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Synthèse littéraire - En attendant Godot de Samuel Beckett

Publié le 14/09/2018

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godot

La pièce est en deux actes qui sont deux jours consécutifs. La composition globale de ces deux actes est identique, en trois parties : dans la première, Vladimir et Estragon se retrouvent le soir près d'un arbre, qui est le lieu du rendez-vous fixé avec Godot. L'arrivée de Pozzo et de Lucky ouvre la deuxième partie, celle du messager la troisième. Le cycle d'un temps répétitif se referme au terme de chacun des deux jours, lorsque les deux compères annoncent qu'ils reviendront le lendemain attendre Godot qui n'est pas venu. L'impression de ressassement et de stagnation qui résulte de la reproduction, jour après jour, d’un immuable scénario reconduit chaque jour au lendemain, est accrue par le retour, dans cette macrostructure, de scènes identiques : l'oubli des activités de la veille, la scène de la carotte et du navet, les velléités de suicide, les douleurs aux pieds d'Estragon, ses cauchemars, etc. À l'intérieur de chaque acte, les leitmotive ( «On attend Godot», «Je m'en vais» . ..) démarquent le plus souvent les unités du dialogue : ainsi, les cycles des jours identiques sont fait du cycle des heures qui, comme les jours, font revenir les mêmes mots, les mêmes scènes et les mêmes angoisses. D'un acte à l'autre, on ne discerne qu'une évolution : les protagonistes et leur univers se détériorent: il n'y a plus de carottes au deuxième acte, Estragon a rétréci, ses chaussures ne sont plus trop petites, Pozzo et Lucky reviennent, l'un aveugle, l'autre muet.

 

Cette reproduction, d'un acte à l'autre, d'une identité asymétrique (similitude et différence) exprime la conception de Beckett sur le temps : l'immobilité, l'impossibilité d'un progrès dans le temps, et la chute vers la mort; c'est la figure d'une spirale. Le temps passe et il ne se passe rien.

  1. REJET DU LANGAGE RATIONNEL
  2. DÉPOUILLEMENT ET UNIVERSALITÉ
  3. LE MORCELLEMENT ET L’ABSURDE D'UNE PIÈCE SANS INTRIGUE
  4. STRUCTURE
  5. LES PERSONNAGES

Estragon et Vladimir sont deux personnages relativement peu différenciés. Ce sont tous deux des clochards, ils ont passé la plus grande partie de leur vie ensemble. Ils sont inséparables, leurs relations sont conflictuelles, ils se disputent sans cesse, menacent de se quitter, mais ne peuvent se passer l'un de l'autre. On a avancé qu'ils incarneraient le dédoublement d'une conscience qui ne cesse de dialoguer en elle-même. Il semble qu'ils soient surtout un prétexte au dialogue : pour qu'il y ait texte dramatique, il faut au moins deux personnages qui occupent des positions divergentes ; Estragon appartient plus au monde de la matière, son corps est plus présent : sommeil, nourriture, souffrances physiques le caractérisent. Vladimir est plus intellectuel, ses angoisses sont d'ordre métaphysique. Tous deux ont une mémoire très défaillante, Estragon en particulier.

godot

« parlant à une dimension irrationnelle de l'esprit, à un degré ou la pensée conceptuelle n'intervient pas, ces dramaturges réhabilitent l'uni vers phy­ sique de la scène.

"La physique du geste réduit les conceptions de l'e sprit à passer, pour être perçues, par les dédales et l'entrelac fibreux de la matière » (Arta ud, Le Théâ tre et son double ).

Ces dramaturges font confiance à l'expression viscérale de l'image concrète.

On conçoit ici quel appauvrissement fait subir à leurs œuvres une étude "littéraire ,.

DÉPOUILLEMENT ET UNIVERSALITÉ À l'opposé d'un théâtre social qui incarne ses personnages, Estragon et Vladimir sont des évadés de la société.

Sans famille, sans travai l, sans patrie, ils errent aux confins de l'humanité, au bord de l'absence.

Le décor de la vie s'est levé sur leurs existences mises à nu, à l'é cart des activités et des divertissements d'une vie en société.

Le clochard est la figure d'une expérience privilégiée.

Il ne lui reste que l'essentiel : il existe, hors de toute contingence.

Selon l'expression de Robbe-Grillet, dans Pour un nouveau roman, p.

103: «il (le personnage beckettien) montre en quoi consiste le fait d'être là.

Dans la pièce de Beckett, tout se passe comme si les vagabonds se trouvaient sur scène sans avoir de rôle••.

Cette pièce nous montre l'existence réduite à l'e ssentiel , à elle-même.

Le mouvement de réduction de l'infinie diversité des apparences exté­ rieures au plus petit dénominateur commun humain correspond, pour le lecteur, à un mouvement inverse: le rejet par le texte de l'incarnation offre à chacun la possibilité de s'incarner dans le texte.

La réduction des particularismes est une expansion à l'universel, elle répond à la concep­ tion de Ionesco sur le drame pur : " ...

une action prototype, une action modèle de caractère universel dans laquelle se reconnaissent et viennent se fondre les histoires, les actions, particulièr es ...

dépouiller l'action théâtrale de tout de qu'elle a de particulier , son intrigue, les traits acci­ dentels de ses personnages, leurs noms, leur appartenance sociale, leur cadre historique ...

, (Notes et Contr e-notes, p.

195).. »

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