5 : la stupéfaction et le surnaturel émergent du caractère mystérieux du personnage sont en lien étroit.

Le portrait physique est donc une excuse pour dresser un spectacle sous nos yeux : dans une nuit claire (rappelons ici l’oxymore) apparait un être dont la description lui confère « quelque chose de mystérieux » (lignes 6/7).

Cette apparition soudaine et progressive de l’être se retrouve plusieurs fois répété (champ lexical de l’étrangeté) et interpelle les lecteurs.

Le portrait du colonel ainsi établit a un fort impact sur le lecteur qui tente à son tour de visualiser cet homme : « L’ombre cachait si bien le corps à partir de la ligne brune que décrivait ce haillon, qu’un homme d’imagination aurait pu prendre cette vieille tête pour quelque silhouette due au hasard […] » (nous soulignons) B/ Termes péjoratifs : champ lexicaux et comparaisons Cet extrait est parsemé d’adjectifs qualificatifs péjoratifs en lien avec le portrait du colonel.

Il est physiquement décrit comme un homme épuisé par le temps comme le témoigne le champ lexical de la vieillesse omniprésente : « vieux soldat » (ligne 5) « sec et maigre » (ligne 5) ; « vieille tête » (ligne 11) ; « rides blanches » (ligne 14) ; « sinuosités froides » (ligne 14).

« Vieux soldat » et « vieille tête » sont d’ailleurs deux périphrases qui mettent en valeur l’idée de temps qui passe et de décrépitude et s’oppose ainsi au « jeune avoué » (ligne 1) qui l’observe.

Le personnage décrit n’a cependant pas qu’une seule facette : en plus d’être vieux, il dégage une impression cadavérique.

Le lecteur en lisant cette description aura le sentiment au fur et à mesure de sa lecture d’être confronté à une allégorie plutôt qu’à une personne.

L’extrait montre une progression : « Le visage pâle, livide [ …] semblait mort ».

(lignes 7 et 8).

L’impression sera confirmé par la suite avec l’expression : « physionomie cadavéreuse » (ligne 15).

La métaphore filée du cadavre donne du sens à la comparaison de la seconde ligne : « Le colonel Chabert était aussi parfaitement immobile que peut l’être une figure en cire de ce cabinet de Curtius […] »L’imparfait de description pose le personnage comme une « figure de cire » avec l’élément de comparaison « aussi … que » induisant un degré d’intensité.

L’intensif sert de valorisation au terme de « parfaitement immobile ».

Le colonel Chabert, personnage étonnant et stupéfiant l’est d’autant plus qu’il est comme immobile, à l’image d’une « statue de cire ».

Caractère mystérieux qui est confirmé encore avec un champ lexical du mystère lié à l’apparition surprenante de notre protagoniste.

Ainsi, la comparaison du personnage à quelque chose de figé et de fixe participe à alimenter cet étonnement que peut produire son portrait ainsi décrit ainsi qu’à entretenir le mystère qu’il incarne.

Le portrait se précise au fur et à mesure que nous entrons dans la description mais n’enlève rien au cachet mystérieux du colonel.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles