TAILHADE (Laurent)
Publié le 18/05/2019
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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)TAILHADE Laur ent Bernard Pau l-Marie (1854-
1919) .
P oète puis pamphlétai re , anarchiste puis catholi que, Laurent Tailh ade a suivi un itinéraire surprenant.
Né à Tarbes, d'un père magistrat austère et d'une mère dévote, il fait ses études au lycée de Pau, puis part pour Toulouse.
Couronné par l'académie des jeux Floraux, cet étudiant en droit va s'intéresser surtout à la li ttéra ture.
Après un premier et bref intermède conjugal, il monte à Paris, et son argent file rapidement entre les mains des
cafetiers, des croupiers et de ses nouveaux amis.
Tailhad e, qui fait paraître en 1880 son Jardin des rêves préfacé par Banville, rencontre à cet te époque Moréas,
avec qui il ne tardera pas à se brouiller, Verlaine, Barrès,
J ean Lorrain puis Rachilde.
Grâce à Henr y Bauër , il entre
a lors à l'Écho de Paris, auquel ses chroniques acides,
parues sous le pseudonyme de TYBA LT, valent notammen t
un procès avec les curés des Hau tes-Pyrénées .
N'ün porte : Tailhade ne se laisse pas démonter et travaille
beaucoup .
On voit sa signature dans le Décadent, dans la Pléiade, et dans le Mercu re de France, ainsi que sur la co u verture de ses nouvea ux recueils : Un dizain de
sonnets (1882) et Vitraux (1891).
Ce n'est po urtant qu'a
vec les poèmes satiriques d 'Au pays du mufle (189 1),
salués par Malla rm é, qu'il devient célèbre.
Le tempéra ment batailleur qu'on y découvre (et dont il fera bientô t
preuve au momen t d'une conférence mouvementée sur Ibsen) le pousse à prendr e des attitudes politiques extrê
mes, à professer avec virule n ce l'a nticlé ricalisme et l'anarchisme, y compris après un atte ntat en 1894, où
il perd un œil.
Naturellement, au moment de l'affa ire
Dreyfus, cet admirateur de Jaurès et de Zola s'attaque à ceux qu'il pourfend depuis toujours, et publie à cette
occasion
A travers les groins, 1899 (qu'on retrouve dans
ses Poème s aristophanesques, 1904), puis Imbéciles et gredins,
1900.
Sur sa l
a ncée, Tailhade ira d'ailleu rs plu s
loin puisqu'un de ses art ic les , paru dans le Libertaire du
15 septembre 1901, au moment de la visite du tsar Nico
las II, lui vaut d 'être condamné pour provocation au
meurtre.
Après un séjour en prison, Tailhade se retrou ve
bientôt sans argent et, surtout, malade de cette toxico
manie dont la Noire Idole (1907) porte témoignage .
TI change alors complèteme nt d'o pi nions et, dans des arti cles que publie le Gaulois d'Arthur Meyer, r en ie l 'anar chie.
Mais cette palinodie, pas plus que ses articles de
critique, s es souvenirs ou la réédition de ses poèmes, ne
change rien au sort de Tailhade, qui meurt pauvre et un
peu oublié à Combs-la- Vi lle .
Malgré sa conversion, Tai lhad e reste surtout connu pour les Uvres de son époque anarchis te et polémique .
Et l'on doit reconnaître qu'i l montre là un véritable
talent : en effet, il n'est pas toujours facile d'être méchan t, de l'être surtout avec art; en cela, certains poè mes de Tailhade peuvent faire penser à Juvénal, sur tou t lors q u'il attaque la « décad e nce» de son temps, et, ave c
brio, vilipende les vieille s actrices, les bourgeo is stupi
des en goguette et les moines malodorants.
A Juvénal
certes (et à Pétrone, dont il tradui t le Satiricon), mais
aussi à Huy smans pour la complaisance de certaines des
criptio ns, pour cette fascina tion du laid comme matière
de l'œuvre d'art : la S e ine charriant d es chiens crevés,
les vieilles, « la mouche des cacas sur le lilas » et, «comm e un porc que l'on châtre, le calicot folâtre».
Tailhade montre en effet une jouissance particulière à tro uve r 1' épithète ou l'image percutantes : il traite
Moréas de « graeculus » et compose une « ballade
touchant l'ignominie de la classe moyenne».
Il y a sou
vent chez lui une férocité qu' on peu t mett re en rapport
avec son goüt pour la corrida; mais, en bon aficionado, Tailhade exécute sa mise à mort dans les règles de l'ar t, c'est-à-dire a vec esprit et générosité .
Car son agressivité
épargne toujours d es figures comme Rabelais, Diderot,
Balzac ou Zola - Oscar Wild e auss i et, en général, les
insurgés , les sou ffrants et les bannis (que défend le Jésus anarchiste de Tailhade).
Mais cette révolte, cette déno n
ciation permanente, perd, par son excès même, un peu de son efficacité, tourne au procédé.
Tailhade, a-t-on dit, est un rhéteur, capable, et on 1' a vu, de retourner ses
injures contre ses amis d'hier.
Faut-il alors me ttre en
doute sa sincérité? Mieux vaut peut-être comprendre que cette révolte est dans la logique d'une attitude esthétique .
Puisque l'artiste n'existe que par oppositio n à la soc iété ,
puisque son langage même doit être exceptionnel, rien d'étonnant à ce qu 'il s'engage sur le terrain politique et à ce que le dandysme de la forme se fasse imprécatoi re : «Vous tombe rez au pourrissoir, comme un tas de fumier
qui sou.illait la pureté du ciel et dont l'orage seul des révoltés en marche peut laver la sournoise, la féroce, la
tén éb r euse puanteur» ..
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