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Temps et mythe

Publié le 18/09/2018

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temps

■ LE TEMPS MYTHIQUE

 

Le mythe se situe dans un passé lointain, à une date qu'on ne peut fixer de manière très rigoureuse. Giraudoux le place «au début des ères humaines1 ». Ce n'est donc pas une histoire qui se déroule sous nos yeux et dont l'issue est encore incertaine. C'est un récit bien connu dont on sait d'emblée que sa fin est inévitable.

 

À quelle époque sommes-nous 7

 

Il est difficile de situer dans le temps l'action de ces cinq pièces.

 

La guerre de Troie n'aura pas lieu précède immédiatement la guerre de Troie qui eut lieu au deuxième millénaire av. J.-C. Mais le temps du mythe n'est pas le temps de

temps

« l'His toire Et Gir aud oux se garde bien d'indiquer la moindr e date à ses lecteurs.

Le texte comprend même quelque s an achronismes, qui font d'Hector et d'U lysse nos contem­ por ains.

Le texte de Giraudoux contient, par exemp le, une allusion aux appar eils de photogra phie (GT.

Il, 3, p.

1 09) ! Le monde moderne surgit brutalement au cœur de l'An tiqui té.

La guer re de Troie n'aura pas lieu se conclut par l'an ­ nonce de la guerre entre Grecs et Troy ens.

Si l'on s'en tient à la chr onologie du mythe, les événements retracés dans Électre et Les Mouches se produisent quelques diz aine s d'an nées plus tard.

La guerre de Troie dur e dix an s.

Après leur victoire, les chefs grecs rentrent dans leur pays.

C'est à son retour à Argos qu'Agamemnon est tué par Clytemne stre et Égisthe.

L'action d'Électre commence sept années après ce crime («Voilà sept ans qu'elle l'a tué », É, Il, 9, p.

128): Celle des Mouches se déroule quinze ans après la mort d'Ag amemnon («Il y a quin ze ans, jour pour jour, qu' Agamemnon fut assas siné», LM.

1, 1, p.

116 ).

La légende d'Œdipe appartient à une période reculée de l'hi stoire de Thèbes, impossible à fixer dans le temps histo­ rique.

Dans La Machine infernale et dans Antigone, les ana­ chr onisme s abondent.

Cocteau évoque Thèbes et ses «b oîtes [de nuit] » (M l, 1, p.

37).

Il prête à Jocaste l'« accent in ternational des royalti es» (ibid.

, p.

47).

De son côté, Anouilh mentionne les voitures et les cigar ettes de Polynice (A.

p.

87).

Ce tte utilisation de l'an achronisme est subtile.

En mêlant à la légende antique des élém ents de notre uni­ vers, les auteurs n'implantent pas le mythe au xxe siècle.

Ils le rapprochent de nous sans effacer pour tant le carac­ tère antique de la légende.

Dans La Machine infernale, le Sphinx et le dieu Anubis sont présents sur scène.

Leur apparence et leur nom nous renvoient au monde antique.

Dans Antigone, les person nages parta gent la croya nce grecque selon laquelle «ceux qu'on n'enterre pas errent éter nellement sans jamais trouver de repos » (A.

p.

65 ).

En in corpor ant au mythe des élémen ts du xxe siècle, les auteurs ne l'arrachent pas à son contexte antique.

Ils nous montrent plutôt qu'il appartient à toutes les époques.

1.

Voi r supra, note 1, p.69.. »

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