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Sujet: Vigny, et bien d'autres après lui, ont accusé la technique d'enlever au monde sa beauté. Montrez que vous comprenez cette position et expliquez la vôtre.

Publié le 24/06/2015

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vigny

Des ingénieurs surgissent. Ils tracent avec leur équerre et leur règle un trait, un beau trait bien droit, qui coupe la plaine en deux dans sa longueur. Un an plus tard c'est fait : une imposante rangée de hauts pylônes métalliques barre l'horizon. Leur forme rappelle vaguement des « Shadoks « géants — vous savez bien, ces person­nages anguleux, mi-martiens, mi-crabes, du meilleur feuilleton qu'ait jamais diffusé la télévision. Les câbles coupent la plaine. L'équilibre est rompu. Le paysage est pratiquement détruit. Aux protestations des habitants, on a opposé tour à tour les exigences du progrès, la dépense supplémentaire qu'aurait exigée la construction d'une ligne souterraine, des raisons techniques et puis, pour finir, la loi, tout simplement.

 

Après tout ce n'est pas si grave ! Quelques tours métalliques dans les champs, des lignes aériennes qui symbolisent la force, la puis­sance. Au fond cela ne nuit à personne, cela ne lèse personne, si cela choque le regard. Il y a bien pire. Pourquoi se plaindre, pourquoi faire tant d'histoires?

vigny

« Que la flèche lancée à travers les espaces ...

Adieu, voyages lents, bmits lointains qu'on écoute, Le rire du passant, le retard de l'essieu, Les détours imprévus des pentes variées, Un ami rencontré, les heures oubliées, L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu.

Cette méfiance de Vigny envers la technique est partagée par les autres poètes de son temps.

Cette unanimité des poètes romantiques contre le progrès des techniques s'ex­ plique peut-être, en partie, par le fait qu'ils font en général partie d'une bourgeoisie terrienne menacée par la révolution industrielle.

Il n'était pas nécessaire de connaître ces faits pour bien traiter le problème.

On pouvait faire un bon devoir sans allusions à l'œuvre de Vigny.

• Les écrivains et la beauté du monde moderne A la limite ce sujet pouvait se traiter sans références litté­ raires; mais ces références sont souvent appréciées.

Elles sont pratiquement exigées pour les Bacs F et G.

On trouvera ci-dessous quelques exemples d'écrivains qui, à l'inverse de Vigny, ont pensé que beauté et technique n'étaient pas obligatoirement des termes antagonistes.

Baudelaire sera un des premiers à chanter la beauté du monde moderne et à insister sur la poésie des villes.

Il prend par là le contre-pied des romantiques.

Émile Verhae­ ren, autre poète du xrxe siècle, chantera avec horreur mais aussi avec enthousiasme les Villes tentaculaires et le progrès de l'homme.

Plus près de nous, on pourrait citer Whitman, poète américain qui chante les rues de Manhattan; Apolli­ naire et Cendrars qui écrivent des poèmes sur la tour Eiffel; un autre Américain encore, Carl Sandburg, poète épique de la civilisation industrielle.

Les chemins de fer si décriés par Vigny ont même trouvé leurs poètes.

Blaise Cendrars par exemple écrit le Transsibérien et Valéry Larbaud fait l'éloge du train dans Les poésies d'A.

O.

Barnabooth : Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce, Ton glissement nocturne à travers l'Europe illuminée, 0 train de luxe! et l'angoissante musique qui bruit le - 103-. »

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