Sully-Prudhomme _ L'ÉTRANGER
Publié le 18/02/2011
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Je me dis bien souvent : « De quelle race es-tu? Ton cœur ne trouve rien qui l'enchaîne ou ravisse; Ta pensée et tes sens rien qui les assouvisse; Il semble qu'un bonheur infini te soit dû. Pourtant quel paradis as-tu jamais perdu? A quelle auguste cause as-tu rendu service? Pour ne voir ici-bas que laideur et que vice, Quelle est ta beauté propre et ta propre vertu? « A ces vagues regrets d'un ciel que j'imagine, A ces dégoûts divins, il faut une origine; Vainement je la cherche en mon cœur de limon. Et, moi-même étonné des douleurs que j'exprime, J'écoute en moi pleurer un Étranger sublime, Qui ne m'a jamais dit sa patrie et son nom.
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