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Synthèse littéraire: PHÈDRE OU LA TRAGÉDIE CLASSIQUE

Publié le 13/09/2018

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ou courtes, sont révélatrices : plus les scènes sont nombreuses et courtes, plus l’action est vive - la tragédie est dans ce cas celle de l’action héroïque ; moins elles le sont, plus les scènes longues dominent, plus la pièce est statique, lyrique - la tragédie est celle de la déploration passive ou du chant de douleur. À l’intérieur d'une même pièce le dramaturge peut accélérer ou ralentir l'action grâce au découpage et à la diversité des scènes.

 

La structure interne du genre conçoit l'action ou l'intrigue comme une constante progression dramatique. De l'exposition au dénouement en passant par le nœud, c’est-à-dire le conflit qui se noue et s'exaspère entre les personnages, la tragédie doit tout consommer et consumer d’implacable façon, sans temps morts. Aussi les scènes sont-elles liées, les entractes occupés par une action en coulisse, la fin de chaque acte particulièrement soignée pour maintenir intact l’intérêt du spectateur. Ce dernier est tenu en haleine par de savantes expositions, des obstacles de toutes sortes, intérieurs ou extérieurs, vrais (dilemmes) ou faux (quiproquos), des péripéties, des dénouements rapides et définitifs.

 

Le huis clos tragique

 

Le même dynamisme cruel se retrouve dans la dramaturgie racinienne, qui soumet les personnages à la pression d'une action qu’obstacles, dilemmes et péripéties transforment en machine infernale, destinée à broyer les êtres et les cœurs. L'utilisation que fait par exemple le dramaturge du dilemme, dans Phèdre, est significative : les personnages s'engagent partiellement dans la voie interdite, et ce pour leur malheur. Non moins révélateur l'usage de la péripétie - la fausse mort de Thésée, le retour du roi - qui précipite le cours funeste des choses. Mais c’est surtout du strict usage des trois unités que Racine tire les effets les plus sûrs et les plus pervers. Enfermés dans leur villégiature tragique, Trézène, pressés par le temps restreint qui leur est imparti, ces quelque vingt-quatre heures nécessaires à l’accomplissement des destins, condamnés à agir, passions et désirs inextricablement mêlés, les personnages sont acculés... à la tragédie ! Des contraintes esthétiques se révèlent instruments de torture.

 

La cérémonie tragique

 

Cette même stylisation, voire un certain hiératisme, commande l’architecture particulière de la pièce, conçue comme un << monde de miroirs >> (Jacques Scherer). Il y a en effet dans

HÈDRE OU LA TRAGÉDIE CLASSIQUE

 

La dramaturgie classique

 

Lorsque Racine se met à composer des tragédies aux alentours de 1660, il hérite d'une tradition et d'un genre qu'auteurs et théoriciens ont soigneusement élaborés pendant la première moitié du siècle. Il coule alors, avec bonheur, son inspiration dans une forme codifiée, éprouvée, dont la structure externe est la suivante. Une tragédie classique est faite de cinq actes et de mille cinq cents à deux mille vers, ce qui lui donne une longueur et une durée raisonnables et supportables. Chaque acte occupe environ une demi-heure de la représentation. Ils sont séparés par des entractes, nécessaires pour que les spectateurs se détendent et que les bougies éclairant la scène soient remplacées. Les actes sont divisés en scènes. Rien dans cette architecture n'est laissé à l'arbitraire ou à la fantaisie. Le souci classique d’équilibre et d'harmonie tend à égaliser la longueur des actes, et chacun de ceux-ci, dans un même souci de clarté et de cohérence, doit se présenter non comme une division gratuite mais comme une unité, un tout organique (auquel on pourrait donner un titre, ainsi que les romantiques le feront plus tard pour chaque acte de leurs drames). Le découpage des scènes correspond à l'entrée ou à la sortie d'un personnage, deux actions qui doivent avoir un retentissement sur l’évolution de l’action. Chaque scène aussi a son individualité, sa raison d'être.

 

Dans un acte bien construit, des scènes secondaires ou de transition convergent vers les grandes scènes, les sommets pathétiques ou dramatiques (un ou deux, pas plus, par acte). Le nombre de scènes est variable (de trois au moins à sept ou huit). Les variations le nombre et la répartition des scènes, longues

« ou courtes , sont révélatrices : plus les scènes sont nombreuses et court es, plus l'action est vive -la tragédie est dans ce cas celle de l'action héroïq ue; moins elles le sont, plus les scènes longues dominent, plus la pièce est sta tique, lyrique -la tragé­ die est celle de la déploration passive ou du chant de douleur.

À l'intérieur d'une même pièce le dramaturge peut accélérer ou ralentir l'action grâce au découpage et à la diversité des scènes.

La structure interne du genre conçoit l'action ou l'intrigue comme une constante progression dramatiqu e.

De l'expo­ sition au dénouement en passant par le nœud, c'est-à-dire le conflit qui se noue et s'exaspère entre les personnages, la tra­ gédie doit tout consommer et consumer d'implacable façon, sans temps morts.

Aussi les scènes sont-elles liées, les entractes occupés par une action en coulisse, la fin de chaque acte par­ ticulièrement soignée pour maintenir intact l'intérêt du spec­ ta teur.

Ce dernier est tenu en haleine par de savantes exposi­ tions, des obstacles de toutes sortes, intérieurs ou extérieurs , vrais (dilemmes) ou faux (quiproquos) , des péripéties, des dénouemen ts rapides et définitifs.

Le huis clos tragique Le même dynamisme cruel se retrouve dans la dramaturgie racinienne, qui soumet les personnages à la pression d'une action qu'obstacles, dilemmes et péripéties transforment en machine infernale, destinée à broyer les êtres et les cœurs.

L' utilisation que fait par exemple le dramaturge du dilemme, dans Phèdre , est significa tive: les personnages s'engagent partiellement dans la voie interdi te, et ce pour leur malheur.

Non moins révélateur l'usage de la péripétie -la fa usse mort de Thésée, le retour du roi - qui précipite le cours funeste des choses.

Mais c'est surtout du strict usage des trois unités que Racine tire les effets les plus sûrs et les plus pervers.

Enfer­ més dans leur villégiature tragique, Trézène, pressés par le temps restreint qui leur est impar ti, ces quelque vingt-quatre heures nécessaires à l'accomplissement des destins, condam­ nés à agir, passions et désirs inextricablement mêlés, les per­ sonnages sont acculés ...

à la tragédie ! Des contraintes esthé­ tiques se révè lent instruments de tort ure.

La cérémonie tragique Cette même stylisation, voire un certain hiératisme, com­ mande l'architecture particulière de la pièce, conçue comme un > (Jacques Scherer) .

Il y a en effet dans. »

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