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Synthèse littéraire sur Le Chevalier à la charrette

Publié le 04/08/2014

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1 - Une oeuvre-charnière

Le Chevalier à la charrette constitue une étape importante aussi bien dans

l'oeuvre de Chrétien de Troyes que dans le développement du nouveau genre romanesque.

Non seulement !'écrivain a rassemblé dans le cadre préexistant de la légende

arthurienne un certain nombre de motifs folkloriques anciens intégrés de

manière à composer un tout harmonieux : il a aussi fait prendre corps aux données

éparses de l'idéologie courtoise, et ce faisant, a créé un nouveau mythe qui

va demeurer vivant et actif pendant des années, voire des siècles. À ce titre, il a

réalisé de façon exemplaire la « conjointure « - fusion d'une thématique et d'un

propos théorique à l'intérieur d'une structure poétique - qui est son propos avoué.

« De ce point de vue en effet, Chrétien de Troyes est aussi l'inventeur, ou le pre­ mier illustrateur, de ce que l'on appelle l'intertextualité médiévale: ses romans en général, et La Charrette en particulier, ne sont pas des œuvres isolées, closes sur elles-mêmes : elles s'inscrivent dans une continuité romanesque, elles font par­ tie d'un ensemble, dont les personnages et souvent les situations se retrouvent de volet en volet pour constituer à la fin un tableau complet d'un monde et d'une société idéale.

4 - L'art du roman Avec cette histoire, qui unit de façon exceptionnellement équilibrée les scènes de combat et lidéologie chevaleresque caractéristiques de la chanson de geste avec des séquences de nature plus réflexive ou poétique, fondées sur les analyses des sentiments et des émotions des personnages, Chrétien donne également au genre du roman ses lettres de noblesse et dégage sa spécificité : non plus une épopée guerrière destinée avant tout à un public masculin, mais une construction plus délicate et complexe adaptée au nouveau public dit« courtois», parmi lesquels figurent de manière prééminente les femmes de l'aristocratie.

La vieille opposi­ tion, relativement simpliste, entre païens et chrétiens, unis par les liens de la hiérar­ chie féodale, est remplacée par la description de relations complexes entre hommes et femmes, mais aussi entre chevaliers.

5 -Des personnages complexes Une échelle des valeurs nuancée, et même non dépourvue d'ambiguïté, se met en place, au lieu des catégories rigides d'une idéologie fondée sur la notion de croisade.

Non seulement les qualités courtoises par excellence qui font de Lancelot le modèle du« fin'amant »s'opposent aux vertus traditionnellement exaltées par la religion (la prouesse du héros vient de son amour adultère pour la reine), mais le roman brosse un portrait nuancé de certains personnages, renonçant au « mani­ chéisme*» primaire qui fait la base, et d'une certaine façon le charme de la littérature antérieure : si Méléagant apparaît comme une véritable incarnation de Lucifer, il n'en est pas moins un excellent chevalier.

Inversement, la valeur de Lancelot, le sauveur et le« meilleur chevalier du monde», est parfois entachée de ridicule lorsque son amour provoque chez lui des réactions exagérées indignes d'un chevalier.

Mais la figure la plus complexe est peut-être celle du roi Baude­ magu, qui appartient par nature au maléfique royaume de Gorre, mais qui se com­ porte comme un noble seigneur courtois, déchiré entre son amour pour son fils et sa volonté de protéger la reine, ou de traiter Lancelot avec générosité.

6 -Tradition et innovation Le cas de Baudemagu est significatif de cette évolution et du travail exécuté par Chrétien sur sa matière ; nul doute que le personnage ne présente des traits hérités de la tradition mythique dont il est issu comme son royaume et son fils : la figure d'un roi, ou juge des morts, doté des plus hautes qualités morales, remonte à Minos dans le domaine de !'Antiquité grecque et a ses équivalents dans l'univers celtique.

Mais ces caractéristiques légendaires sont interprétées et développées en termes psychologiques, de manière à faire du père de Méléagant une personnalité complexe et attachante, partagée entre son amour paternel et son respect pour les valeurs courtoises, entre son opposition « fonctionnelle » à l'égard du roi Arthur et son admiration pour celui-ci à travers son champion Lancelot.

Un conflit de nature entre deux principes opposés (vie/mort, Bien/Mal) est transposé dans La Charrette en termes psychologiques.. »

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